Cloud Atlas. Cartographie d’une migraine annoncée.
daniel-m
Cloud Atlas est un film que j'ai vu sous l'insistance de mes filles qui avaient bien sur adoré ! J'ai donc profité de ma médiathèque pour voir ce film « trop bien » en dvd, tranquillement installé chez moi, sur mon canapé, un dimanche après midi. J'avais bien entendu aménagé le créneau horaire puisque ce film ne dure pas moins de trois heures !
Synopsis...
À travers une histoire qui se déroule sur cinq siècles dans plusieurs espaces temps, des êtres se croisent et se retrouvent d'une vie à l'autre, naissant et renaissant successivement… Tandis que leurs décisions ont des conséquences sur leurs parcours, dans le passé, le présent et l'avenir lointain, un tueur devient un héros et un seul acte de générosité suffit à entraîner des répercussions pendant plusieurs siècles et à provoquer une révolution. Tout, absolument tout, est lié. (allociné)
L'avis général du public.
Inspiré du roman « la cartographie des nuages » de David Mitchell (2004), ce film a été réalisé par Andy et Lana Wachowski (Matrix, V pour vendetta) qui on fait équipe avec le cinéaste allemand Tom Tykwer à qui l'on doit notamment l'adaptation du roman « le parfum ». Sorti dans les salles françaises en Mars 2013, le film qui a couté environ 100 000 000 de dollars a fait un peu moins de 500 000 entrées chez nous. On peut dire que le film a été hélas largement boudé à la vue de l'ampleur de la tâche de réalisation qu'il évoque et de son investissement. Pour ceux qui l'ont vu, c'est presque un cinq étoiles unanime et pour les critiques « presse et spectateurs » l'on peut qualifier sans se tromper la critique de dithyrambique et d'exceptionnelle.
Toujours selon l'avis général, ce film est une réussite et certains le qualifient même de film le plus abouti du septième art, qu'il sera très difficile de faire mieux après Cloud Atlas etc …
Plusieurs histoires ayant toutes plus ou moins le même fil conducteur, se déroulant à des époques différentes et en d'autres lieux pour chacune d'elles, nous amènent à de grosses morales et des déductions métaphysiques sur l'importance de nos agissements. Que nos vies antérieures ou futures, peu importe où, quand et comment, sont intimement liées. Que nos actions, bonnes ou mauvaises (selon nos vies) interagissent sur le déroulement global de l'univers et du cosmos. Une sorte d'effet papillon à l'envers avec un zeste de théorie de la relativité en somme. Comme d'habitude, la famille Wachoswski ne manque pas de s'interroger sur la société de consommation, les conséquences finales de notre progrès insatiable, notre condition, le joug de la politique, la servitude etc. Visuellement et esthétiquement aussi, ils en font des tonnes … Et comme d'habitude ils le font énormément !
Ce film a donc fait l'unanimité et a été classé dans les chefs d'œuvres hélas incompris (un de plus) du cinéma contemporain. Cloud Atlas (durée 2 heures 50'') peut donc se targuer d'être un de ces rares films qui récoltent un quasi cinq étoiles tous publics confondus et ce n'est pas rien car cela est extrêmement rare. Je vais donc vous donner mon ressenti après le visionnage et j'ai bien peur de décevoir les 98 % qui ont adoré ce film. Mais il ne s'agit là que de mon humble opinion. De grands statisticiens on tout de même découvert que la popularité de ce film décroissait en même temps que l'âge des spectateurs augmentait. C'est donc peut être parce que je suis simplement trop vieux pour ces conneries, que ce film ne m'a pas plus emballé que cela. Je vais donc essayer d'argumenter ma petite déception dans …
Ma chronique de « Cloud Atlas ».
Je dirais d'emblée que pour moi Cloud Atlas est au cinéma ce que la cochonnaille traditionnelle d'Alsace est à la cuisine diététique internationale (ça c'est fait). Ce n'est pas que ce soit mauvais, bien au contraire, mais c'est extrêmement lourd, et ce à tous les niveaux. Tout d'abord ces cinq histoires différentes qui se déroulent à des époques différentes (sur des planètes différentes pour certaines, on ne sait pas trop) et qui ont toutes un centre ou un dénouement commun. Lourd, surtout que le spectateur se tape les séquences hachées et imbriquées de ces cinq ‘nouvelles' qui n'en sont pas vraiment durant toute la longueur du film. Cela m'a fait penser à la technique utilisée dans le feuilleton inter-minable « les feux de l'amour » (pardon pour la comparaison) où les histoires morcelées de différents personnages s'emboitent en un seul scénario. Cela m'est juste insupportable, alors pensez sur presque trois heures !
