Autocritique.

Hervé Lénervé

Jemedemande, si à force de lire toutes mes histoires invraisemblables, vous n’allez pas avoir quelques doutes sur la crédibilité des faits et finir par me considérer comme un gros mytho. Jemedemande!

Ce serait dommage et totalement injustifié, car tout ce que j'ai écrit était vrai, enfin presque vrai, disons, qu'il y avait parfois un détail de vrai. Si un petit !

J'ai donc décidé, par honnêteté intellectuelle, de dévoiler les véritables faits réels irréfutables et véritablement vérifiablement vrais de certaines de mes aventures, pour ne plus souffrir de cette étiquette d'affabulateur notoire, alors que je ne suis, ni notable, ni notaire, seulement un témoin objectif de notre ère.  

Par exemple, quand je vous disais avoir été enlevé par des Extra-Terrestres qui ne m'avaient pas très bien traité, c'était FAUX !

Car ils avaient été charmants, polis et courtois avec moi. Contrairement à la tribu de gorilles qui m'avait séquestré pendant quinze jours et m'avaient manqué de respect. Cette bande de soudards avait nié ma personnalité et malmené mon intimité, de vrais sauvages, ces macaques en rut. La fin de cette histoire transgresse aussi,  légèrement la réalité pour des effets de progressions dramatiques romanesques. Ainsi quand je prétendais, qu'ils m'avaient relâché avec les honneurs après que je les aie tous humiliés en les battants tous, au bras de fer, c'était FAUX, aussi !

En vérité, je vous l'avoue, je les battis chacun leur tour à la queuleuleu. Puis, je partis comme un voleur, une nuit sans Lune et sans leur laisser un seul adieu, ni leur communiquer mon adresse ou mon numéro de phone. Je m'étais minablement enfui sans payer la nourriture ni la note d'hébergement. Pas très fair play, l'Hervé !

Une autre fois, relatant mes histoires amoureuses, j'écrivais être parti avec le top model de mon meilleur ami.

Là, c'était vrai, au détail près, que c'était lui qui m'avait piqué ma femme qui n'était même pas un top model, pourtant… le con !

Maintenant puisqu'on en est à la séquence sincérité absolue, absolutère, mais sans manière, j'avoue également être plus petit que les un mètre quatre-vingt-dix que j'annonce, étant enfant. En fait, j'étais un enfant de taille normale pour un enfant d'âge normal. C'est après que ma taille est devenue petitement ridicule en vieillissant, car je n'ai pas pris un seul gramme et si un mètre dix est correcte pour un enfant à l'âge de ses un mètre dix, elle est minimaliste pour un adulte, mâle de surcroît, car, on le sait, les hommes sont bien plus intelligents que les femmes, c'est prouvé scientifiquement dans « Pif le chien, magazine ».

Maintenant je m'aperçois, en feuilletant quelques-uns de mes textes que le travail d'honnêteté reste énorme et qu'il m'est impossible de tout rectifier. Donc je laisserai ce pensum aux historiens qui se pencheront à y tomber dedans, dans toute mon œuvre immense. Ils feront, je n'en doute pas, un excellent erratum et sauront magnifier sans exagération mon itinéraire. Ils sauront trier le bon grain de l'ivraie. Laissons à ces intellectuels la charge ou la tâche de démêler tout ce fatras de contre-vérités (c'est plus élégant que « de mensonges ». N'est-il-pas ?)

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