Blanche/ C'était pas l'Arizona pourtant

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Le bus continuait sur sa lancée. Allant fièrement, direction la grande ville.

Si seulement l'on avait su que la boîte à vitesse lâcherait 36 secondes après. Si seulement l'on avait su que le prochain bus n'était que dans 1h22.

Nous étions tous descendus, marchant vers l'arrêt de bus le plus proche, qui était, 17 minutes plus loin.

La rousse (appelons-la ainsi) marchait derrière moi, traînant son sac à dos. Je la trouvais drôlement blanche.

« Hé, ça va ? » lui demandait-je par-dessus mon épaule.

Elle me fit signe que non.

Je m'arrêtais net.

« T'as de l'eau ? »

Elle grimaça.

Je sortis une bouteille d'eau de mon sac, il ne me restait qu'une gorgée.

La météo n'avait pas prévue une telle chaleur aujourd'hui. Je lui tendis ma vieille bouteille ARIZONA, qui ne servait plus qu'à mettre de l'eau à chacun de mes supers voyages en bus.

Elle s'enfila mes 47 gouttes d'eau d'une traite.

« Ça fait du bien ? »

« Merci, j'en avais bien besoin. »

« Enlève ta veste » grognais-je sur un ton –presque- d'ordre.

« Euh, oui. » bredouilla-t-elle.

Elle s'exécuta et nous continuâmes à marcher côte à côte.

« Tu es d'ici ? » me demanda-t-elle au bout de 3 minutes de marche effreinée.

« J'habite pas loin. Et toi ? »

« Je suis arrivée en France il y a maintenant 2 mois. »

Ce n'est qu'à ce moment-là que je perçus son accent.

« D'où étais-tu ? »

« Orf.. Tu sais. Mon dernier pays en date est la Colombie. Prochainement, je retournerai en Russie. Mais là, je reste un peu en France. »

Elle m'intriguait de plus en plus.

Qui était-elle ?

« Mais quel âge as-tu ? »

« 24 ans, et toi ? »

« J'en ai 18. »

« Haha tu es encore jeune. »

« Fais pas comme si t'en avais 50 non plus » lui répondis-je, de mon super clin d'œil.

« Du coup le prochain bus est à.. » grimaça-t-elle en regardant son dépliant Transgironde.

« Laisse tomber, on verra bien. On suit les autres et on attend. »

Elle sortit de son sac déchiré, son carnet,son stylo et griffonna quelques mots que je ne comprenais pas. Je fis mine de regarder les vignes devant moi, celles que je connaissais déjà par cœur. Elle n'écrivait pas en français. Et ce n'était ni de l'anglais, ni de l'espagnol.

Curieuse, je me lançais.

« C'est quelle langue ? »

« Tu sais que la curiosité est un vilain défaut ? »

« Tout le monde le sait. »

Elle sourit et se remit à écrire. Elle n'avait pas répondu à ma question, cela m'intriguait davantage.

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