Be sure to wear flowers in your hair
dianesophie
Day 1 (23 juin 2013) : Air Tahiti Nui Vol 7 à destination de Papeete
Aujourd'hui, le grand départ. Nous partons sur les traces de Julien Clerc. Dans 3 heures qui en valent 12, à nous, la Californie !
Dans l'avion, Maman, Anthony, Raphaël et le bébé dorment. J'ai l'impression d'être en Alaska, il fait jour depuis un temps infini. Les fleurs de tiare sont partout, du bleu turquoise piqué au visuel marketing des fachos de la manif pour tous. Les voyageurs se promènent en chaussettes fluo Tahiti Nui et on mange toutes les 2 heures des barquettes aux contenus mystérieux. Je prends mon 5eme café de la soirée, il est 13h 00.
A l'arrivée à Los Angeles, j'ai atteint le niveau 70 à Candy Crush et Emma a mérité la médaille du bébé le plus sympa en avion : elle a regardé Avatar 6 fois.
Une fois installés à Pasadena, Raphaël, Anthony, le bébé et moi partons pour une croisade surréaliste : essayer de trouver quelque chose de sain à manger pour maman qui est diabétique. Le Rite Aid fait 1000m2 divisés en 2 pôles : une partie pharmacie, une partie chips. Zéro fruit, pas de lait. Il est immense, le sol brille, on pourrait lécher par terre et Emma ne s'en prive pas. On est seuls avec les 30 employés.
Day 2 (24 juin 2013): Pasadena to Sin City
Mon estomac est Lost in Translation, j'engloutis 500 kcalories toutes les 2 heures. Bienvenue dans GMT-8h00.
Sur l'autoroute vers Las Vegas, le désert s'étend sur des dizaines de miles. Au milieu de nulle part, on s'arrête à une station service. C'est Bagdad Café. « A desert from Vegas to nowhere », j'entends presque la voix de Jevetta Steel et les paroles de I'm Calling you. J'adore ce dépaysement. Rien à voir avec un relais L'Arche Total sur l'A4. Ici, trois pompes sous un soleil de plomb, une petite maisonnette en bois qui abrite la "boutique" avec ses toilettes immondes où on peut acheter des kits Sexual Delight avec huile de massage pour 3 quarters, l'image télévisuelle de l'Amérique profonde existe en vrai.
Day 3, 4 (25,26 juin 2013): Las Vegas
Après 5 heures de route, Las Vegas et ses hôtels en carton pâte kitchissime nous accueillent. Tout est grand et en toc, des milliers de personnes qui naviguent dans une fluidité spatiale si étrange pour moi qui suis parisienne.
La climatisation doit tuer 3 ours polaires à la minute. Il y a facilement 20 degrés d'écart entre le désert chaud et venteux dehors et l'ambiance frigorifique des casinos. On passe son temps à s'habiller et se déshabiller, gilet, casquette, collants entre 2 casinos.
L'élément clé de la journée est que j'ai enfin réussi à manger un donuts. Il était imbibé de sucre, il était gras, c'était terriblement délicieux. Le bébé en fin gourmet m'en a piqué les trois quarts.
Au Venetian, on n'a pas peur du grandiose : des gondoles, le palais des doges en carton pâte, une version de la « Danse des canards » interprétée par un fake de Pavarotti émerge des hauts parleurs.
Tout le monde dans la rue essaye de parler à Emma car les bébés sont un concept très efficace de communication universelle. On lui apprend à dire "give me five" et "check" en faisant les gestes. Très vite, elle reconnaît qu'on s'adresse à elle avec le terme "baby", et rectifie, en français : "pas bébé, grande".
