Carpe Diem POUR LES NULS

Yannick Tiessé

Pour ma participation au concours sur le thème du bien-être, j'ai choisi d'aborder une expression latine qui, en deux mots, peut résumer un art de vivre à part entière : Carpe Diem.

Carpe Diem

POUR LES NULS.

  

► Tout ce que vous devez savoir sur le Carpe Diem.

 

►Sa mise en pratique concrète dans mon quotidien.

 

►La place que prend l'autre dans cet art de vivre.

 

►Mon corps, quel qu'il soit, source de plaisir.

 

►La notion du temps au cœur du Carpe Diem.

   

Yannick Tiessé,
Professeur de Philosophie et de Communication.

SOMMAIRE 

Introduction

PARTIE I : Une philosophie moderne depuis l'antiquité.

Chapitre 1 : Le Cercle des Poètes Disparus… « Caarpe Diieemm… » - 1989.

Chapitre 2 : Le Carpe Diem ancré dans notre patrimoine culturel.

Chapitre 3 : Surmontons les obstacles au Carpe Diem : inspirations stoïciennes et épicuriennes.

Chapitre 4 : La pleine conscience : polaroïd de l'instant T.

 

PARTIE II : L'autre au cœur de ma vie : vers un Carpe Diem altruiste.

Chapitre 5 : Plaçons l'autre au centre de nos préoccupations.

Chapitre 6 : Générosité et don de soi… se faire du bien au service des autres.

Chapitre 7 : Réapprenons la communication… « Allô, comment tu vas ? »

Chapitre 8 : Vivre les uns pour les autres, une utopie ? Pas sûr…

 

PARTIE III : Profiter de son corps : vers un Carpe Diem physique.

Chapitre 9 : Luttons contre la dictature du beau et mettons nos différences en avant.

Chapitre 10 : Soignons notre corps, ménageons notre monture.

Chapitre 11 : Faisons du sport un défi personnel.

Chapitre 12 : Retrouvons les origines de nos pratiques sexuelles.

 

PARTIE IV : Rythmer autrement notre vie : vers un Carpe Diem temporel.

Chapitre 13 : Alimentation : entre Slow Food et chrononutrition.

Chapitre 14 : Sieste : un art japonais qui gagne à être adopté.

Chapitre 15 : Le lâcher prise : une soupape nécessaire.

Chapitre 16 : La méditation : cultiver son jardin intérieur.

INTRODUCTION

 « Il ouvrit son manuel de géographie, prit un cahier et resta en arrêt devant la première page blanche. En grosses lettres capitales, il inscrivit sur toute la largeur :
PROFITE DU JOUR PRÉSENT
̶  Profite du jour présent ? C'est bien joli, mais comment ?
Avec un nouveau soupir de lassitude, il arracha la page, en fit une boule de papier entre ses mains et la jeta dans la corbeille. Puis, résigné, il se plongea dans son livre de géographie. »[1]

             Vous vous souvenez sans doute de cette scène du Cercle des Poètes Disparus… « Profite du jour présent » : tout un programme. Todd, le personnage « résigné », ne sait pas comment « cueillir les fleurs de la vie », autre traduction possible du Carpe Diem d'Horace. Il aurait fallu, pour cela, qu'il puisse consulter, lire ou dévorer un livre simple, pratique et complet…

Ce livre, je l'ai imaginé et vous l'avez entre les mains. Il s'agit du Carpe Diem pour les nuls.

Tout d'abord, à travers notre culture littéraire, artistique et philosophique, je vous propose de suivre l'histoire de ce concept qui tient en deux mots. Culture : littéraire, avec une poésie française et anglo-saxonne inspirée par l'urgence d'apprécier le temps qui passe ; artistique, avec un décryptage précis de ce qu'explique le professeur Keating dans le film de Kleinbaun ; philosophique, en consultant notamment Rabelais, Epicure, Thoreau ou Florence Servan-Shreiber.

Ces penseurs, très vite, nous amèneront à passer à la pratique avec des petits exercices permettant d'optimiser concrètement notre niveau de carpe diem. Pour ce faire, nous nous inspirerons non seulement des pensées stoïciennes, épicuriennes, hédonistes mais aussi de tout ce qui, dans les faits, se révèle pouvoir être efficace pour améliorer notre qualité de vie en toute conscience. Soyons pragmatiques et modernes.

A la Saint Sylvestre, au moment des échanges de vœux, j'ai entendu quelqu'un souhaiter à l'un de ses proches, je le cite : « un bon carpe diem ». Mais qu'est-ce que cela pouvait-il bien dire ? En y réfléchissant un peu, j'en suis venu à la conclusion qu'un bon carpe diem devait réunir tout ce qui pouvait favoriser la qualité de vie et la conscience de cette qualité de vie. C'est pourquoi, dans un dialogue avec vous, j'explorerai tout ce que l'on peut mettre en place pour vivre notre carpe diem à la hauteur des vœux ambitieux des fins d'années.

