BRULANTE MACHINATION-concours-

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BRULANTE MACHINATION

 

-Synopsis-

Suite au discours engageant de Richard, un nouveau venu dans leur bande d’amis, quatre jeunes hommes acceptent de se rendre chez une femme. Richard leur a décrit un être exceptionnel qui saura lire en eux, au contact de qui ils connaîtront un bonheur sans pareil. Cette créature mystérieuse habite de l’autre côté de la ville, là où personne n’aime aller traîner le soir.

Maïda est belle à se damner. Charmeuse et gourmande, elle paraît vivre hors du temps. Dès le premier soir, elle emprisonne dans son filet de séduction le plus timide des garçons, Cyril. Il va connaître dix jours de bonheur enivrant auprès d’elle, envoûté au point de s’éloigner de sa famille et de ses amis. Maïda fait de lui ce qu’elle veut.

Pourtant, c’est Patrice, le frère aîné du jeune homme, que la redoutable prédatrice convoite. Richard, qui vit auprès d’elle, est ulcéré en comprenant qu’il n’est plus le favori dans le cœur de cette femme qu’il adule.

Un jour, Cyril se rend chez sa maîtresse. Elle a été assassinée.

Les deux frères pensent aussitôt que Richard est le coupable. La police le soupçonne également. Mais il est introuvable.

Un soir pourtant, le fugitif retrouve clandestinement les deux frères. Il leur explique qui était Maïda, et ce qu’ils faisaient tous deux pour gagner leur vie et de quoi se fournir en poudre blanche.

Il ne voulait pas la tuer. Il l’aimait éperdument. Il ne comprend pas ce qui a pu se passer.

 Certains épisodes de la vie vous marquent à jamais.Au cours de l’existence, on s’aperçoit parfois que les faits ne sont pas aussi évidents qu’ils le paraissent.Que chacun doit vivre avec des secrets enfouis au plus profond de soi.

Il en est ainsi pour Richard, Cyril, et Patrice. Surtout pour Patrice.

                                                        - I -       

      La nuit. Ils sont cinq, installés autour d’un feu de camp près de la déchetterie, le lieu où ils se retrouvent pour discuter sans être dérangés. 

            - C’est la vérité! fait un petit blond au regard de musaraigne. Elle est dotée d’un pouvoir surnaturel! Si on a un problème, on va La voir, et sa seule présence apporte l’apaisement.

            Il observe un silence pour apprécier l’air fasciné de son auditoire.

            - Mais il faut avoir la Foi. Si tu ne crois pas en son pouvoir, elle le sent et refuse de te recevoir...

            Un garçon qui porte une casquette ricane.

            - Et si elle considère que tu vaux le coup, qu’est-ce qui se passe?

            Le petit blond se penche pour ranimer le feu.

            - Personne n’a le droit d’en parler. Mais ceux qui l’ont vue sont sortis de chez elle transfigurés.

            Trois de ses compagnons pouffent devant sa mine mystérieuse. Le cinquième de l’équipe, qui semble plus jeune, garde son sérieux et resserre les pans de sa veste d’un geste frileux.

            - C’est peut-être une sorcière, murmure-t-il.

            Les autres cessent de rire.

            - Mon pauvre Cyril! se moque celui à la casquette. Tu ne vas pas me dire que tu crois à ces âneries?

            Le blond sursaute.

            - Je ne vous ai pas menti, Patrice! Cette femme existe et a vraiment un pouvoir!

            Patrice éclate de rire.

            - Tu veux nous bluffer, Ricky!

            Les yeux de Richard brillent de colère.

            - Si vous ne me croyez pas, accompagnez-moi chez elle, demain soir. Vous verrez bien...

            Un silence s’établit. Puis Cyril pose une main timide sur la manche de Richard.

            - Moi je veux bien y aller.

            La chaleur du feu rosit ses joues imberbes. Il ressemble à un gros poupon.

            Patrice adresse à son frère un regard peu amène et soupire.

            - OK, je viens aussi, rien que pour rigoler!

            - Nous aussi, font les autres.

            Richard paraît soulagé.

            - Vous ne serez pas déçus. Rejoignez-moi ici, demain, vers dix-huit heures. Elle habite là-bas...

            Il indique les immeubles au loin.

            - C’est le mauvais côté de la ville, constate Cyril.

            Ricky le considère avec une mimique méprisante.

            - Vous quatre avez la chance d’avoir été pondus au bon endroit. Je te rappelle que je vis également du mauvais côté, comme tu dis.

            Patrice rompt la gêne instaurée.

            - Qu’importe d’où tu viens, Ricky, on est content que tu sois dans notre club de foot cette année!

            Il cligne de l’oeil pour appuyer son affirmation.

            Richard paraît ému. Mais il se reprend vite.

            - Il va pleuvoir. Allons-nous en.

            Ils se redressent. Ainsi campés autour du feu, on les croirait réunis pour un rite secret. Le vent se lève.

            - Alors à demain, même endroit, lance Richard en tournant les talons.

            Il s’enfonce dans l’obscurité et disparaît.

           

                                                       - II -

             Ils suivent Richard dans un dédale de ruelles. De temps en temps, l’un d’eux lance une plaisanterie, mais le coeur n’y est pas. Ils marchent sur des détritus, croisent des chiens efflanqués et sales.  Au coin d’une rue, une bande de jeunes à la mine triste les regarde passer sans mot dire.

