Barcelona: Entre infortune et hospitalité.

cometewaf

Avaler des kilomètres de tarmac et des kilos de tapas, accueillies dans cette ville lumineuse qui ne dort pas.

L'avion arrive tard. Tard pour nous, belges. Barcelone, elle, entame sa soirée, il n'est que 21h30. Je m'inquiète de notre retard et préviens Claus, notre hôte. Il me réponde de suite, il n'est pas inquiet lui. Auparavant sur le net, il m'avait répondu qu'arriver après 22h n'était pas un souci. Il m'est aussi arrivé d'attendre des voyageurs jusqu'à minuit. Hospitalité.   

Nous arrivons sur la place d'Espagne, accueillies par les jets d'eau colorés de Montjuic. Le bâtiment massif se découpe comme une ombre dans le ciel et la musique rythme les fontaines. On a déjà la mâchoire qui se décroche. On descend la « Paral-Lel » à pied et on entre sans s'en rendre compte dans le quartier « chaud » par excellence : El Raval.  En face, une femme toute nue grandeur nature est figée sur un fond bleu, ça donne le ton.

On sonne. Notre hôte nous ouvre par l'interphone. Escalier de marbre,  cage d'ascenseur en fer forgé, magnifique. On est déjà rassuré. L'appartement est meublé sobrement mais joliment décoré. Il nous montre notre chambre privée. La cuisine, la salle de bain, le balcon, des serviettes, du café, du thé, le frigo, tout est partagé avec nous. Hospitalité.

On croise deux jeunes allemandes qui louent la chambre d'à côté. Deux jours plus tard, on déjeunera ensemble. On se racontera nos journées et nos nuits. Nuits courtes, parfois bruyantes.

 Barcelone se montre à la hauteur de nos espérances. On avale les kilomètres de tarmac comme on avale les tapas et les mojitos. Avec autant de délectation. On fait des pauses sieste-bouquin dans les parcs avant de reprendre la route. Vers 19h, on repasse chez Claus. On s'affale sur notre lit pendant deux heures avant de repartir. Il est toujours là, il étudie pour ses examens et profite de notre passage pour faire une pause.

On a économisé pendant deux mois. On a le droit de se faire plaisir. On repère qui une robe, qui un pull et des espadrilles. Un sacré budget. On réfléchit, on dort dessus. Et puis, le poids dans la valise. La compagnie aérienne n'a pas la réputation d'être clémente. Mais ôh miracle, on pourrait mettre nos petits achats dans la voiture d'un ami qui remonte vers la Belgique. Si ça ce n'est pas un signe. Alors, c'est parti, on se fait plaisir. La vendeuse nous offre le tout, dans un sac qui brille. Un bout de tissu qui vaut de l'or, un peu de corde qui pèse son prix, on a cassé notre tirelire.

Le voleur, lui, n'a même pas cassé la vitre pour s'emparer du sac qui brille. Nous voilà tristes à Barcelone. Même les tapas ne nous tentent plus. Il nous faut trois heures pour digérer notre infortune.

Le temps passe et on se réanime. On entre dans un bar. A côté de nous, des peintres de la Rambla nous tirent le portrait. On s'offre à boire, on rit. Le rhum et le cava font leur petit effet.  On passe dans un autre minuscule bar. La chanteuse a la voix triste. La danseuse, à la robe à volants et aux chaussures à talon nous transporte au rythme de la guitare dans une autre dimension.  Nous nous sentons remboursées de notre infortune par cette soirée à cœur ouvert.

Le lendemain, Claus est là pour nous saluer. On lui rend les clés à contrecœur, il faut repartir. Je lui souhaite bonne chance pour ses examens et l'invite en Belgique. Hospitalité.

Notre déception n'est plus qu'un vieux souvenir mais quand même. Elles étaient belles ces espadrilles. Elle était jolie cette robe. Et puis comme dans un film, devant notre porte d'embarquement, revoilà les mêmes articles. Si ça ce n'est pas un signe ? On ne sait pas ce qu'on mangera à la fin du mois, mais ce qui est sûre c'est qu'on sera jolies.

 

https://fr.airbnb.be/rooms/2714037

Signaler ce texte