Aube ratée

Lambeaux dans le ciel, le coton pourfend le roi. Déchirure dans le néant, bleu sur blanc ? C'est tout là haut que je demeure. Dans la plaine de vent cyan balayées par les turbulences du haut monde. Ô, haut ! Comme je voudrais y être... Il suffirait ! D'un petit rien, du claquement  de doigts d'un dieu mineur gouverneur des cieux et souverain de l'Atlantide inversée. Il ne fait que surveiller les nuées, pourtant c'est mon dieu, celui que je chérie et qui m'appelle à lui. Lui qui adore les belles choses et en décore son domaine de détails argentés, aime d'amour la Lune Blanche. Elle, elle est celle superbe et terrible qui écoute sans répondre, celle que tu peux prier dans les nuits glacées par ton petit cœur brisé. Éclaté en morceaux, un tas de jolis fragments rouge luisant. Des écailles de rubis comme la mue d'un très ancien et très riche dragon. En tombant il a révélé le fond de la toile, un nuancier de plusieurs  gris qui se chamaillent pour qui sera le plus terne ou le plus sale. On dirait une aube ratée. En vérité, les aubes sont toujours ratées... Si tu les compare aux Crépuscules. Eux sont beaux et puissants, glorieux dans leur or et leurs teintes explosantes des vibrations du soir. Le soir ou Celui-qui-promet-le-rêve. 

Voilà toute la déception de l'aube : passer après la nuit, ce produit chamarré de nos esprits endormis. Comment l'oeil pourrait s'en émerveiller alors que quelques instants auparavant le ciel étalait sa sublime Voie Lactée ? L'écart est trop terrible. L'aube ne sera jamais resplendissante.