Bernie's beauté institut.
valjean
« Bonjour monsieur Ugo. Vous êtes bien monsieur Ugo, n'est-ce pas ? C'est bizarre, votre nom me dit quelque chose. Vous êtes chanteur peut être, non ? Ah, pardonnez-moi ma curiosité, nous les femmes nous aimons bien parler. Surtout dans mon salon.
Je vous sers un thé ? En tout cas, vous êtes très ponctuel. 18h54 pour un rendez-vous à 19h00. Si toutes mes clientes étaient comme vous, je ne fermerais pas aussi tard.
Oui, allez-y, vous pouvez poser votre manteau, mettez-vous à l'aise et allongez-vous, monsieur Ugo. Voilà, comme cela. Alors, c'est votre femme qui vous envoie ? Oui, une très bonne cliente. De toute façon, je n'accepte que les hommes recommandés à Soins et beauté. Il y a tellement de pervers, vous savez. Mais s'occuper d'un bel homme comme vous après plusieurs clientes revêches c'est un plaisir. Et quel âge avez-vous ? 50 ans. Vraiment, vous ne les faites pas. Bon ceci dit, je ne vous promets pas de vous transformer en Chippendale. Au moins, je ne vous sauterai pas dessus.
Qu'est ce qu'elle dirait, madame Ugo, si elle m'entendait. J'tiens à garder mes bonnes clientes, moi. Fermez les yeux, oui, comme cela. Un peu de musique, peut-être. Non, je n'ai pas Metallica. Oui, je comprends, ce n'est pas facile de répondre avec ce triple masque en argile. Vous voyez comme nous, les femmes nous devons souffrir pour être belles.
Voilà, tout va bien, décrispez vos épaules, imaginez-vous sur la plage. Oui, une belle plage, de sable blanc, pas comme sur l'île ou mon homme veut m'emmener. Guernesey, ou un nom comme cela, vous vous rendez compte, monsieur Ugo. Ça doit être peuplé que par les mouettes, cet endroit. Je remarque que vous vous tendez rien qu'à cette idée, vous aussi. Laissez-vous aller, Bernie s'occupe de temps. Non, ce n'est pas mon vrai prénom, moi c'est Bernadette, mais mes clientes m'appellent toutes Bernie.
Bon, je vais vous faire un peeling, puis vous appliquer de fines bandelettes chaudes sur un lit de concombres. Oui, comme sur la photo. Elle est d'un moche cette photo, elle a au moins 30 ans, mais c'est encore plus dur à changer qu'un verre sale à ma pizzéria. Ah la pizzéria j'y vais depuis que j'ai racheté le salon, et j'y mange tous les midis. Non, pas le dimanche quand même, je fais à manger à mon p'tit mari le dimanche. Figurez-vous qu'ils servent toujours le même menu. Je me suis amusée, un jour, à mettre du rouge à lèvres sur la carte, pensant qu'ils en feraient une nouvelle. Pensez-vous monsieur, le lendemain, il y avait du rouge à lèvres sur toutes les cartes. Copieuses, va. D'un autre côté, cela me rassure, je prends tous les jours la même salade, celle aux gambinos. Ceux là, ils ont bien fini par avoir des enfants depuis le temps. On devrait l'appeler salade aux gambinonos, maintenant. Tiens j'en parlerai demain au patron, mais vu qu'il a mis dix ans à rajouter un chocolat avec le café.
Je parle, je parle et je ne m'occupe pas de vos capitons. Vous, je ne vous conseille pas de chocolat avec le café. Voilà, nous allons laisser la crème brûleuse de graisse agir. Cela ne vous pique pas trop ? Je comprends. Vous devez avoir chaud, détendez-vous, je vais bientôt vous enlever les bandelettes. Gardez les yeux fermés et si cela ne va pas, faites-moi un signe.
Et maintenant les jambes. Enlevez votre pantalon. Oui, c'est cela. Allez ne soyez pas pudique, j'ai vu d'autres horreurs. Pardon, je plaisantais. Oh vous avez un beau caleçon. C'est un cadeau de votre belle-mère. Vous avez une gentille belle-mère. La mienne, elle m'offre toujours des torchons. Oui, j'en ai une armoire remplie. Elle ne veut pas des torchons, madame Ugo. Je devrais faire une carte de fidélité moi. Au sixième rendez-vous, un torchon gratuit.
Ne bougez pas comme cela, vous allez me faire peur avec vos yeux qui clignotent. Alors épilation électrique ou cire chaude. Vous ne savez pas ? Bon comme c'est la première fois, ce sera cire chaude. C'est moi qui décide. Le pouvoir aux femmes, na. Détendez-vous si vous voulez que vos jambes soient aussi douces que les miennes. Vous voulez toucher ?
Laissez–vous aller, Bernie s'occupe de tout ! C'est curieux quand même de se faire épiler les jambes pour un homme, non ? Seriez-vous coureur cycliste ? J'en doute. Ou gigolo ? Oh pardon, ça m'a échappé. Ou c'est un fantasme avec madame Ugo. J'ai lu dans mon magazine que quand il y avait plus de désirs, c'était bien d'avoir des fantasmes. Les miens ?
Oh vous me faites rougir. Ça se raconte qu'entre femmes, ça. Bon, j'essaierai pas de savoir le vôtre. Détendez-vous. De nos jours, les hommes veulent de plus en plus ressembler aux femmes, remarquez. Il y en a même qui veulent devenir nounous. Avec tous ces problèmes de garde d'enfants.
Oh monsieur Ugo, je parle, je parle et je m'aperçois que c'est la fiche de votre épouse que j'ai prise. Vous étiez venu pour quoi ?»
« Ma femme m'avait offert un soin du visage, madame Bernie »
« Un soin du visage ? Ah oui, vous avez raison. On fait quand même l'autre jambe ? »
ouuuuh le pauvre ahah trop drôle! "on fait quand même l'autre jambe?" bh tant qu'à faire!
· Il y a plus de 10 ans ·dreamcatcher
Merci "Write Motions", voila ce que c'est de succomber aux yeux irrésistibles de Bernie.
· Il y a plus de 10 ans ·valjean
J'ai bien aimé ce texte très ... féminin !
· Il y a plus de 10 ans ·Mathilde En Soir
Merci Mathilde, je me suis senti très "femme" en l'écrivant effectivement.
· Il y a plus de 10 ans ·valjean
Merci "Izaborkine" pour votre commentaire. Il est vrai qu'il n'est pas facile, dans ce genre d'exercice de trouver un équilibre dans cette logorrhée ! Au plaisir de vous découvrir. Valjean.
· Il y a plus de 10 ans ·valjean
Bon rythme qui tient jusqu'au bout. J'aurais pu vite me lasser de cette logorrhée mais vous avez su capter mon attention jusqu'à la fin. Votre style est fluide et léger. A vous lire de nouveau ! :)
· Il y a plus de 10 ans ·izaborkine