L'après-midi, Anthony veux voir l'exposition Bodies au Louxor qui est interdite partout ailleurs dans le monde. Ce sont des êtres humains écorchés et siliconés. Étrangement personne ne veut l'accompagner et ça me fait mal au coeur alors je me sacrifie. Trente dollars×2 plus tard, je suis en train d'observer un ex-prisonnier chinois pétrifié et épluché : avec une netteté émétique, on voit chaque muscle, chaque nerf, chaque tendon. Ça devrait me révulser mais mon cerveau a du mal à admettre que ce n'est pas un mannequin en plastique. Tony me fait un cours d'anatomie et c'est très intéressant, dégueulasse mais intéressant. Il y a aussi des tumeurs et autres cancers qui devraient inciter mon futur médecin de frère à arrêter de fumer. La mécanique du corps est étalée là dans son infinie complexité et efficacité. Je vais faire des cauchemars cette nuit.
Résultat de notre descente sur le Strip : personne ne s'est marié, on a perdu 15 dollars et pris chacun 3 kilos. Je suis sous perfusion de Diet Coke.
Day 5 (27 juin 2013) : Grand Canyon
J'écris dans la voiture et je crie de frayeur. Anthony dépassait un camion et s'est rabattu violemment afin d'éviter une rencontre non désirée avec la voiture de la voie d'en face. La conduite de la Dodge Caravan à vitesses automatiques est encore en rodage.
Sur le chemin du GC, on s'arrête dans un Wall Mart. A l'intérieur, c'est sans surprise : 3 rayons entiers de Doritos et de sauce salsa, des cerises à 10 dollars le kilo. Les caissières sont toutes nées avant le krach boursier de 1929. J'ai une pensée émue pour le système de retraite français. Sur le parking alors qu'on charge les bouteilles d'eau, un papy de la police bénévole s'arrête pour nous demander d'où on vient et nous conseille de ne pas oublier de mettre de la crème solaire. J'ai envie de lui faire un bisou.
L'après-midi, on arrive au Grand Canyon. C'est un beau trou avec des cailloux. Maman a tout le temps peur qu'Anthony s'approche trop du bord. J'aimerai me sentir plus bouleversée par tout ce Rien.
Vers 21h, nous arrivons au Quality Inn, le cliché parfait du motel américain. Une chambre spacieuse avec 2 lits Queen Size, micro-ondes, frigo, cafetière pour faire du café qui n'en a que le nom et vaguement la couleur.
Day 6 (28 juin 2013) : Mammoth Lakes
Il est 7h du matin, il fait 30 degrés et on déjeune dehors d'oeufs brouillés avec des saucisses et d'eau colorée en brun qui ne va pas m'aider à me sentir plus réveillée. Puis on quitte l'hôtel où a dormi la Reine du Rodéo de Kingman 1987.
On roule. Longtemps. Dans le désert infini. Au milieu de rien, on déjeune dans un Burger King. Puis reprend la route. On roule. Longtemps. Dans le désert infini. Tout à coup, sans transition, tout est vert avec des montagnes, des glaciers et des pins. On est en Autriche, c'est Mammoth Lakes.
Ce soir, on en a tous marre de manger des trucs gras tous préparés, alors on décide d'en cuisiner nous-mêmes. C'est le moment des traditionnelles Pâtes à la Carbonara des Vacances. Quel que soit le pays où nous roadtripons ensemble, il y a toujours un jour où l'on craque, où il n'y a plus le choix : on veut des pâtes. Dans un petit supermarché, je trouve de la coppa à un mois de salaire le kilo, des oeufs à la coquille hyper blanche. Je pousse la perfection jusqu'à acheter des linguine et des paillettes en plastique intitulées « parmesan » Je m'amuse avec la cuisinière oversize, le broyeur dans le lavabo, le distributeur automatique de glaçons. Je suis une parfaite desperate housewife. Après le dîner à l'italienne, on s'affale tous dans les canapés devant Ocean's Twelve en essayant de reconnaître un peu « notre » Las Vegas. Je ne verrai plus jamais les Experts de la même façon.
Day 7 and 8 (29 et 30 juin 2013) : Yosemite Park
Petit déjeuner sur la terrasse de notre chalet pour PDG en vacances à la montagne. On signe le livre d'or en regardant si Paris Hilton n'est pas déjà passée par le 879. Même si le café est toujours aussi dégueulasse, c'est le bonheur.