D'abord, puisque l'homme n'est pas fait pour vivre seul, nous chercherons, grâce à quelques techniques simples, à améliorer notre relation à l'autre. Ce monde individualiste nous incite à ne pas considérer l'autre à sa juste valeur. Quel dommage de se priver du regard de ceux avec lesquels je pourrai « cueillir l'instant ». Paradoxalement, nous n'avons jamais eu autant de moyens de communication… et en même temps, nous ne savons plus vraiment bâtir une communication de qualité, pleine d'échanges et d'écoute. Par ailleurs, je soulignerai la formidable satisfaction personnelle de mettre autrui au centre de nos vies. Bref, je vous conduirai, pas à pas, vers un carpe diem humaniste.

Ensuite, puisque le bien être n'est pas qu'une affaire de psychologie, nous ferons l'inventaire de tout ce qui peut nous permettre de mieux profiter de notre corps. Nous ferons le point sur la façon dont nous percevons et par conséquence directe, la façon dont nous apprécions notre corps. Cela nous libérera d'une dictature du beau qui, insidieusement, nous empêche d'être totalement bien dans notre peau. Je vous proposerai aussi quelques astuces pour prendre soin de notre enveloppe charnelle. Qui dit corps, dit « sport ». Une réflexion sur l'essence du sport comme facteur de bien être, nous conduira à privilégier tout ce qui ne traumatise pas nos corps. Qui dit corps, dit aussi « plaisirs sexuels ». Sans réinventer le Kamasoutra, nous dépolluerons la sexualité de ses influences sociales souvent plus contraignantes qu'excitantes. Bref, je vous conduirai, pas à pas, vers un carpe diem physique

Enfin, puisque nous n'avons plus le temps de prendre le temps, nous adapterons la cueillette de l'instant présent à nos vies empressées. Alors que le repas est une occasion propice aux bons moments partagés, nous ne savons plus apprécier ceux-ci. Nous aborderons grâce à l'alimentation, un art de vivre situé entre l'équilibre et la lenteur. Puis, nous nous inspirerons d'une tradition japonaise à laquelle on ne trouve que des avantages lorsqu'elle est correctement pratiquée : la sieste. Toutes ces activités s'inscrivent dans le cadre d'un concept moderne sur lequel nous ferons le point ; ce concept : le lâcher prise. Puis, à la manière des bouddhistes qui se préoccupent de l'éveil du corps et de l'esprit, nous ferons nos premiers pas sur les chemins de la méditation. Tous ceux qui la pratiquent n'en disent que du bien. C'est un autre moyen de suspendre le temps qui passe. Bref, je vous conduirai, pas à pas, vers un carpe diem temporel.

 

Au final, la lecture de ce livre devrait vous amener à changer certaines de vos pratiques habituelles et spontanées, pour les remplacer par un mode de vie plus réfléchi et davantage tourné sur l'appréciation de chaque instant qu'il nous est donné de passer sur cette jolie terre. Bonne lecture et bon Carpe Diem !

NOTES de l'introduction :

[1] N. H. Kleinbaun, Le Cercle des poètes disparus, Michel Lafon, 1990.

Chapitre 1

Le Cercle des Poètes Disparus - …Caarpe Diiemmm… - 1989.


̶ Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs, nous y voilà. Nous allons aller à la source de ce fameux concept du Carpe Diem. Pour beaucoup, cette philosophie ancestrale commence en 1989 avec un film mythique de Peter Weir : Le Cercle des Poètes Disparus[1]. En réalité seules quelques minutes de ce film exposent cette philosophie : quatre minutes seize pour être précis.Vous y voyez un professeur de littérature, le professeur Keating, définir ce qu'est la poésie. Observer bien la scène. Écoutez les dialogues. Puis on en discute juste après.

