Avant la fin

Arriver avant la fin, avant le grand vertige, terminer la chanson dans un chaos imparable, rester seule enfin pour vivre mieux, vivre soi. S'inviter chez l'amie près de la maison au banc de bois, passer une après-midi en toute quiétude en toute confiance, ma mère m'a fait ce cadeau-là avant de partir.

Lever le pied, s'attendre à un coup de fil, faire les choses pour rêver, imaginer, ensemble comprendre le sens des choses, des abîmes de l'âme, d'une nature sauvage et tremblante comme la mer, les océans gelés. Revivre encore dans une ville loin des capitales pleines de lumières et de décors surfaits, reconnaître sa vie dans le miroir du passé.

Illusions, longues plages solitaires, impers mouillés par la pluie d'octobre, se fier à son livre de chevet, la Bible ou bien Les Hauts de Hurlevent, donner, oser, avoir le souci de l'autre et de soi. Lourds rochers que le vent a lissés, saphirs bleus ciselés en forme de coeur, on n'a rien fait de ce que l'on voulait faire, on a tout laissé dans les armoires, les tiroirs.

Pas de secrets ni de mensonges, se promener dans le paradigme des mots remarquables, ceux qu'on garde pour les êtres de lumière et de légendes millénaires. Regarder tourner l'heure, l'envoyer ce message ou non, non. Attendre demain, un nouveau jour, les nouveaux films au cinéma, la liberté qui ne demande qu'à revenir.