Brouillon de vie

halpage

Tu finiras par en rire

Après l’avènement de François, les tulipes reprirent de la moutarde ; Et le vert émeraude devint une couleur luxueuse, distractive, une couleur d’addiction, de propositions diverses sur le point de  vue  de la morale  humaine matériellement visible dans l’au-delà du bien campagnard et du bal champêtre.
Nathan Bilezen n'en avait pas de femme et pas de mioches qui n’eussent pas  eu l’opportunité de vagir. Il en aurait jamais à répliquer « ma femme » dans la conversation virile d’homme à homme.  Puisque établir une possession personnelle d’un être vivant - par le simple fait de devoir apposer sa signature au bas d’un  contrat de margoulin – lui était répulsif, tout autant que posséder un chat -anti-panique et caressant- dans le lit, ou un chien -contemplatif et obéissant-  dans le canapé. Il ne pouvait pas dire non plus « ma maison » ; mais comme il était déjà suffisant d’avoir un toit, un toit assez pentu pour accueillir la pluie qui coule, et quatre murs en béton bien  dressés qui soutiennent le toit.
C’est donc loin d’une certaine Solitude silencieuse et déterminée que Nathan marchait sur la route, car il n’avait pas  de voiture- oisive et performante ; il gambadait  léger sur lui jusqu’à la gare, où la statue de la jeune fille n’était plus ce qu’elle était, après qu’elle eut adressé  sa fleur, dans le vide, à n’importe qui. Pour ce, nous eûmes  subodoré  un MP ( le message personnel) au bout de ce semblant d’échange, mai à vrai dire  nous ne sommes pas si sûre que ça de le traduire en Message Poli. Mais ça ne plait pas à n’importe qui qu’on lui adresse gratuitement  un œillet en bronze ; et la statue à l’apparence bobo Hippie a disparu de la vue, au voyageur en bus  qui eut pu préférer à la place, peut-être  une orchidée.
Cette route qui mène à la gare, presqu’une ligne droite,  est bordée de tilleuls dont les ramages se sont adaptés, par force émondage oblige, à l’étroitesse des trottoirs.
Aussi bien qu’il vient souvent à l’esprit de Nathan, empruntant cette rue, l’image d’un chandelier ménorah… qui s’immobilise par manque de bougie sur une commode Munichoise de 1730 en bois sculpté et doré, plaqué par le dessus d’un marbre brèche et   aux pieds terminés  en enroulement. Bien entendu, la commode est remplie de bocks à bière vides.
On était dans le mois de Février, Nathan n’était pas très hot  pour les sites communautaires, plutôt tiède, voire canard boiteux qu’est plus heureux  de pédaler sur la petite étendue d’eau ( non pas fixé de menuiserie rapporté- dans l’embrasure d’une baie, mais dont la baie est loin  d’être une échancrure donnant sur des fruits charnues à titiller d’une langue maléfique) que sur la terre meuble…
Sa Solitude…elle habitait avec lui un appart dans une ville de plus d'environ  cinquante mille âmes lestées de leur poids de corps. Un chiffre en progression himalayenne - à en croire la courbe  expressionniste où l’inconnu entre et sort en exposant son contrat de vie sociale... qu’il a déposé  dans une étagère négligemment revêtue de poussières dans ce qui fait bureau office pour la mémoire.  Sa solitude à Nathan, qui existait dans toutes les pièces fonctionnelles de son appart, était au courant de ses mœurs  et ne s’en offusquait pas, bien au contraire, elle opinait du chef, quand, par exemple, il regardait la neige qui tombait par la fenêtre écran…Alors, la fenêtre lui faisait barrage aux  sentiments emportées depuis la chaise où il était assis.
Sa solitude ne prêtait pas attention aux femmes qui eussent pu la contrarier, dans les dispositions qu’elle avait prises d’autorité quant au bien être en particulier de l’homme qu'était Nathan ; Elle  avait dit à l’oreille -de la perplexité- «  ne prend pas d’épouse, tu finiras par en avoir les poux ».
Sa perplexité à Nathan, qui lui donne  toujours bon conseil, lui était arrivé  un jour de perdu dans le fond sans espoir parmi la permanence  péremptoire des percussions en proie aux permutations pérennes... et se stabilisait dans la période où se perfectionne tant et si bien l’idée pernicieuse  du périssodactyle, qui est  ce mammifère ayant  perdu ses doigts  au jeux périlleux de la perle ...qui tombe depuis l’œil perméable  au péril dans la demeure ; et qui perd ne gagne pas ce que le perchiste persiste à pêcher de sa perche ; la perche qui va aussi bien  en l’air   que le poisson va à la barquette, et congelé.
Il n’avait eu de cesse que sa solitude rencontre sa perplexité - pour le divertir pendant les hivers trop longs et froids dans le bocal de sa vie - dans le même appartement où ils habitaient tous les trois. Mais en faisant chambres à part ; Sa solitude dormait à poings fermés  dans un lit clos, sa perplexité ne dormait que d’un seul œil dans un lit de gazon fleuri, et lui  dormait dans un lit arbitraire, un lit destiné à recevoir par extrait de suffisance les actes de l’état de charriage, intéressant  la  fatalité dans ce qu’elle avait d’existentielle au futur  continuellement toujours recomposé.