Un élève, de grosses lunettes assez démodées vissées sur le nez, lit un gros livre expliquant la meilleure façon d'évaluer de la poésie. A cette lecture, un professeur portant une veste d'un vert douteux, écrit des équations pour illustrer ce que l'élève s'efforce de lire. « C'est alors, disait l'élève, que vous saurez comprendre et donc savourer de la poésie. » A ces mots, l'enseignant se retourne sur la classe. Plan américain. Il lui sourit. Met les mains dans les poches de son pantalon, qu'on devine, pour signifier son contentement. Puis, à la surprise générale, commente calmement, en deux mots, ce que l'élève vient de lire et ce qu'il vient d'illustrer au tableau : «  De l'ex-cré-ment… » Plan sur la classe interloquée par ce commentaire. Et le professeur de continuer : « C'est tout ce que vaut le docteur John Pritchard. Il ne s'agit pas de mesurer de la tuyauterie. » A ces mots, un élève aux cheveux roux, barre d'un coup de crayon, ce qu'il vient de copier avec soin. Après quelques commentaires moqueurs du professeur Keating à propos de la méthode proposée par le manuel scolaire, on le voit en gros plan demander à ses élèves de déchirer la page. « Allez, arrachez-moi toute la page, allez… Vous m'entendez ? Déchirez-la ! Déchirez-la ! Allez… la page entière.» Quelques instants plus tard, la surprise laissant place à l'obéissance, un élève dénommé Monsieur Dalton, au dernier rang, déchire la première page de son livre de littérature. Les autres se retournent interloqués. Et le professeur ajoute : « Messieurs, j'ai une idée. Cette page ne suffit pas, arrachez toute l'introduction : qu'elle tombe aux oubliettes de l'histoire ! Qu'elle disparaisse ! La part du Diable ! Va-t'en J. Evans Pritchard, professeur agrégé ! Arrachez ! Déchirez ! Etripez ! Arrachez tout ! Je ne veux entendre que le son de la déchirure pritchardienne ! » Très vite les boulettes de papier emplissent la corbeille qui voyage dans la classe. A la fin de l'extrait, Keating est accroupi, les élèves penchés vers lui. Cela ne ressemble plus du tout à un cours normal. Le professeur leur explique : « … la médecine, le commerce, le droit, l'industrie sont de nobles poursuites. Elles sont nécessaires pour assurer la vie. Mais la poésie, la beauté, l'amour, l'aventure, c'est en fait pour cela qu'on vit. Pour citer Whitman : Ô moi ! Ô la vie ! Tant de questions qui m'assaillent sans cesse. Ces interminables cortèges d'incroyants, ces cités peuplées de sots. Qu'y a-t-il de bon en cela ? Ô moi ! Ô la vie ! Réponse : que tu es ici - que la vie existe et l'identité, Que le prodigieux spectacle continue et que tu peux y apporter ta rime… (silence) Que le prodigieux spectacle continue et que tu peux y apporter ta rime… (silence)Quelle sera votre rime ? » Fin de l'extrait. Lumière.

̶ Je vais noter vos commentaires. Je vous écoute… c'est quoi l'intérêt de cet extrait ?

̶ Oui ? L'esprit critique de Keating symbolisée par la réplique sans appel De l'excrément… Bien. Autre chose ?Vous, vous êtes plus sensible au discours sur l'amour, la beauté et l'aventure.

̶ Quoi d'autre ? Un autre élément ? Allez-y vous, derrière votre livre jaune… je vous écoute.

̶  L'intérêt, c'est la question que pose le prof à ses élèves parce qu'on peut se la poser aussi…

̶  Vous vous souvenez de cette question ?

̶  Quelle sera votre rime ? 

Je note cette phrase interrogative.

̶  Comment comprenez-vous cette métaphore ? Oui ?

̶  Cela veut dire que pour être heureux, il faut chercher ce qui va pouvoir nous rendre heureux… Être acteur de notre vie et donc, peut-être, de notre bonheur. Et quand on aura trouvé ce qui va nous passionner, on pourra ajouter une rime au poème,   enrichir l'histoire de l'humanité d'une histoire supplémentaire.

̶ Eh bien, vous venez précisément de résumer l'essentiel de ce que veut dire Whitman. Vous allez peut-être un peu trop loin ; quoi que… En tous les cas, il s'agit bien d'être ou de ne pas être[2]. De se réaliser ou pas. Sur ce point, vous avez entièrement raison. Quand on fait de la philosophie, à tout âge, à l'âge de faire des choix, cette question du bonheur se pose… Whitman vous pose la question, à vous, ici, maintenant : Quelle sera votre rime ? Le fait même de se poser la question, c'est déjà prendre les choses en mains. Être acteur de sa vie. Prendre les reines de notre propre existence et tenter de la diriger, et autant que faire se peut, dans une direction qui nous convienne, voire qui nous passionne ! Alors, la question suivante, c'est comment m'y prendre pour être heureux ? Voltaire, nous donne un élément de réponse grâce à une autre métaphore… quelqu'un s'en souvient ?

̶  « il faut cultiver notre jardin[3] »

̶  Ce qui veut dire ?

̶  Que nous avons en nous des capacités, des virtualités qui sont en jachère[4]… qu'il faut les repérer et les cultiver. ̶  Pour ?

̶  Pour être heureux…

Alors, maintenant, écoutez bien ce que conseille Keating à ses élèves dans le second extrait suivant.