On arrive à Yosemite vers 11h. On fait une petite pause au bord d'un lac de montagne parfait, avec sa petite plage nickel, ses petits arbres bien droits et son ciel d'un bleu bleu, une vraie publicité pour eau minérale. On est en hauteur alors il ne fait que 25 degrés et il y a de l'ombre sous les pins. C'est paradisiaque. On a du mal à répartir mais notre estomac finit par avoir le dernier mot. Au Yosemite Village dans la vallée, on s'achète du cheddar comme tous les jours, de la salade et du pastrami à des prix qui indiquent bien que la prochaine épicerie est à 100 miles. On se fait des sandwichs divins. Je m'achète un nouveau café dégueulasse, je jette des glaçons dedans, ça ne peut pas être pire.
On prend un chemin de randonnées pour voir une cascade qu'on ne verra pas. Ça monte sec, il fait 40 degrés. Toutes les 5 mn l'un d'entre nous dit qu'il n'en peut plus. Sauf Emma évidemment, qui fraîche comme un gardon, court sur la pente à 45 degrés et bois toutes les 30 secondes. Les paysages sont incroyables. Au bout d'une douzaine de "j'en peux plus", on arrive devant un petit cours d'eau avec une pancarte qui prévient les touristes de se méfier des écureuils, ces vilaines bêtes pleines de dents. Un autre panneau indique que la cascade est à 2 miles. Courageusement, nous renonçons et faisons demi-tour. On prend la voiture et on monte au sommet par des routes en lacet au mépris du mal des transports de Maman à qui on file un sac Rite Aid au cas où. La vue est à couper le souffle.
Il est 22h30 et je suis morte de faim. On file au Jack in the box. Anthony commande, on se marre comme des baleines car le mec du drive-in ne comprend rien à l'anglais « Brian is in the kitchen » de mon frère. J'enregistre pour la postérité. Dans la chambre décorée d'un bouquet en plastique très Pompes Funèbres Générales, la radio diffuse George Michael qui susurre "If you were a desert, I'll be your sea". On se goinfre vautrés sur les fauteuils en tapisserie à fleurs, c'est le bonheur.
Day 9 (1er juillet 2013) : San Francisco
On part à l'aventure dans les rues de San Francisco. L'architecture est vraiment sympa : plein de petites maisons de toutes les couleurs aux sculptures en bois ajourées. On marche, ça grimpe sec. Chez Dress for Less on essaye toutes les lunettes de soleil dégriffées.
On prend le cable car et c'est impressionnant car complètement mécanique. Les garçons se tiennent debout à l'extérieur et ils frôlent les voitures. Les gens se checkent en se croisant d'un cable car à l'autre.
En fin d'après midi on arrive à Fisherman's warf. Et là, c'est notre première grosse déception. L'été est la saison des amours chez les otaries alors elles sont en train de faire des cochonneries ailleurs. Sur le pont 39, il n'y a que 2 petits tas de graisse, des esseulées qui même après 10 mojitos sont trop moches pour qu'aucun autre de leurs congénères n'en veuille. Alors elles redorent leur amour propre en se faisant photographier par les hordes de touristes.
Day 10&11 (2&3 juillet 2013) : San Francisco
Anthony est parti pour une randonnée à vélo vers Sausalito, un petit village de pêcheurs.
Nous autres, on va à la Coit Tower. Après 4237 marches d'escalier, on est récompensés : la vue sur la ville est magnifique. On voit le Golden Gate au loin qui émerge du brouillard et toute la ville à nos pieds. Dans le hall de la tour à connotation sexuelle on se chamaille sur la beauté relative des grandes fresques des années 30 qui montrent les ouvriers et paysans de l'époque, style Raisins de la Colère revus par Diego Riviera.
Avec les filles, on va chez Ross Dress For Less, une boutique qui vend des fins de série de marque vraiment pas cher. Je n'existe pas dans les tailles américaines alors j'aide maman à trouver des chaussures et des robes. On passe 3 heures à essayer la moitié du magasin. Bébé s'éclate en se déguisant avec des talons et des robes trop grandes. J'essaie aussi des fringues et ça donne le même résultat que sur le bébé. Le soir, on se prend des trucs chinois à emporter dans des boîtes en carton, comme dans les séries policières américaines où les gens n'ont pas de vie et ne rentrent jamais chez eux. C'est la première fois que je vois des Fortune Cookie en vrai.
