Autre monde

Mon premier vol en avion, je l'ai attendu, espéré, rêvé, imaginé dans les moindres détails le soir, dans mon lit. Je pouvais rester des heures les yeux vers le plafond à essayer de faire comme si je volais.

Mais jamais, même dans mes rêves les plus fous, je n'aurais pensé que c'était aussi beau et merveilleux.

Là-haut, près du soleil qui brille de mille feux, le ciel est bleu et pur. Nous sommes séparés de la terre par un tapis de nuages lisses et blancs ; on dirait du coton. D'un coup, j'ai l'envie d'ouvrir le hublot pour me jeter dedans. C'est magique.

Quelquefois se dresse une montagne. La vapeur d'eau la contourne élégamment. Et quand tout s'écarte, j'ai le souffle coupé : les vallées apparaissent avec les falaises qui ondulent pareil à un drapé, l'herbe qui coure sur la roche et les villages, pas plus gros que mon poing. Les champs sont minuscules, on dirait que ce sont des carrés de patchwork cousus entre eux.

Tout semble arrêté, le temps est suspendu, les voitures, ces petits points blancs, roulent au ralenti, la mer ne bouge presque pas et l'ombre des cumulo-nimbus se répercutent en bas.

C'est éblouissant, émouvant, je ne vois pas d'autres mots.

J'aime le ciel et le monde que je vois d'en haut.