Bordel cinq étoiles (II)

effect

Un vendredi matin de l'an deux mille quatorze, une grue jaune de levage terminait l'extraction. Vallée était venue avec son amie Pat d'enfance, un sac de plâtre et sept coquillages, dire adieu à l'arbre malade. Il avait contracté la rythmique, une maladie qui ne se voit pas tout de suite et qui pourtant prend de la place là où il y en a plus. Ces derniers temps, il déglutissait de sève et perdait ses feuilles pour un rien. Sur ordre du président directeur général des eaux et forêts, un marabout de Zanzibar- ça faisait plus chic que de Villepinte !- était assigné à son chevet. A son pied, des grigris à forte odeur, disposés en cercle, pour chasser le mal et tenter de récupérer le bien: queues de bisons des steppes Ancestrales, têtes de coqs Amérindiens, couilles d'alligators de Peaugres, croquettes en déstockage de Massifs Alpins, foies gras de Gorbatchevie, jeux de bougies à clefs plates pour les veillées interminables, et oh surprise, un chat Pacon du Tatarstan, pas mort, au doux nom de Tointoin pour chasser le diable et les pies. Des roses de porcelaine accrochées en guirlandes dans le haut de ses branches et un kit de démarrage sous Windows XP en offrande dans un nœud de son bois. La frontière semblait mince entre le monde absurde et virtuel auquel il appartenait. Vallée dans une moumoute de marque Over The Top, dispersa la poudre blanche de Paris, le long du corps malade. L'humidité du petit matin solidifiant l'empreinte de son veinage. Patricia, nue dans ses tongs, agrafait en guise d'étiquette, le border pass d'un Air Caraïbes sans retour: 'Platanus Délirium-PTP'. Les deux gamines crachaient quelques petites volutes de fumée dans le brouillard épais d'une cerise sur un gâteau d'anniversaire mal éteint. La soupe à la grimace prenait forme... Mais pourquoi donc tout ce tralala se demandait-il ? Et les sept coquillages ?
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