Bonjour déprime

Putain je déprime, l'ordi branché dans la cuisine

En attendant tous les mois que tombe la prime...

…D'allocation chômage. Dommage…

Je passe mon temps à chercher, j'y passe tellement de temps

Que l'temps, je l'ai même rattrapé.

Pour trouver un logement, il te faut un boulot

Pour trouver du boulot, il faut jamais dire nan.

« Quoi, t'aimes pas ça le McDo ? L'usine où t'casser l'dos ?

Mais ça c'est ton problème, vous êtes bien tous les mêmes ! 

Reste dans ton canapé et attends de toucher

Ton RSA de merde qui t'fait même pas bouffer »

Putain de discours révolu, on s'y est tous résolus

Plus de raison de vouloir, plus d'occasion d'y croire ;

Nous voilà tous blasés, consternés,

Constamment écrasés,

Sous le poids de la société, sous-traités, exploités.

Société de merde, moi  j'y suis plus associée

Que j'aille pas voter, on peut bien m'le reprocher, pour ce que ça vaut

J'ai même pas envie d'me déplacer.

Qu'est-ce qui va changer, si mon bulletin rentre dans ta putain d'urne ?

Rien et tout le monde le sait bien, ça fait tous les jours la Une.

Putain je déprime, à trop réfléchir sur ma vie

Pendant que d'autres sont dans la survie,

Introspection imposée par une incessante pression

D'un cadre bien trop parfait, que j'peux plus encadrer

Explosion intérieure d'un trop plein de raisons

De vouloir tout détruire et de tout reconstruire.

Je préfère être en colère que d'être en dépression

Je préfère l'action véner à la démission.

Pas question de lâcher nos vies, peu importe leur avis,

Je lâcherais jamais l'envie de toujours dévier

Des voies qu'on veut nous imposer.

Marches à suivre, marche ou crève

C'est toujours la même relève

Les mêmes qui se soulèvent, les mêmes à qui on enlève

Tous les droits,

Les mêmes qui font la grève et les mêmes qu'on achève,

De sang froid.

Putain je déprime, pourtant ici c'est pas l'usine c'est pas la mine

Mais le contexte suffit pour que ça me mine.

J'ai plus de télé pour éviter de gerber les conneries qu'on nous fait ingurgiter,

Pour éviter de régurgiter les images à vomir d'un monde carrément immonde

Je veux éviter l'indigestion de cette soupe insipide et stupide,

Alors j'éteins ma télévision, en espérant élargir ma propre vision.

Putain je déprime, mais tu sais quoi je crois qu'j'aime ça

Grâce à ça j'enchaine les rimes et ça m'anime.

J'aime le spleen qui s'dessine dans ces lignes, quand j'aligne

Tous ces maux dans un flot de verbes et de mots ; et

Cette verve serait pas si efficace, je n'y laisserais pas ma trace

Sans cette mélancolie lasse.