Au nom du souvenir.

disarmonia

Forêt de glace, ma douleur s'immisce aux creux des végétations enneigées. Je parcoure les maigres sentiers marchant silencieusement. La crainte absente, j'inspecte tous les recoins. J'en oublie mon passé. Je déferle ma douleur. Puis l'impression d'être observée m'envahit, serait-ce toi ?

Mes mots salissent ma feuille au gré de ma mort. Je ne suis qu'ombre de ma vie, que l'âme déchue qu'il m'a fallu retenir. Sentez la haine de la vie, sentez l'envie de vous cracher maux au visage. Je n'ai plus que joie de douleur lorsque ma peine s'exhibe. Mais qu'as-tu fait de moi ? Je suis devenue monstre de haine qui auparavant possédait grâce et lumière au visage. La vie m'affaiblie. Je ne peux me résoudre à m'enterrer vivante.

J'ai cru voir ton visage, là-bas, au loin. Un arbre, une pensée, une pensée pour toi. Je te revois m'attendre clope au bec devant la gare, hésitant. Je nous revois durant cette même journée entre deux rires nous offrir un léger baiser. Puis la pluie, comme celle de ce même jour tombait sur les feuilles des nombreux arbres me recouvrant. Tu te souviens ? On était trempé, trempé d'amour.

J'en suis certaine, tu es là, posté à quelques mètres de moi. Tu ne bouges pas, tu me regardes ;  j'en fais de même. Vie remplie de macabres souvenirs, tu me propages les nombreuses images que j'ai de nous. Le souvenir de nos jours heureux. Elles défilent à toute vitesse, en moi. Là, là et là. Et puis une encore, la dernière, la seule dont je retiens la tristesse. Notre dernier regard ; le mien rempli de larmes, le tien d'amour.

Tu t'approches, ma tête bascule. Je perds mon équilibre, ma vision se floute. Tu continues, ton pas s'accélère. Et tu poursuis, encore et encore, sans cesse. Plus tu t'approches, plus je me sens flotter, désarmée, épris de douleur et de tant de haine. Les larmes rajoutent à ça un côté fataliste. Viens le moment, tu es là, devant moi. Je me sens perdre mes moyens, mes bras ne répondent plus. Alors trop faible pour mes sentiments, je bascule contre terre. Pourquoi ne pas m'avoir rattrapé ? Parce que tu n'étais qu'en fait, une illusion.

Signaler ce texte