Sur l'écran, le professeur, un dossier sous le bras reprenait ce que venait de lire un de ses élèves : « Cueillez sans tarder le bouton de la rose. En latin, on exprime ce sentiment en disant : Carpe Diem… Qui en connait la signification ? » L'élève roux, aux lunettes d'intellectuel, lève le bras : « Carpe Diem, c'est saisir le jour… »

L'extrait prend une épaisseur différente qui dépasse l'enseignement scolaire : les élèves écoutent Keating, debout dans le couloir de la prestigieuse académie de Welton, en ce début d'année 1959, devant des photos de classes encadrées, soigneusement accrochées au mur, ternies par le temps, photos en noir et blanc. Ils sont debout dans le couloir, surpris d'entendre derrière-eux leur professeur prendre une voix d'outre-tombe.

̶ ... Vous entendez ? Caarpee CaarpeeCaarpe Diiemmm… Sautez sur l'occasion les gars ! Donnez à vos vies un sens extraordinaire… »

Même silence dans le film que derrière ce livre... La proposition aussi inhabituelle qu'ambitieuse nous méduse tous. Dans le film et derrière ce livre... La philosophie du carpe diem prend enfin tout son sens. Dans le film et derrière ce livre...

̶ ... Alors, Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs, la question reste posée à chacun d'entre nous. A eux, à vous, à moi. Comment puis-je orienter ma vie pour lui donner de la valeur ? Un début de réponse à cette question est possible. Nos vies, la mienne, la vôtre sont souvent extraordinaires mais nous n'y prêtons pas attention. Nous sommes plus préoccupés par ce qui ne va pas, ce qu'on regrette ou ce que l'on voudrait, alors qu'il y a dans nos vies des bons moments, des sources de satisfaction et tout ce que la vie nous offre déjà. Je vais faire appel à deux penseurs français pour achever de nous convaincre. Le premier est une première : il s'agit de Florence Servan-Shreiber. Cette philosophe nous conseille de faire l'effort, chaque soir, de trouver trois sources de satisfaction dans notre journée écoulée. C'est un exercice facile et pourtant elle pense, et je veux bien la croire, que ce genre de petits réflexes positifs peut nous permettre de nous épanouir davantage. Au Bhoutan, par exemple, royaume bouddhiste de l'Himalaya, le gouvernement a mis en place le B.I.P, le Bonheur Intérieur Brut qui remplace notre P.I.B, le Produit Intérieur Brut. La richesse du pays d'après eux c'est la quantité de bonheur de chacun des habitants. Ils ont fait du bonheur un trésor et Florence Servan-Shreiber[5], elle, en fait une science, une habitude à prendre au quotidien… Deuxième philosophe, plus ancien : Rabelais au XVème siècle. Rabelais, homme de la Renaissance, est dans la tradition du Carpe Diem d'Horace[6] ou du cueillez votre jeunesse de Ronsard. A la question du bonheur, Rabelais nous donne ce conseil : il faut, dit-il, sucer la substantifique moelle de la vie… sucer la substantifique moelle de la vie[7]…

A ces mots, je vois les garçons sourire bientôt suivis par les filles toutes aussi malicieuses.

̶ ... Vous entendez ? Suuceez Suuceezsuceez la substantifique moelle de la vie … Sautez sur l'occasion les gars ! Donnez à vos vies un sens extraordinaire… »

 

Le chapitre un est bientôt terminé. Vous allez pouvoir faire une pause avec cette voix d'outre-tombe en tête vous susurrant « Suuceez Suuceez… ».

Vous venez de comprendre l'intérêt de la philosophie qui est là pour nous faire gagner du temps. Un gain de temps considérable puisque c'est du temps de bonheur. « Etre heureux c'est savoir qu'on l'est. [8]» a dit un jour un aventurier qui vivait sa passion. Allez dire à un piéton que marcher c'est du bonheur. Ou à un élève que l'école c'est du bonheur. Ou à un vivant qu'être en vie c'est du bonheur. Et bien ce livre que vous tenez entre vos mains doit réussir cette prouesse ! Savourez chaque instant comme s'il était spécial.

Maintenant c'est à vous de jouer. Notez ci-dessous trois instants agréables que vous avez vécus depuis ce début de journée. Faites ce que Christophe André appelle sa rumination positive[9], nous rappelant au passage, qu'« il est merveilleux d'être simplement en vie[10] » :

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N.B : la lecture de ce premier chapitre peut être considérée comme un petit bonheur digne d'apparaître dans votre liste…


NOTES  du Chapitre 1 :

[1] Vous trouverez une très bonne analyse de ce film sur : www.odysseeducinema.fr

Existe aussi en roman : N. H. Kleinbaun, Le Cercle des poètes disparus, Michel Lafon, 1990.

[2]« To be, or not to be : that is the question », “être ou ne pas être, telle est la question ?”, Hamlet, Shakespeare, 1601.

[3] "Il faut cultiver son jardin", Candide ou l'Optimisme, Voltaire, 1759.

[4] Terre agricole laissée en friches.

[5] 3 kifs par jour, Florence Servan-Shreiber, 2013.

