Cap'tain crook

Chris Toffans

Pour illustrer son ambition électorale, notre président a tenu à affirmer qu'il n'était pas du genre à quitter le navire au moment le plus critique, à l'instar de l'infortuné capitaine du Concordia. Cette comparaison plutôt mal inspirée ne revient-elle pas à avouer que le Paquebot France est en train de sombrer ?
Bien sûr qu'il est en train de sombrer. Nous avons eu la regrettable faiblesse de faire confiance à un marin d'eau douce, qui à grand renfort de discours fleuves a fait croire à tout le monde qu'il était capable de redonner son lustre d'antan à notre rafiot fatigué. Aveuglé par la lumière du pouvoir malgré ses ray ban qui protègent la vue tout en coûtant les yeux de la tête, Cap'tain bling-bling nous a mené en bateau sur toute la ligne. Le problème est que ses belles promesses sont vite tombées à l'eau. A force de garder la barre à tribord, on a forcément commencé à tourner en rond comme des sardines dans un bocal. Les électeurs qui pensent encore voter pour Sarko sont d'ailleurs identiques à ces poissons rouges sans cervelle qui reviennent toujours au point de départ en s'exclamant inlassablement 'Oh, c'est beau par ici !', 'Oh, cest beau par ici !'. Après avoir proposé à moindre frais des cabines de première classe à ses amis fortunés, le chef du gouvernaillement vient de proposer une nouvelle formule : faire ramer les galériens du RSA qui voudraient faire partie du voyage.
Pendant ce temps à babord, François le mousse à l'ambition débordante patine dans le flamby sur son pédalo submersible. Son équipe de bras cassés et de jambes de bois n'a pas été foutue de s'entendre sur la nage à suivre concernant le Mécanisme Européen de Stabilité. Le mot d'ordre était de naviguer entre deux eaux en jouant l'abstention, mais certains ont choisi de voter contre, histoire non pas de couler le projet mais au moins de 'toucher' le fonds de soutien aux pays de la zone euro.
Egalement désireuse d'aller barboter dans le grand bassin électoral, et surtout pas dans la pataugeoire du petit Mélenchon, Marine tente d'éclabousser l'actualité de scandales divers. Voguant avec dextérité sur une lame de fond xénophobe (et de forme hexagonale), elle prétend notamment que les Parisiens mangent du boeuf halal à leur insu. Elle se contrefiche par ailleurs de ceux qui n'ont pas les moyens de consommer de la viande, et à plus forte raison de ceux qui n'ont carrément rien à bouffer. Immédiatement contredite par les experts en la matière et par d'éminents membres de la profession, la maniaque de traçabilité ne compte pas en rester là. Chacun sait ses goûts tout relatifs pour les personnes de couleurs, et notamment dans le domaine de la politique où elle n'a jamais manifesté d'affection pour les rouges ou pour les verts. A ce titre elle envisagerait d'engager un nouveau procès lié à l'alimentation subie, ayant pour but de démontrer que certains consommateurs auraient pu ingurgiter des produits bio à leur insu. Aussi déterminée soit-elle, Marine Le Pen aura du mal à nous faire avaler un truc pareil...

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