Sa perplexité, qui n’en loupe pas une, pour le contredire de ce que lui  dit sa solitude, lui avait chuchoté à l’oreille gauche les mots qu’elle avait compris, mais des mots qui furent à jamais transbahutés à travers le courant de ses pensées hasardeuses. Sa perplexité lui avait répété les mots quelle avait interprété de la solitude  «  si toi en avoir les poux, alors toi n'en a pas les pouvoir de les voir sur ta tête,  que les poux, eux  ils ont le pouvoir de t’épouvanter,  pignouf ! »
Cependant, il était bien traité  entre sa solitude et sa perplexité.
S’  il devait se comparer aux nombres de coqs avec l’ergot  ab ovo ( à partir de l’œuf) alors, col canto ( avec le chant) chi lo sa  par Bounine ?  ( Autrement dit : qui le sait que, dans le village de Louveciennes, Anaïs Nin a rencontré Tourgueniev,  en tant que voisin ?)
Bounine ( Ivan Alekseïevitch) écrivain russe né  à Voronej ( 1870-1953) fidèle au réalisme classique dans ses romans et nouvelles ( le village, 1909)
Un jour, dans le couloir sombre de l’appart, le téléphone sonna. Par habitude, Nathan savait qu’il allait à coup sûr répondre à la Publicité. La superbe et triomphante Publicité ;  Elle était cette acharnée  qui voulait à tout prix lui faite connaître les plaisirs à se satisfaire. Il se querellait souvent  avec elle, car il répondait  à coté de la plaque, mais elle ne lâchait pas le morceau pour autant ; il avait fini par s’y faire et, quand il écoutait cette voix machinale et décidée,  il lui répondait sur le même ton, ce qui déconcertait sa correspondante  qui finissait  par  lui raccrocher au nez.

Or, ce jour là, la voix au bout du fil n’était pas celle qu’il subodorât ; au contraire,  elle était douce et prévenante et courtoise et respectueuse, et à l’écoute de son interlocuteur, de plus  Nathan n’entendit pas les bruit de fonds habituels du plateau tournant, mais seulement le silence qui entourait la voix et qui semblait venir d’une profondeur insondable.
La voix de l’interlocutrice fit son chemin à l’intérieur de la caboche de Nathan, car la voix lui avait donné un rendez-vous, donné et pas vendu, un rendez-vous avec elle, quelque part dans un Paris monstrueux de tintamarre.
Sa solitude était secrètement d’accord avec Nathan, pour qu’il aille à ce rendez-vous de la providence, mais elle ne devait en aucune façon en causer à  la perplexité ; car Nathan  le savait, que celle ci  l’en empêcherait d’y aller, sous le prétexte fallacieux  qu’il ne savait pas ce qu’il voulait dans la vie ; il voyait bien ce qu’elle lui dirait, sa perplexité : «  tu te paumeras dans les poires, car c’était son expression favorite, et elle en savait beaucoup sur les fruits de la maturité ; mais ce qu’elle ne savait pas , c’est que la résolution avait mûrit dans la caboche de Nathan : il irait à ce rendez-vous coute que coute !  Et la résolution  lui mit le coude dans l’assiette de pâtes aux brocolis du midi, avec l’idée de partir sur le champ après la tarte aux pommes -cox et canada-  du dessert. Aussi bien " Je te laisse avec la perplexité " dit-il à sa solitude et il se leva; "vas-y, c’est ton destin qui t’appelle" lui répondit-elle ; «  et si tu restes ici avec nous, tu finiras comme un menhir dans la plaine !
Ne sachant que répondre à tant d’éloquence de la part de sa solitude, il s’enfuit de table et se trouvait déjà derrière la porte à attendre l’ascenseur. Aussitôt, sa solitude passa la tête dans  l’entrebâillement de la porte,  suivit par au dessus, de celle de sa perplexité toute étonnée, et qui lui dit «  ce serait dommage  que tu nous quittes ainsi, pour une Aventure sans lendemain  » …
Et Nathan prit l’ascenseur, et il se fit descendre par l’Ascenseur ! Car pour une fois, ce fut l'ascenseur qui l’avait rappelé.
C’est stupide et idiot de finir aussi bas, mais on n’abandonne pas sa solitude et sa perplexité pour une voix d’outre tombe …
Et le fantôme de Nathan marchait, marche encore et toujours  jusqu’à la gare.      
 

 
                  

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