Bè oui, on est peu d'choses

Hervé Lénervé

- J'ai cassé pour cinquante euros de vaisselle ce matin, mais en trois fois. Je suis très maladroit.

- Moi, c'est pareil, je touche et à la fin, je casse. Autrement, je pense à autre chose, tu as été aux obsèques de ta femme ?

- Non, pas pu, j'étais occupé à séduire une poupée gonflable made in China.

- Et tu l'as séduite ?

- Heureusement, que j'avais acheté des rustines. De la camelote le made in China !

- Bon dans l'ensemble, cela a dû bien se passer.

- Si on veut, mais l'odeur de la colle à rustine, à odeur rapprochée, c'est entêtant à la longue.

- Non, je parlais des obsèques de ta femme. Car je n'ai pas pu y aller, non plus, à cause d'un dégât des eaux chez ma cousine à deux pas du cimetière. Donc, j'ai pu tout voir par la fenêtre, mais je n'avais pas le son.

- Alors, il y avait du monde ?

- Ta femme y était, c'est sûr. Mais autrement, à part elle et le personnel des pompes funèbres. Honnêtement, il n'y avait pas foule.

- Combien ?

- Peu.

- Mais encore ?

- Mais en moins. Personne.

- Mais personne, c'est déjà une personne, non ?.

- Si on veut.

- De toute façon, ce n'est pas faute de lui avoir répété sans cesse. « Avec ton caractère de cochon, tu verras qu'un jour, il n'y aura personne à tes funérailles. »

- Alors, si tu l'avais déjà prévenue. Elle n'a eu que ce qu'elle méritait.

- T'as raison. Bien fait !

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