[6]  Horace est un poète latin né à Vénose dans le sud de l'Italie, en 65 av. J.-C. et mort à Rome en 8 av. J.-C. Carpe diem est une locution latine extraite d'un poème de Horace que l'on traduit en français par : « Cueille le jour présent ».

[7] « Rompre l'os et sucer la substantifique moelle. »Prologue de Gargantua, 1552.

[8] Sylvain Tesson, Dans les Forêts de Sibérie, 2011.

[9] Interview Version Fémina, janvier 2016.

[10] Idem.

Chapitre 2 

Le Carpe Diem ancré dans notre patrimoine culturel.


̶ ... Le Carpe Diem est un concept, un art de vivre, issu principalement de la poésie. Il a régulièrement été évoqué par les vers des poètes et, ensuite seulement, commenté par la prose des philosophes.

Le premier à utiliser cette expression latine est Horace, au premier siècle av. JC. Dans l'Ode XI, il écrit ces vers à la jeune Leuconoé[1] :

Carpe diem quam minimum credula postero [2]

Que l'on traduit communément par :

Cueille le jour présent sans te soucier du lendemain.

Il est amusant de constater que ce   Carpe diem a donné du fil à retordre aux traducteurs. Ainsi, Jean Schumacher[3] propose :

Cueille le jour, le moins possible confiante au lendemain.

Tandis que Leconte de Lisle[4] choisit :

Cueille le jour, et ne crois pas au lendemain.

Et que le Comte Ulysse de Séguier[5] préfère :

Cueille le jour, sans croire au lendemain.

Bref, au quotidien, Carpe Diem se traduit simplement par :

Profite de l'instant présent.

Par ailleurs, le poème d'Horace, devenu mythique grâce à l'alliance de deux mots intraduisibles,  a lui aussi connu diverses versions.

Pour ma part, je ne peux résister au plaisir de vous faire entendre la magnifique adaptation moderne de Gilles Simard Ph.D :

Pourquoi cherches-tu l'impossible  en voulant à tout prix  connaître d'avance  ce que la vie nous réserve à toi et à moi ?
Quoi qu'il puisse nous arriver,  la sagesse n'est-elle pas  de nous soumettre chacun à notre sort ?
Que la vie te réserve encore bien des hivers  ou, au contraire,  que tu sois en train d'en vivre le dernier  - celui-là même qui, en ce moment,  éreinte les vagues de la mer  à l'assaut des rochers -  crois-moi,  ne change rien à tes occupations  et, dans un cas comme dans l'autre,  n'escompte jamais vivre plus loin  que le jour où nous sommes.
Déjà, tandis que nous parlons,  le temps impitoyable aura fui.
C'est aujourd'hui qu'il faut vivre.  Car demain reste pour toi  ce qu'il y a de moins sûr. [6]

Ce thème du temps qui passe est un lieu commun en poésie. On connaît bien sûr Ronsard qui compare nos vies à celles éphémères des roses :

Cueillez, cueillez votre jeunesse : Comme à cette fleur la vieillesse fera ternir votre beauté. [7]

Ronsard qui renchérit quelques années plus tard en scandant :

Vivez, si m'en croyez, n'attendez à demain : Cueillez dès aujourd'hui les roses de la vie. [8]

Les fans du Cercle des Poètes Disparus ont sans doute noté que c'est par la lecture des vers de Robert Herrick, dédiés « aux Vierges, pour qu'elles profitent du temps présent[9] », que le professeur Keating introduit sa leçon sur le Carpe Diem. Voici ces vers :

Cueillez dès maintenant les roses de la vie
Car le temps jamais ne suspend son vol
Et cette fleur qui s'épanouit aujourd'hui
Demain sera flétrie. [10]

Keating aurait tout aussi bien pu citer un autre poète anglais du XVIIème, Andrew Marvell, qui prévient « sa prude maîtresse » qu'il faut prendre du plaisir tant qu'il est encore temps car :

 j'entends sans cesse
Le char ailé du Temps qui presse [11]

Mais l'origine poétique de ce Carpe Diem est déjà présente dans l'expression latine collige, virgo, rosas, retrouvée dans Les boutons de roses d' Ausone[12] :

Jeune fille, cueille la rose, pendant que sa fleur est nouvelle et que nouvelle est sa jeunesse,
Et souviens-toi que ton âge est passager comme elle. [13]

On la retrouve aussi dans La Sagesse de Salomon qui propose de profiter de nos vies puisque rien, d'après lui, n'est prévu après notre mort :

Couronnons-nous de roses avant qu'elles ne fanent. [14]

Enfin, je tournerai la page poétique avec ces vers de Catulle[15] :

Les rayons du soleil peuvent mourir et renaître ;
pour nous, une fois que la brève lumière s'est éteinte,
c'est une seule nuit éternelle qu'il faut dormir. [16]

Vous vous en doutez, la philosophie s'est emparée de cette volonté de profiter de chaque seconde. Je ne citerai qu'un auteur pour une simple et bonne raison, c'est que les élèves commencent chaque séance du« Cercle des Poètes » par la lecture d' Henry David Thoreau qui, en 1854, écrit dans Walden :

Je m'en allais dans les bois parce que je voulais vivre sans hâte. Je voulais vivre intensément et sucer toute la moelle de la vie. Mettre en déroute tout ce qui n'était pas la vie, pour ne pas découvrir, à l'heure de ma mort, que je n'avais pas vécu.

