Ma part de l'autre.
slive
Y'avait des danseuses dans les rues, qui criaient le désespoir et des putes qui pensaient à hier, quand elles n’avaient pas l’air comme les autres. Les gens s’acharnaient à rester vivants et dans tout ce délire, je titubais une nouvelle fois sous l’inconscience collective.
Ils pleuraient, meurtris, et j’étais là. Là à observer ces femmes et ces enfants. Observer ces monstres gigantesques nous attraper un à un comme si nous n’étions que de simple pions aussi maléables que de la pâte a modeler.
J’étais jeune et je suis devenu vieux en quelques secondes. En mourant entre les mains du cri. Le regard vide et le corps sans vie pleurant en imaginant cet autre, àl’autre bout de la ville en train de subir la même atrocité.
-Viens là, me dit la voix. Viens là et assied-toi, nous serons en sécurité quelques secondes de plus. »
La voix a toujours raison. Succombant à son emprise je la laisse prendre possessions du bien le plus précieux de l’être : le corps. Mon corps. Et de sa force il me protégait de tout son être. Cet autre, le plus de mon moins, observe et pense, me laissant lire son âme : "L’être est écœurant, c’est tout ce que vous êtes capable de faire, vous ne méritez pas de vivre. Personne ne sauve personne, personne ne mérite d'être sauvé. Ils vont de bar en bar, orphelin du mal ils se dispensent d’amour et brûlent de leurs passions. Comme une impression de déjà vu, vous étudiez votre Histoire sans vous rendre compte que vous n’êtes que les cendres d’un cendrier trop rempli. Quand on voit ça on se dit qu’une extinction serait un plus, oubliant votre oxygène vous pleurez de souffrance, de suffocation, mais la violence de vos mots et de vos actes sont des expirations du diable. "
-Qui es-tu ? » Pensais-je.
-Qu’un double, le dernier d’une race perdue. L’alcool dans tes veines me permet d’aspirer l’air à nouveau et d'avoir conscience à quel boit je vous hais. » Pensa-t-il ànouveau.
-Ce que je vois découle detoi ? »
-Ce que tu vois découle d’un tout. Du médiocre de l’univers et du silence de ton âme, tu ne t’en rends pas compte : c’est normal, c’est une musique de plus marchant vers l’aube d’un sourire on ne discerne jamais une musique lorsqu’elle tourne en même tempsque d’autres. En même temps, toi, tu t’en fiches d’entendre. C’est pour ça que je t’ai choisi, les rats ne veulent pas de ton romantisme et tu es obsédé par les limbes d’un amour égoïste, l’égoïsme de ne pas être fait pour elle.
Et tu aimerais fuir, les mains liées, seul sur un chemin ou on pourrait te vendre aux carnivores qui voudront ta peau, un guerrier fuyant le tombeau de l’univers déjà perdu. Tu as différents noms, mais aucun corps, aucun corps à toi et tuaimerais posséder le sien. C’est pour ça que je t’ai choisi, le monde combat des mains pour religions et justice ! Pour des baises et des amours brisés ! De passions et de prières, ils se battent en violant et crevant les yeux des ennemis, tandis que toi tu stagnes sous le regard d’une seule femme. C’est beau, c’est triste. Pathétique. Mais j’évolue pour ton âme jetée dans les vestiges d’Edmond Dantès. Jamais tu ne deviendras Comte.
Lors de ton dernier repas tu ne verras pas Dieu, tu verras mon visage et des vagues de sanglots s’écouleront de tes yeux déchus.
Et les putes seront la mémoire d’un corps à jamais délivré, et le corps des femmes ne deviendra qu’une force demoins.
Alors je te le dis, prisonnier de ma pensée tu ne finiras pas la nuit. »
Ecoutant le chant des cafards s’inclinant vers les monstres alcoolisés, je regardais les bourreaux en pleurant mes derniers souffles, ravi d’avoir pu rencontrer cet autre endormi depuis trop longtemps. Le chant de plus en plus fort, je le laissais marcher droit vers l’océan du diable.
