Beauté froide...

cerise-david

Quelque part entre l'Islande et l'amour...

Et les voix résonnent dans ma tête comme un cri dans les montagnes… Encore et encore. PARLE ! DIS-LUI ! Et je reste la bouche entrouverte. Si seulement, ces voix pouvaient sortir de ma bouche et lui dire à ma place. Lui dire tout ce que j'ai sur le cœur. Mais au lieu de çà, aucun son. Et je reste figé. Je ferme les yeux et repars plus loin dans mes souvenirs. Et cette foutue mémoire qui me fait défaut. J'aimerais la prendre par la main et l'emmener là-bas. Pour qu'elle voit. Avec ses yeux qui voient tout. Je ne peux rien lui cacher, aucune absence, aucune souffrance. Mais je n'arrive pas à lui dire pourquoi. Pourquoi c'est si dur de parler. J'ai été seul si longtemps. Aucune menace ne pouvait m'atteindre. Aucun mot me faire frémir. Je m'en foutais des moqueries et des insultes. Je m'en foutais des longues soirées seul à attendre. J'étais là, et j'étais seul. Et personne ne m'obligeait à parler. Sans doute avait-on peur de la vérité. C'est bien connu, elle sort de la bouche des enfants…

 

Et puis, j'ai grandi. Et là voilà face à moi. Elle me tourne le dos, elle va partir. Je crois qu'elle est fatiguée. D'attendre, d'être seule. Mais elle ne l'est pas. Je suis là, juste à côté d'elle. Je vois son visage se fermer. Ses yeux s'éteindre derrière les larmes… j'attrape sa main. Pour la retenir… encore un peu. Et ses voix qui résonnent. Je cherche les mots. Je la déshabille doucement, je caresse sa peau. Elle est si forte au fond. Sa peau aussi douce que ces cheveux d'ange… mais là, face à moi, son regard est si dur. Je replonge dans son cou. Je m'inspire d'elle. Je cherche mes mots en comptant ses grains de beauté. Elle se laisse faire. Elle est si belle. On redevient des enfants, des rires nous échappe de sous la couette. Je lui construis une cabane et je la protège. On est nus dans le silence, et je l'entends. Son cœur, juste là sous mon oreille. Il me dit qu'il m'aime. Je le sais. Je me relève et je la vois qui se prépare à partir. Je sais que c'est le moment, que si je ne fais rien… si je ne dis rien. Je dois aller vers elle, je dois la retenir, faire le pas, faire claquer ma langue… mais elle referme la porte et dans un bruit sourd j'ai peur tout à coup. Tout me fait peur. J'ai à nouveau 10 ans. Et je suis seul. Le soleil a disparu avec elle. Les cimes enneigés m'enserrent doucement. Je suis perdu.

 

Je la rattrape dans la rue. C'était juste un nuage. Je prends sa main. Fermement. J'entrouvre mes lèvres et laisse échapper son prénom : « Elska ».

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