Bertrand Cantat, la vérité en face

Julien Gourdon

Droit dans le soleil, le 1er titre du groupe Détroit que forme Bertrand Cantat avec Pascal Humbert, évoque à mots voilés la culpabilité du chanteur face à son geste, et la difficulté de vivre avec.

Le premier couplet de la chanson est d'une atroce lucidité : « Tous les jours on retourne la scène, geste fauve au milieu de l'arène, on ne renonce pas on essaye, de regarder droit dans le soleil ».

C'est dans son art que Bertrand Cantat s'exprime le mieux. C'est dans son art qu'il est au plus juste. Jeté à la vindicte populaire depuis 10 ans, l'homme qui n'a pas assez payé décide de se montrer au plus près de ses blessures. Celui qui devrait avoir la décence de ne plus chanter par respect pour la famille de la victime, pour toutes les femmes du monde et pour la terre entière, parle au nom de ses compagnons d'infortune, les « âmes sans sommeil ».

Pas d'apaisement possible

Pas d'apaisement possible, jamais, puisque le soleil toujours en face ne laisse aucune possibilité de fermer les yeux pour s'assoupir un peu. Pas de repos imaginable, l'acier et les ombres toujours à ses côtés, dans cette plaine immense où partout retentit « le chant des sirènes ».

Alors, en attendant la fin, il « tourne autour de la terre », un peu comme il disait autrefois « trompe la mort et tais-toi ».

Signaler ce texte