-Je dois te répondre, ami, j’aimerais que tu observes mon visage qui est perdu dans le temps. Je suis amoureux d’un corps qui aurait répondu à la nature, et sache malgré ta haine, que des bras d’âmes folles naissent chaque jour. Ami, écoute-moi. Je titube pour une nuit deplus, je titube en te laissant, l’cœur plein, marchant vers le sommeil de l’ours, j’ai faim, faim de jardin d’Eden et j’aimerais te dire à quel point je l’aime. Adieu ami, tu marches vers le sel de la sainte mère, putain de la délivrance, vers ma lueur et tu comptes nous laisser tomber. Tu en as marre de nos fausses lunes et du soleil moqueur criant de mensonge. Prend ma sympathie pour ton monologue et entend le chant des cafards, leurs paroles sont vagues mais ils n’aspirent qu’à un peu de beauté, crucifié ou pas. Je donnerai comme dernier récit à ce monde, le récit de notre sacrifice mon ami. Mon ami, entends-tu mon dernier mot ? »
-Je l’entend. »
Etle ciel eut l’odeur d’octobre. Du bout des doigts je caressais les pattes du grand tatoué qu’on imagine monstre et dont la mère avait la même lueur quela putain qui nous créa. D’un sourire nous lui ouvrîmes les bras avec la force d’un oubli. Je fis l’amour de mes bras ! Le ciel se fit d’un océan de pluie et les cafards moururent sous l’envie du grand crucifié, les maudits applaudirent, leurs cœur sen main, la saleté poussait, explosait de mille feux.
-GRAND MONSTRE PREND MA SOLITUDE, PRENDS MON BESOIN ! NOURRIS TOI DU DERNIER ETRE VIVANT POUR ELLE, PREND-MOI CHIEN ! PREND MON CORPS, MON RHUM ET MON VIDE ! JE SUIS FERTILE A L’HORREUR DU MONDE, DEMAIN JE ME SERAIS OUBLIE DANS LE REPAS DES HOMMES QUE TU AS TUES, JE SUIS QU’UN ETRE PITOYABLE SEUL AU MILIEU DES SANGLOTS ! MONSTRE, REGARDE MOI, NE SUIS-JE PAS LE PLUS DE TAPEAU ? ADMIRE MON SOURIRE ET MA FOLIE ! N’ATTEND PLUS JE SUIS MORT ! N’OUBLIE PAS EN ME TUANT QUE MES BRAS NE FINIRONT PAS LA NUIT, ALORS J'ACCEPTE MOI ! NE LAISSE PAS L’ENVIE DE VIVRE ME REPRENDRE ! »
Après ma fin, les survivants se réunirent pour se dire que la vie ne valait plus le temps qu’on lui donnait, ils s’accordèrent a pleurer leurs peaux trop lourdes à porter. Un à un ils se perdirent dans un coin d’une pièce, prisonniers d’un hôte trop fou pour les laisser crever en paix.
c'est une pure folie que de vivre...je trouve que tu t'en sors plutot bien!!!
· Il y a environ 11 ans ·l'animelle
lanimelle
Une écriture qui réveille entre deux slaves pas si brumeuses qu'on voudrait bien le penser. J'aime, beaucoup même.
· Il y a environ 11 ans ·hel
Merci beaucoup. Ca fait plaisir, certainement mon vrai premier texte depuis un longue periode de page blanche.
· Il y a environ 11 ans ·slive
Eh bien, il faut souhaiter que ce soit le premier d'une longue série. Mais j'ai remarqué aussi, qu'après un passage à vide, les premiers mots que l'on couche avec une certaine conviction sont toujours assez fort. La fièvre du manque sans doute. Encore bravo pour ce texte très riche.
· Il y a environ 11 ans ·hel
Hou ! on se croirait dans un fumoir d’hôpital psy ! C'est très fort
· Il y a environ 11 ans ·Stéphan Mary