Broadway, here I come - again

sawasdee

C'est là-bas que tout a commencé, comment la suite aurait pu être différente ? Le destin nous joue parfois de sacrés tours.

Je me souviens encore de la façon dont il me regardait. Son sourire. Quel bonheur. Tout paraissait simple.

C'était la première fois que j'allais à New York, the city that never sleeps, et cela faisait un bout de temps que je prévoyais ce voyage. Au départ, cela aurait dû être un séjour "en amoureux", et puis la vie et ses surprises ont changé le plan, c'est avec mon amie de toujours que j'ai partagé les plus belles vacances de ma vie.

Nous avions choisi un appartement à Midtown, non loin de Times Square, avec Airbnb, une première pour nous. Du lit, ce n'était pas une des "breathtaking views" décrites dans les hôtels de luxe où l'on vous donne gracieusement un peignoir imprimé léopard pour la modique somme de 300 USD la nuit (si si, je vous assure), mais "simplement" une vue sur l'Empire State Building… Pas mal, comme entrée en matière.

Tout était planifié pour ces 2 semaines : les musées, les buildings, les balades, les points shopping, et même les boutiques de spécialités new-yorkaises (cheesecakes et autres cookies les plus gros du monde)… Ce que je n'avais pas prévu –hormis perdre 2 kg à force de marcher comme des dératées 15 h par jour pour tout voir -, c'était de le rencontrer, lui.

Une de mes séries préférées commence par une rencontre en ferry. Et bien, ce soir-là, notre 5ème jour, sur le ferry de Staten Island, nous nous faisons accoster par un beau New-yorkais. Cela commençait à devenir banal, à croire qu'en sweat et jean, la Française se fait tout de même repérer. Les gens d'ailleurs nous ont surpris par leur facilité à parler à n'importe qui, pas à Paris que l'on verrait ça sans qu'il y ait un vol de montre dans l'affaire. Bref, il nous regarde, dans le ferry. Enfin, plutôt, il ME regarde. Il porte un costume-cravate, me fait penser à un trader. Avec des baskets roses. Normal. Je souris au vu du contraste et puis, prise d'un élan, je me moque de lui et de ses chaussures – encore une fois, cette scène en France, et je me retrouve avec des yeux de panda. Et nous voilà à discuter de nos origines, de mon voyage avec mon amie, des choses à voir en ville. Il me dit connaître les meilleurs bars de Manhattan. Je demande à voir. Rendez-vous est pris pour le soir même. Cela tombe bien, le soleil se couche, nous faisons de superbes photos de la skyline, et filons chez nous pour nous changer. (Note pour les prochains touristes : si vous emmenez des escarpins, prenez-en qui couvrent les pansements…).

Je n'oublierai jamais cette soirée. Avec quelques amis à lui, ils nous font faire un tour complet des bars et clubs de SoHo et Meatpacking. Ce n'est pas souvent qu'ils ont des Françaises avec eux, nous disent-ils. On s'habitue au taxi, on adore le héler nous-mêmes, ça a quelque chose d'enfantin par rapport à chez nous, où il faut appeler 2 h avant, sans être sûrs que quelqu'un se déplace et trouve le patelin ! Nous n'arrêtons pas de parler, lui et moi. Les autres prennent des cours de Frenglish avec mon amie. Tout le monde s'amuse.  La vue depuis le dernier club est magnifique : qui peut se vanter d'avoir déjà dansé, un Cosmo à la main, près de la High Line, avec une vue sur Manhattan ?

Le réveil, le lendemain, toujours à 6 h, est assez difficile… 2 h de sommeil, les 350 marches de la statue de la liberté à monter… Je vous laisse imaginer. Il nous a accompagnées. Je l'ai vu chaque jour ensuite, seule ou non. Les détails n'appartiennent qu'à nous mais plus les jours passaient, plus mon cœur appelait cet endroit "home".

L'heure du départ. Horrible. Mon amie et moi, on s'est promis d'y retourner dans moins de 2 ans. Comment croire revenir avant ? Jamais je n'ai eu autant de regrets à partir. Les concerts jazz improvisés, les écureuils, les buildings, les sirènes... On a tout adopté. Et puis il y a lui. Dans l'avion, j'ai pleuré. Et puis chaque soir à mon retour. Il me manque. Comment est-ce possible de ressentir cela pour un quasi inconnu ? Suis-je redevenue collégienne ? J'ai caché tout cela tous les jours, cela finira bien par passer. Ce n'est qu'une amourette de vacances, comme dit mon amie. Ne te fais pas de films. La vie, ce n'est pas tomber amoureuse à l'autre bout de l'océan, dans la ville dans laquelle tu veux justement vivre depuis toujours. Alors j'ai attendu que cela passe. S'il ne m'écrivait pas, c'est qu'il était déjà probablement en train d'en draguer une autre.

Et puis toutes ces pensées se sont envolées le jour où il m'a appelée de l'aéroport. Pas de New York, non. Celui près de chez moi. Il cherchait quelqu'un pour venir le chercher, il voulait me faire une surprise. Il ne m'avait pas oubliée, il avait pourtant essayé face à l'impossibilité d'une telle relation, mais il ne pouvait pas oublier nos moments. Il m'a ramené une paire de baskets roses et m'a dit que cela pouvait m'être utile si j'acceptais de venir passer du temps avec lui, à Manhattan. J'y vis toujours, cela fait 2 ans. Ne laissez pas les autres vous dicter vos rêves.



https://www.airbnb.fr/rooms/735261

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