Bernadette Soubirous

Hervé Lénervé

La vraie vie véridique de la Bernadette.

C'n'était pas une méchante fille, la Bernadette, mais elle avait le diable au corps et le feu au cul.

Sa grand-mère pour la taquiner l'appelait :

-         Ma p'tite scoubidou chérie !

Et la Bernadette de lui répondre.

-         Ta gueule, la vioque !

Elle avait de la répartie la petite et il ne fallait pas lui conter fleurette en botte.

A l'école, elle était redoutée comme la peste ou le choléra, on ne sait plus lequel des deux, mais le fait est que personne ne la contredisait dans ses raisonnements.

-         Allez les gars, on met le feu au préau !

Et tout le monde mettait le feu au préau. Sauf l'instituteur, car il avait ses appartements au-dessus.

La Soubirous avait un amoureux secret. C'est-à-dire qu'un garçon l'aimait en secret, tandis qu'elle s'en foutait sans en faire de secrets. On le surnommait le « Bonmomo », car il était bègue de naissance et con après un traumatisme crânien, mais de la tête.

D'aussi longtemps qu'il était bègue, il aimait passionnément en cachette la Bernadette. Il s'était même confectionné une cabane, faite de briques et de blocs de pierres, pour la recevoir dignement et lui exposer sa flamme. C'était un incorrigible romantique le Bonmomo.

Malheureusement, rien n'arriva, comme il en est souvent le cas d'ailleurs, tel qu'il se l'était fantasmé.

Le couple de tourtereaux à peine arrivé à l'huis de la cabane qui n'avait pas de porte, que la Bernadette se jeta sur lui. Il fut pris de court et ne put rien faire pour se défendre et il y passa illico presto, recto-verso.

Maintenant, après, le Bonmomo ne désarma pas et tenta de lui exposer clairement sa flamme dans une prose ampoulée et tarabiscotée avec des mots longs comme le bras, pour changer de la peste. Ça n'en finissait pas, trente secondes le premier mot, soixante secondes le second, il ne put aller plus loin, pour exposer son transit passionnel, que la Bernadette l'explosa derechef avec une telle violence que le garçon en fout tout retourné à l'envers… et ö, non Ö, non plus, Ô, bien… et Ô Miracle, il ne bégaya jamais plus du tout, de toute de sa vie durant, ni après aussi.

Par contre, il parlait à l'envers, pas en « verlan », trop facile, en « nalrev ». Si bien, que même si le débit était bon à présent, encore moins était ceux qui le comprenaient. Et pour tout dire, personne n'y essaya jamais. Le « nalrev » n'était pas encore enseigné à l'école primaire de la rue.

Bon, à part cela, il ne se passa rien d'intéressant dans la vie de la Soubirous, ce qu'elle fit de ses journées, Dieu seul le sut et la grande Histoire l'aura complètement oubliée.

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