au fil de l'eau

franzzzz

2019 / dis moi dix mots

Loin des mers où les Atlantes s'sont noyés,
Dans son lit la petite rivière somnolait.
D'où qu'on écoute aucun bruit n'se lève
à croire que même les gouttes de pluie se taisent.

Calme, dans cette drôle de "nuit solaire",
avec la quiétude qu'un puits seul sait,
le ruisselet se contentait aujourd'hui de ruisseler.
Il avait bien mérité son repos de guerrier.

Tout juste si la roue à aubes que le ru houspille tant
créait assez de remous dans son cours spitant...
Jour et nuit, ce cœur palpitant offrait grasses pitances
aux végétaux alentour et à leurs habitants.

Pour sur ça lui a pris toute sa vie d'architecte
d'éroder, de tirer, de pousser l'Archimède.
Comme le désert inventait l'oasis, l'océan l'archipel,
la source de campagne, elle, a inventé la vie belle.

Les guinguettes des tableaux, paysages d'aquarelles...
Elle laissait sa parcelle aux déjeuners sur l'herbe,
bouteilles de vin au frais plongeant dans le fluide,
accrochées par un fil aux odeurs de chlorophylle.

A l'époque tout le monde était "hydrophile"
et je n'ose pas vous dire comment elle mouillait le corps des filles !
Malheureusement sa berge s'est tu, c'est
comme si l'eau elle-même s'était usée.

Peu à peu l'eau tarie a changé le coin en hôte aride :
à présent l'ambiance y est rarement groove,
l'accordéon et les rires souvent gras
ont cédé la place à des coassements graves
qu'on croirait patauger dans de lasses mangroves.

Comme si l'eau semblait destinée à s'évaporer en volant,
vidée sans valeur, ou condamnée à se faire "vapoter" au volant,
Tout est parti à vau l'eau et l'on commence à croire en sa réincarnation
obligatoire en eau chlorée dans la piscine Kardashian.

L'avenir de l'eau serait-il l'aquabike ?
Sur vos bicyclettes, vos grosses fesses assises
ont elles remarqué qu'il semble que l'eau des steppes noircisse ?

Contre vents et marais, on construit des frais attiques,
on balance des nitrates dans les nappes phréatiques.
On crée des continents avec des merdes et des plastiques
on allume des feux, on éteint l'incendie.

Ah L'eau potable dans les siphons des chiottes…
on dirait que, malgré les pubs Herta,
aujourd'hui et depuis sa puberté,
Don Quichotte se bat contre des moulins à eau

Aqua quand je pense à toi
je me souviens de cette source
je me souviens du regrettable
de celle qui s'appelle Gretha…

Je me souviens des moulins, avant…
avant que nos muscles ne s'engourdissent,
avant que des icebergs ne s'engloutissent,
je me souviens des moulins avant !

Je me souviens de mes plouf plouf plouf, de Noé, avant l'ondée
je revois les égouts, les arrosages à volonté...
Se souvenir de sauver le monde et
Ces souvenirs de nos îles inondées...

Le jour venu se souvenir des isthmes et des non dits
des crises, des décisions prises, des "no deal"
se souvenir des abysses... Moi ? moi je me souviens…

avoir connu l'eau douce aux reflets irisés
remercié l'eau de source celle qui irriguait.
Maintes fois je me suis senti Piégé à marée basse
réalisant quand elle se retire que chaque Mare est cage.

J'ai compris qu'on a beau se tourner vers soi,
les turbines et les déversoirs fourbes
nous jouent leurs plus mauvais tours
rendant l'eau turbide et les relents de tourbe…

Alors quand mille savants exposent leur "knowledge"
Dans leur esprit la petite rivière, elle, somnolait.
Pour sur ça lui a pris toute sa vie d'architecte
d'éroder, de tirer, de pousser l'Archimède.

Comme le désert inventait l'oasis, l'océan l'archipel,
la source de campagne, elle, a inventé la vie belle.
Comment oublier qu'on est tous né d'une mare
comme un jour le lotus est né d'un nénuphar…

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