Cette citation bouleversera les élèves du film et continue aujourd'hui à inspirer bon nombre d'hommes et de femmes qui y voient la route à suivre, le secret convoité, la clé du bonheur.

Je vous propose pour terminer un petit quizz portant sur le Carpe Diem dans notre culture moderne. OK ?

Alors qui nous dit un peu comme Salomon :


Aimons-nous vivants N'attendons pas que la mort nous trouve du talent ? [17]

 

Qui reprend cette même idée en chantant :


Chante la vie chante Comme si tu devais mourir demain Comme si plus rien n'avait d'importance Chante, oui chante Aime la vie aime Comm' un voyou comm' un fou comm' un chien Comme si c'était ta dernière chance Chante oui chante ? [18]

 

Quel duo se pose cette question :


Si on devait mourir demain Qu'est-ce qu'on ferait de plus, Qu'est-ce qu'on ferait de moins ? [19]

 

Deux réponses possibles pour cette question. Qui reprend l'image de la rose en chantant :


On est bien peu de choses Et mon amie la rose Me l'a dit ce matin A l'aurore je suis née, baptisée de rosée Je me suis épanouie, heureuse et amoureuse Au rayon du soleil Je me suis fermée la nuit, Me suis réveillée vieillie Pourtant j'étais très belle Oui j'étais la plus belle Des fleurs de ton jardin. [20]

 

Plus difficile. Qui entonne ces vers de Raymond Queneau sur une musique de Joseph Kosma :

 

Si tu crois petite si tu crois ah ah que ton teint de rose ta taille de guêpe tes mignons biceps tes ongles d'émail ta cuisse de nymphe et ton pied léger si tu crois petite xa va xa va xa va va durer toujours ce que tu te goures fillette fillette ce que tu te goures ? [21]

 

Bravo ! C'est un score honorable !

Vous l'aurez compris, le Carpe Diem est ancré dans notre culture contemporaine : noms de restaurants, d'entreprises ou d'associations, blogs, tatouages, cadrans solaires ou motifs architecturaux reprennent cette expression qui nous invite à aller à l'essentiel.

NOTES  du Chapitre 2 :

[1] Selon Bernard Klein (La cuisse de Jupiter, Librio 2006), « ce poème s'adresse à Leuconoé, dont le nom est celui d'une fille de Mynias qui, ayant préféré rester chez elle à filer la laine au lieu de participer aux fêtes du culte de Dionysos, le dieu du vin, en fut punie par ce dernier : elle et ses sœurs furent transformées en chauves-souris. »

[2] Odes, I, 11, 8 « À Leuconoë », 23 ou 22 av. J.-C..

[3] Jean Schumacher Itinera Electronica de l'Université Catholique de Louvain à Louvain-la-Neuve.

[4] Poète français 1818-1894

[5] Traduction de 1883 in Horace, Odes, Épodes et Chants séculaires.

[6]Traduction et adaptation moderne de Gilles Simard Ph.D. Tous droits réservés, in legrenierdebibiane.com

[7] Ronsard,  « À Cassandre », Odes, I, 17, 1524.

 [8] Pierre de Ronsard, Sonnets pour Hélène, 1578

[9] To the Virgins, to make much of time, In Hesperides, 1648.

[10] Gather ye rosebuds while ye may,

Old Time is still a-flying;

And this same flower that smiles today

To-morrow will be dying. In The Norton Anthology of Poetry, Third Edition, 1983.

[11] A sa prude Maitresse traduit par Louis Lanoy, in XVII-XVIII. Bulletin de la société d'études anglo-américaines des XVIIe et XVIIIe sièclesAnnée 1986 Volume 23 Numéro 1.

[12] De rosis nascentibus. Ausone est un poète qui enseigne également la rhétorique. Né à Bordeaux en 310 et mort en 395.

[13]collige, virgo, rosas dum flos novus et nova pubes, et memor esto aevum sic properare tuum. In Œuvres Complètes d'Ausone, Traduction nouvelle par E-F. Corpet, Tome second, Paris, 1843.

[14]In La Sagesse de Salomon: Recueil d'études, par Gilbert Maurice, Gregorian and Biblical Press, 2011.

[15] Poète romain, né en 84 av ; JC ; mort en 54 av. JC à Rome.