Day 12&13 (4&5 juillet 2013) : Monterrey Bay - Independance Day
Très déçus par notre expérience otarienne à San Francisco, on décide de faire une petite halte à Monterrey. Et là, on est servis. Tout un tas d'otaries se prélasse sur un grand radeau au soleil, ça fait des "aow aow", c'est gras, c'est beau.
On est le 4 juillet, c'est la Fête de l'Indépendance, on se dirige vers la plage en espérant trouver une sorte de fête de la saucisse. C'est noir de monde mais pas de saucisse. On s'assoit sur le sable et à la nuit tombée on assiste au feu d'artifices le plus miteux ever seen, celui de mon village paraît sublime à côté. Une étincelle bleue ou verte toutes les 2 minutes. A chaque pétard j'espère le bouquet final. On rentre en longeant l'océan. J'adore l'odeur de la mer et le bruit des vagues.
Day 14 (6 juillet 2013) : On the way to Santa Monica
A midi, on fait une petite halte à Santa Barbara. Le nom me rappelle vaguement une série avec de vieux milliardaires alcooliques mais en vrai, c'est très joli avec un beau front de mer et des palmiers. Au milieu de la plage, sur le sable, un pélican mélancolique prend le soleil.
Le soir on arrive à Los Angeles. L'appartement immense est à 3mn de la plage de Santa Monica. Avec toute cette route, on a besoin d'être consolés. Alors je fais des pâtes à la sauce tomate et on s'endette sur 3 ans pour acheter du parmesan.
Day 15&16 (6&7 juillet 2013) : Los Angeles
On commence par un petit déjeuner paradisiaque au café de la plage, avec un burrito fourré à la saucisse et des pancakes noyés dans le sirop d'érable, les pieds dans le sable à l'ombre des palmiers et je me rends compte que je suis un peu obsédée par la bouffe. J'oublie et on va sautiller un peu dans les vagues du Pacifique qui sont autrement plus marrantes que celles de la Méditerranée.
Puis on monte tous dans la Dodge et on cruise. On se perd dans Beverly Hills et on s'extasie devant les portails fermés avec alarme automatique des stars. Il y a des vieux pickups garés partout : ce sont ceux des jardiniers. Les villas visibles sont époustouflantes.
En fin d'après midi on se scinde en 3 groupes : un atelier visite (Raphaël), un atelier plage (Tony, bébé et moi) et un atelier migraine-dafalgan-dodo (maman).
Day 17 (9 juillet 2013) : Food Truck For Ever
Aujourd'hui c'est le dernier jour. On un peu tristes alors on décide d'une solution qui a universellement fait ses preuves : manger gras et dépenser de l'argent. Pour la caution culturelle de la journée, on va quand même visiter les canaux de Venice. Les maisons lacustres sont jolies, de styles et de couleurs différentes : un petit château blanc à côté d'une grande hacienda verte à côté d'une maisonnette en bois rose. Le tout agrémenté d'un tas de cactus et de fleurs grimpantes.
A midi, on rejoint les salariés de Yahoo dans la queue d'un food truck qui fait de la fusion food. Puis on essaye de claquer notre fric au centre commercial mais chez Louis Vuitton on a seulement de quoi acheter un porte clé. Le soir, on se régale de nos derniers vrais hamburgers et de ces derniers moments où nous sommes tous ensemble. En France, nous regagnerons nos villes respectives.
Il est 20h30 et je me promène sur la plage. L'océan pacifique s'évertue en vain dans sa splendeur, je suis la seule à assister à la descente de la nuit sur ses vagues mordorées. Dans les écouteurs, Scott McKenzie achève de me rendre mélancolique. Et je me promets de revenir un jour, avec des fleurs dans les cheveux.
c'est rigolo, bien joué :-)
· Il y a plus de 10 ans ·jean-fabien75