Big Fish (Mon père ce héros !)

daniel-m

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Un film vu et revu en DVD. A chaque fois je sature trois kleenex et ne prend pas le temps de faire une pause pipi malgré les 2 heures et 5 minutes de ce magnifique long métrage. Un film de Tim Burton sorti en 2004, du temps où il avait encore une vraie inspiration en tant que réalisateur.

 

Le DVD est riche en bonus, en commentaires des différents protagonistes et acteurs et j'avoue ne pas encore les avoirs tous consulté, l'important étant cet immense chef d'œuvre de sensibilité raconté à la sauce Burton.

 

L'univers de Tim Burton est assez particulier. C'est pour moi un « Impressionniste » du cinéma. On reconnaît immédiatement sa griffe aux décors stéréotypés, le lotissement idéal sur fond de pelouse verte « Fujycolor », les costumes intemporels et trop bien coupés, un univers coloré, contrasté qui nous emmène dans un monde utopique et idéaliste, irréel et tiré à quatre épingles (Edward aux mains d'argent, Charlie et la chocolaterie, Beetlejuice pour ne citer qu'eux). Il sait se régaler aussi des mondes noirs, sombres et inquiétants où une subtile lumière et un éclairage adroitement dosé créé des ambiances extraordinaires (l'étrange Noël de Mr Jack, la légende du cavalier sans tête, les noces funèbres, Sweeney Todd, Batman). Bien que fan de ce cinéaste, j'avoue avoir été déçu par son « Mars attack » qui est un excellent film parodique, critique et kitch mais qui ne lui correspond pas vraiment à mon goût. Déçu également par sa « planète des singes » qui malgré un travail extraordinaire n'a finalement aucun intérêt.

 

Le thème de ce « Big Fish », le gros poisson que nos marseillais expriment très bien, est un film sur l'influence des mots, des histoires et des blagues rémanentes de nos parents sur l'imaginaire et donc l'opinion que nous nous faisons d'eux à travers ces images verbales que nous interprétons à notre tour avec notre imaginaire. Cet amplificateur de l'imagination dont nous nous servons chaque jour pour essayer de rendre notre ordinaire un tantinet plus extraordinaire. Un sujet pas vraiment évident qui est ici exprimé magistralement.

 

Constitué à 75 % de flash back et d'interprétations imaginaires de la réalité, ce film est probablement pour Tim Burton une immense aubaine et un prétexte pour s'adonner à l'interprétation de son « impressionnisme » cinématographique et il ne s'en prive pas. Le déséquilibre entre la réalité et sa platitude et l'imaginaire et sa richesse, sont probablement les plus grands handicaps et en même temps tout l'intérêt de ce film qui souffre par moments de quelques longueurs. On ne sait plus parfois où l'on est, imaginaire ou réalité mais c'est aussi le principal attrait de « Big Fish.

 

Non, je ne vous raconterai rien du film. Si ce n'est que toute l'histoire se déroule dans le cadre d'un cocon familial aseptisé. Il décrit les relations ambiguës entre un fils et son père. Un père qui toute sa vie a pris un malin plaisir à raconter et à expliquer sa vie avec des métaphores, à enluminer le quotidien banal pour essayer de rendre chaque instant extraordinaire. Jusqu'au jour où il perd toute sa crédibilité aux yeux de son fils qui finalement ne sait plus si son père est un extraordinaire raconteur d'histoires ou juste un menteur affabulateur, un imposteur trop absent dont il ne sait rien en fin de compte…

 

Je vous épargnerai également la fiche technique, la distribution, etc. J'avais simplement envie de vous donner envie de regarder ce film, si toutefois ce n'était pas encore fait. Perdre un proche (ici son père) c'est encore plus douloureux si l'on a ce sentiment de ne lui pas avoir tout dit avant qu'il parte. Big Fish donne cette opportunité à son personnage par le biais du cinéma et c'est profondément touchant et bien réalisé.

 

Bien à vous.

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