[16] Soles occidere et redire possunt ; nobis cum semel occidit brevis lux, Nox est perpetua una dormienda. In Elégies, 5.Traduction www.remacle.org

[17] François Valery en 1989.

[18] Michel Fugain en 1993.

[19] Natacha St Pier et Pascal Obispo en 2004.

[20]Françoise Hardy en 1964 et Natacha Atlas, en 1998.

[21] Juliette Gréco en 1983.

 

Chapitre 3

Surmonter les obstacles : inspirations stoïcienne et épicuriennes.


 ̶ Oui, je vous écoute...

̶ Mon cher Monsieur, comment peut-on « profiter de l'instant présent » si des obstacles nous empêchent d'être libres ?

̶ La question est sérieuse. Ce que je vais vous répondre, ce sont les stoïciens[1] qui, grâce à une lecture moderne, peuvent nous le suggérer :

Devant un obstacle, tu peux toute ta vie, te plaindre, le subir, ne pas te sentir libre et par conséquent ne pas être heureux. Tu es, dans ce cas, incapable de pouvoir profiter de l'instant présent. Ton énergie se concentre, au contraire, sur ce qui t'empêche d'être bien. Marc Aurèle[2] nous explique que la solution se trouve dans notre capacité à juger ce qui nous arrive :

Je ne peux du moins m'empêcher de juger. (…) Si quelque objet du dehors te chagrine, ce n'est pas lui qui cause ton chagrin, c'est le jugement que tu en portes, et il ne tient qu'à toi de l'effacer sur le champ de ton âme.[3]

Nous sommes, d'après lui, capables d'analyser l'obstacle, de le comprendre et de l'accepter comme si nous l'avions nous-mêmes choisi. C'est une gymnastique mentale. Une pirouette intellectuelle. En acceptant l'obstacle, en le faisant mien, je le désamorce. En l'intégrant, on se libère.

̶ Vous y croyez, vous ?

̶ Oui. Par contre, c'est tout sauf facile. Et je pense que cela peut prendre du temps. Quoi qu'il en soit, vous remarquerez qu'il existe toujours un écart entre la théorie et la pratique. Cette théorie stoïcienne n'échappe pas à la règle… l'essentiel, selon moi, c'est de connaître la théorie et essayez de l'appliquer. Tendre vers cet idéal.

J'ai un exemple. Connaissez-vous Philippe Croizon ? Je vous donne un indice : vous avez tous forcément entendu parler de cet homme.

̶ C'est un philosophe ?

̶ Si on veut. Je dirai qu'il a mis en pratique la théorie dont on vient de parler. Et c'est en cela que Croizon est exemplaire.

̶ Un sportif ?

̶ Oui, c'est la bonne réponse. Philippe Croizon, parmi tous ses projets fous, a par exemple réussi la performance incroyable de relier les cinq continents à la nage. Il a également traversé la manche et, au Dakar, on l'a aussi vu piloter son buggy de 340 chevaux. Ce que vous ne savez peut-être pas, c'est qu'à la suite d'un accident, une électrocution, Philippe Croizon a été amputé des bras et des jambes. C'est donc sans ses quatre membres qu'il est parvenu à réaliser ces exploits.

Ce qui est impressionnant et intéressant pour nous, c'est que non seulement Croizon[4] a dû intégrer son handicap mais que celui-ci l'a amené à se surpasser physiquement et mentalement. Vous voyez, il est parvenu à relier théorie et pratique. Oui ? Une autre question ?

̶ Ce qui, nous, nous handicape pour savourer chaque moment… c'est quoi ? On en veut trop ? On n'est jamais satisfait ? Il nous en faut toujours davantage ?

̶ Je pense que le rythme de nos vies modernes intensifie un phénomène qui nous empêche, comme vous le dites, de savourer notre présent. Ce phénomène, c'est la projection dans le futur. « Vivement ce soir », « vivement les beaux jours », « vivement le week-end » et que dire du « vivement la retraite ! » ? Cette projection commence dès notre jeunesse : « vivement la récréation », « vivement mon anniversaire », « quand j'aurai 18 ans », « quand je travaillerai », « quand j'aurai mon permis », etc.

Horace, dans la droite lignée d'Epicure[5], nous invite dans son Carpe Diem à nous « contenter de ce que l'on a, au moment où on l'a.[6] » C'est d'ailleurs ce qui faisait dire à David Lebreton lors d'une conférence[7] sur l'épicurisme :

Pour bien des mortels, le bonheur est un état futur… un état auquel nous parviendrons, quand nous aurons fait ceci…quand nous aurons obtenu cela… Le temps d'être heureux est toujours à venir, toujours différé. Je serai heureux : demain… C'est stupide, dit Horace, d'abord parce que demain ça n'existe pas… demain est sans cesse repoussé à plus tard… c'est aujourd'hui qui existe, c'est aujourd'hui que je vis et c'est aujourd'hui que le bonheur doit arriver. Pas demain. Et dans le poème d'Horace, cela donne ce vers : « N'encombre pas ta courte vie de longues espérances. »

Vous me demandiez si le problème venait qu'on en demandait trop ? Je serais tenté de répondre oui. Notre aspiration à un bonheur futur parfait nous empêche de profiter du présent. Mieux valent des petits bonheurs simples mais effectifs, dans mon présent… que des bonheurs ambitieux mais fictifs, dans un futur fantasmé.

