BASHUNG, malaxeur de mots
djeh
Grosse claque, grosse larme, le 6 janvier 1998 sort l'album FANTAISIE MILITAIRE. Consécration totale et unanime, meilleur album, meilleur artiste aux Victoires de la Musique 1999. Alain Bashung pose ses fesses au Panthéon et propulse la pop française vers une dimension que les experts qualifieront d'imprévisible, d'ultra-poétique et de fortement addictive.
A commencer par la pochette du CD, illustrée par les sublimes photos de Laurent Seroussi où Alain Bashung est immergé dans un étang couvert de lentilles d'eau. Seuls ses mains et son visage sont visibles avec cet air de dire "j'suis bien où je suis, viens pas m'emmerder".
En effet Alain Bashung est complétement en phase avec cette mélancolie que dégage chaque titre. Son timbre de voix si unique qui déraille joliment se fond parfaitement dans la musique par ailleurs géniale et cavalière. Les élans orchestrales dans le titre phare "La nuit je mens", les guitares électriques nerveuses dans "mes prisons" ou encore le très minimaliste "angora" et son piano qui rend les yeux humides.
Les textes sont superbement écrits et fidèles à l'univers de Bashung. Les mots dans sa bouche prennent une valeur unique et sublime l'émotion. Pour ma part le titre "Samuel Hall", reprise d'un vieux standard country "Sam Hall" popularisé par Johnny Cash en 1965, est la chanson qui révèle le mieux l'artiste à travers ses doutes et ses angoisses. Mais contrairement à Samuel Hall qui nous envoie au diable et nous déteste tous, Alain Bashung confirme avec cet album devenu "œuvre d'exception" son amour intemporel pour les gens que nous sommes.