            Richard avance à grands pas, sans jamais se retourner pour discuter.

            Cyril s’approche de son frère.

            - Je commence à regretter d’être venu, confie-t-il d’un air penaud.

            Il est en sueur, malgré le temps frisquet de cette fin de journée.

            - C’est pourtant toi qui y tenais! rétorque Patrice.

            Cyril ne répond pas. Il essuie son front d’un revers de manche et évite de justesse une crotte de chien étalée sur le trottoir.

            Richard s’immobilise devant une porte.

            - C’est ici.

            Les visages se lèvent automatiquement vers le troisième étage du vieil immeuble, le seul à montrer des fenêtres éclairées.

            Une sirène de police s’élève, stridente et pourtant lointaine.

            Richard paraît nerveux, tout à coup.

            - Il est encore temps de changer d’avis, les gars.

            Patrice sourit.

            - Tu cherches à nous faire peur, c’est ça?

            Richard hausse les épaules sans répondre. Il tend le bras vers l’interphone.

            - Attends! fait Patrice. Juste une question…

            Richard interrompt son geste.

            Patrice transpire à son tour. Pourtant, la nuit est maintenant tombée et un vent désagréable pénètre sous les vêtements.

            - Ricky, tu t’es déjà rendu chez cette femme, n’est-ce pas?

            Les autres retiennent leur souffle.

            Richard appuie sur le bouton. La porte se déverrouille aussitôt.

            - Oui, je la connais bien, admet-il.

            Ils gravissent l’escalier puis s’engagent dans un long couloir. Personne ne parle.

            Devant une porte, Richard s’arrête. Il se tourne vers ses compagnons, l’air un peu extasié.

            - N’oubliez pas ce que je vous ai dit. Il faut savoir lui plaire...

            Il entre. Encore un couloir, étroit et à peine éclairé. Au fond, une autre porte.

            - Elle est derrière, annonce Richard à voix basse. Elle vous attend.

            D’un geste ample, il ouvre.

            Les quatre amis pénètrent dans la pièce à la queue leu leu, l’un poussant l’autre parce qu’aucun n’est pressé d’avancer.

            Elle les attend, en effet, installée sur un divan oriental garni de coussins.

            Ils s’immobilisent, saisis. Loin de ressembler à une sorcière, la femme est magnifique. Sa peau est blanche comme le lait et sa chevelure noire d’ébène l’habille jusqu’à la taille. Ses jambes fuselées portent un collant doré qui les moule comme une seconde peau. Son buste est enveloppé dans une étoffe de soie noire, laissant deviner de beaux seins hauts et fermes.

            Un garçon réagit. Il donne un coup de coude dans les côtes de Patrice .

            - Si je m’attendais à cela! Je serais venu en courant!

            Il a cru parler doucement mais sa voix a résonné.

            La femme s’ébroue. Elle quitte le divan et s’approche.

            - Bonsoir, messieurs. Je m’appelle Maïda.

            Elle leur tend la main, esquissant un sourire chaleureux.

            - Richard, sers à tes amis un petit verre de liqueur, veux-tu?

            Elle s’est adressée au garçon sans même le regarder.

            - Vous connaissez Richard depuis longtemps? demande timidement Patrice.

            Maïda le fixe avec tant d’intérêt qu’il baisse les paupières. Elle pirouette devant lui devant lui sans répondre et se campe face à Cyril.

            Le jeune garçon la contemple avec adoration. Elle éclate de rire et caresse d’une main la chevelure de cet admirateur.

            - Toi, tu restes.

            Elle devient froide pour se tourner vers les deux autres, près de Patrice.

            - Vous, partez et ne revenez pas.

            Elle s’intéresse à nouveau à Patrice.  Il est aussi grand qu’elle et cette fois-ci, plonge hardiment son regard dans le sien.

            - Toi, tu n’es pas prêt, sourit-elle. Pas encore...

            Richard leur distribue à tous un petit verre de liqueur.

            - Heu, qu’est-ce qu’on fait, nous? interrogent les deux laissés pour compte.

            - Buvez et disparaissez, ordonne Maïda.

            Patrice intervient.

            - Ils s’en iront avec Cyril et moi.

            Maïda tressaille et ses pupilles se dilatent.

            - Ne me parle pas sur ce ton, JAMAIS!

            Patrice recule.

            Maïda se tourne vers Richard.

            - Dis-leur de partir! Je ne veux plus les voir!

            Richard désigne la porte.

            - Dehors! lance-t-il avec autorité.

            L’atmosphère est étouffante. Patrice avale d’un trait la liqueur qui le fait grimacer.

            Il saisit ensuite Cyril par une manche.

            - On s’en va...

            - Pas moi!

            Patrice soupire, agacé. Maïda est derrière lui, il sent son parfum. Mélange de patchouli et de musc.

            - Cyril reste, murmure-t-elle. Ne force pas le Destin, Patrice.

            - Je raccompagnerai Cyril chez toi, Pat, affirme Richard. Ne t’inquiète pas.

            Patrice hésite. Bien sûr, Cyril est son frère, mais après tout, c’est son problème s’il a envie de s’attarder ici. Il n’est pas sa gouvernante après tout.       De mauvaise grâce, il suit ses compagnons hors de la pièce, abandonnant Cyril.

             A SUIVRE...

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