David Breton, dans la conférence donnée à l'Université de Nantes, cite Blaise Pascal qui lui-même dans ses pensées avait constaté ce phénomène de projection dans le futur qui nous empêche de profiter du présent :

Ainsi, nous ne vivons jamais, mais nous espérons de vivre…

Avant de passer à un petit exercice pratique, je vais vous lire la traduction d'André-Comte Sponville[8] des quelques vers du poème d'Horace qui justifient le Carpe Diem. A la lumière de ce que nous venons de dire, ces vers vous parlerons autrement :

Tu ne sais quelle fin les dieux t'ont assignée,
Ni à moi ; l'avenir nous est inconnaissable ;
Nul astre ne le dit. Mieux vaut supporter tout,
Quoi qu'il arrive, hivers innombrables ou bien
Celui-ci seulement, peut-être le dernier.
Filtre plutôt tes vins ; notre vie est trop brève
Pour de trop longs espoirs. Nous parlons, le temps fuit :
Cueille ce jour, n'attends pas trop du lendemain.[9]

 

Enfin, je vais vous demander de noter ci-dessous trois choses qui en ce moment vous chagrinent… trois choses qui vous empêchent d'être vraiment bien. :

□ …………………………………………………………………

□ …………………………………………………………………

□ …………………………………………………………………

C'est fait ?

Eh bien, désormais, puisque ces éléments sont identifiés… que vous vous en êtes libérés en les déposant sur du papier… que vous avez, en plus, conscience de l'importance de tout ce qui va bien, à côté de cela, dans votre vie présente… vous pouvez refermer ce chapitre qui s'achève et profiter pleinement de l'instant ! Bon Carpe Diem !

NOTES  du Chapitre 3 :

[1] Le stoïcisme est une école philosophique fondée au IIIe s. avant J.-C.

[2] Empereur romain et philosophe (121 – 180 après JC).

[3]In Pensées pour moi-même.

[4] Croizon a écrit : J'ai décidé de vivre,  Jean-Claude Gawsewitch Éditeur,‎ 2006;J'ai traversé la Manche à la nage, Jean-Claude Gawsewitch Éditeur, 2012 ;Plus fort la vie Éditions Arthaud, 2014.

[5] Philosophe grec (342 av. J.-C.- 270 av. J.-C).

[6] Formule efficace trouvée sur le site http://maprofdelettres.weebly.com

[7] Conférence intitulée « Carpe Diem, pour dissiper quelques malentendus » visible sur :   https://www.youtube.com/watch?feature=player_embedded&v=COkddt-9_1Y

[8] In Dictionnaire philosophique, © Éditions PUF, 2013.

 [9] Horace, Odes, livre I.

  • Pour vous avoir eu pendant 3 ans, on vous reconnait parfaitement dans votre livre avec des références que vous nous avez donné en cours comme Marc-Aurèle et évidemment le cercle des poètes disparus.
    En plus d'être un prof au top, vous êtes un écrivain au top également ;) !
    En attendant impatiemment une suite, bonne continuation Mr Tiessé :)

    · Il y a plus de 8 ans ·
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    Anne Charlotte Gljwski

  • Votre livre est d'une beauté magistrale !
    Vos élèves doivent avoir un très bon cours bien construit!
    Je vous félicite énormément et vous souhaite une bonne continuation ! J'espère retrouver votre livre dans les librairies !

    · Il y a plus de 8 ans ·
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    Jules Canoen

  • Au top, j'espere qu'on aura la chance d'avoir une suite tout autant philosophiquement intéressante.

    · Il y a plus de 8 ans ·
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    Edouard Mateja

  • Cest magnifique ,je suis en extase devant ces beaux chapitres ,continuez comme ça!¡

    · Il y a plus de 8 ans ·
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    Thomas Henguelle

  • Votre texte me fait penser à mon ancien prof de philo et de français, il nous a beaucoup parlé du "Cercle des poètes disparus", qui est un excellent film au passage...
    ...
    Plus sérieusement, je suis très confiante pour votre texte ! ;)

    · Il y a plus de 8 ans ·
    Alex teuscher new york 4

    Valentine Paillez

  • très chouette, bonne chance

    · Il y a plus de 8 ans ·
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    karinette

    • Merci Karinette. Bonne chance à toi également ;)

      · Il y a plus de 8 ans ·
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      Yannick Tiessé

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