Belzebuth
Valerie Casanova
Tu es là devant moi, tout frêle, tout moche et pourtant si beau, si émouvant.
Comment ne pas craquer devant ta fragilité.
Comment endosser la responsabilité de ta vie ou de ta mort?
Tout mon être veut que tu reste parmi nous.
Je te prends délicatement dans mes mains, et porte à ton bec la seringue jaune. J'ai peur de te faire mal, mais tu changes, tu grossis et grandit.
Rien ne vient perturber ta croissance pour ma plus grande joie. Et voila que tu fais ton premier vol!
Et là, catastrophe! Je t'ai sous estimé. Tu t'envoles réellement, emporté par des vents forts.
Tu restes devant moi, sur une branche trop haute, incapable d'en descendre.
Je te regarde le cœur gros.
A force d'efforts, tu t'envoles mais ne sais te poser, et t'envole plus loin encore que ne portent mes yeux, vers la forêt.
Je pars à ta recherche le soir même, et le lendemain durant deux longues heures, interminables, imaginant le pire...
La peur de te perdre, mort de faim car trop dépendant de moi me fait palpiter le cœur.
Mais qu'entend-je? un cri repond aux miens!
Te voila si haut dans les cimes!!!! Je t'appelle, tu veux me rejoindre et te lance sans jamais arriver à te poser.
Je pleure de fatigue, perdue au milieu de la forêt, seule avec toi.
Quand soudain tu atteris sur un poteau électrique, je monte en priant pour que tu ne t'envole pas à nouveau.
Et ma main se resserre sur toi, nos yeux se captent, pour ne plus se quitter mon Belzebuth adoré...