ça brûle de partout

Apolline


Écrire par ici. Écrire dans l'noir. Écrire dans l'vide. Écrire avec la vacuité… ce rien qui m'apportera le plein. Ce plein d'amour-propre touché coulé broyé sous la divine colère endiablée, si profonde, mais débusquée enfin dans ses parcelles meurtrières. Le sentir à plein nez, le voir enfin, le reconnaitre maintenant ce tueur, cet envahisseur : avant-hier, il a rebondi trop lourd de bagages sur ma tête pour me sonner l'tocsin, écrasant ma nuque. Hier, il s'est réfugié dans la gueule d'un chien fou sautant ses pattes sur mes épaules pour me défier la gorge.

Écrire en feu. Écrire avec le feu. À brûler, à bouillonner, à l'état pur de droit. Écrire, tremper âme brûlée et corps fiévreux dans l'étang glacé. Écrire pour m'éteindre. Écrire pour ne plus jouer avec le feu et n'y voir que du feu. Balancer mes cendres… Écrire pour m'étreindre. Ne plus craindre, ne plus feindre, ne plus restreindre.

Écrire pour avouer la peur humaine de nous savoir encombrés de ce même tueur étranger, aveuglé de cruauté, de bestialité mortifère et incapable d'aimer.

Écrire pour enfin avouer ma peur véritable de ton volcan loin dedans mis en sourdine…

Écrire en grand et en réflexe sûrement :

COMMENT SE RETROUVER 

   

   Le choix possible de s'épouser corps et âmes, dans un lit de réelle tendresse, de concilier dans son entier notre Amour si propre si réconciliant, ou… encore malgré nous, se laisser refléter, absorber par ce qui nous a étouffés coulés broyés… Contaminés au même instinct naturel de tuerie sauvage contenue  face à des monstres alentours, des créatures carencées, de bassesses tristesses, ne visant qu'humiliations et destructions.

Ça brûle de partout…

   Mon choix peut-il se résoudre librement dans des baisers ardents, notre langue unique, notre retour chaleureux…  ou se loger encore dans nos prisons dedans pour tenir bon, surtout ne pas se laisser aller à la tentation d'exploser, d'en arriver à  tuer de nos mains ce qui nous a tués… ou pire, d'opter de mourir enfumée dans un lit trop chaud ou de se laisser tuer, se briser presque nu sur le carreau... Soyons vivants. Ne nous trompons plus ! Laissons les morts enterrer les morts.

   À feu et à sang, étang glacé, plonger au fond, débarras de boue et de lave, à chaud, à froid. Il ne me reste que ça.

Ça brûle de partout…

  

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