Les acteurs, qui pour la plupart sont les mêmes dans les différentes histoires, rendues crédibles à gros coups de maquillages et de postiches, sont tous excellents, on ne le discutera pas. Même si le travail est génial, encore une fois c'est lourd et presque ridicule par moments et ni Tom Hanks, ni Hugh Grant n'arriveront à le rattraper. La belle et talentueuse Halle Berry a elle beaucoup de mal à être vraiment présente et encore moins crédible et s'en est presque désolant.
Mais la cerise confite sur le MacDo, ce sont bien ces considérations philosophiques auxquelles il faut tout d'abord adhérer et qui sont dignes de Michel Drucker et de Danielle Gilbert réunis, sur le devenir de l'humanité qui, présentées de manière pompeuses, voire prétentieuses, s'effondrent à la fin dans un tout ça pour ça décevant ! Chute qui laisse le spectateur un peu dubitatif. Spectateur qui doit dans le même temps gérer sa vessie et sa prostate, organes qui sont à deux doigts d'exploser après pas loin de trois heures de film où l'on n'ose pas se lever de peur de ne définitivement plus rien comprendre à tout ça. Heureusement, le dieu Sony a inventé le bouton pause de la zapette ! Je n'ose pas penser à ces milliers d'adolescents qui sont allés voir le film en salle après un diner au fast food le plus proche, arrosé d'un double maxi-coca. Cela a du être un véritable cauchemar.
Ce film a bien évidemment de nombreuses qualités et il se laisse regarder (la preuve, j'ai tenu jusqu'au bout). La première question que se pose bien sur le spectateur est de savoir où tout cela veut en venir, car au début on ne comprend absolument rien, mais il parait que c'est normal (je suis rassuré). Le travail de montage est une véritable prouesse, les décors, les costumes, le jeu authentique des acteurs, des dialogues particulièrement raffinés, la musique majestueuse. Les réalisateurs associés de ce film ont pensé à a peu près tout sur ce coup là, sauf au … spectateur.
Au-delà de la mise en scène complexe, de l'aspect esthétique indiscutable de l'ensemble et de la valeur philosophique harlequinienne plutôt sympa et un brin alambiquée que ce film inspire, Cloud Atlas reste un constat optimiste et ambitieux sur notre devenir et sur nous même. D'un côté purement cinématographique, c'est un film osé et ambitieux qui bouscule les standards. Perso, je n'ai pas vraiment accroché, mais cela me regarde. Alors à vous de juger si vous avez trois heures à perdre et trois heures de plus à vous questionner, devant un verre de boisson fortement alcoolisée de préférence, sur votre passé, votre avenir et surtout sur celui de vos progénitures tout en vous demandant si vous avez tout bien compris le film.
Cloud Atlas, est quelque part un réel chef d'œuvre que je vous encourage malgré tout à voir. Il est dommage qu'il souffre et qu'il souffrira encore longtemps d'un manque d'accessibilité au « grand » public, (ça veut dire en clair qu'il ne faut pas prendre les gens pour les blaireaux qu'ils ne sont pas en leur faisant croire que çui qu'il a fait le film il est plus intelligent que çui qui l'a regardé), ceci étant dû à une lourdeur que personne ne pourra contredire et à l'égocentrisme exacerbé et avéré de ses réalisateurs et c'est fort dommage. On regrettera également paradoxalement le côté trop léger et surfait des réflexions sur les vies futures et antérieures, l'éternité de son « moi » complètement à l'image de ceux qui ont pondu ce truc en pensant à eux avant de penser à leur public. Cela dit, il parait que la création est un acte solitaire et violent. Mais ce n'est que mon avis et libre à vous de le voir et de l'apprécier ou non … 98 % des spectateurs ont aimé, moi ça m'a saoulé !
Tom Hanks est Dr. Henry Goose/Isaac Sachs/Dermot Hoggins/Interprète de Cavendish/Zachry
Halle Berry est Femme indienne/Jocasta Ayrs/Luisa Rey/Invitée indienne/Ovid/Meronym
Jim Broadbent est Le Captain Molyneux/Vyvyan Ayrs/Timothy Cavendish/Musicien coréen/Prescient 2
Hugo Weaving est Haskell Moore/Tadeusz Kesselring/Bill Smoke/L'infirmière Noakes/Boardman Mephi/Vieux Georgie
Jim Sturgess est Adam Ewing/Client d'hôtel pauvre/Père de Megan/Montagnard/Hae-Joo Chang/Adam - Beau-frère de Zachry
Doona Bae est Tilda/Mère de Megan/Femme mexicaine/Sonmi-451/Sonmi-351/Sonmi Prostituée
Ben Whishaw est : Mousse/Robert Frobisher/Vendeur magasin/Georgette/Homme tribu
Keith David est Kupaka/Joe Napier/An-Kor Apis/Prescient
Prévoyez des pauses pipi organisées et régulières pour ce visionnage que je vous recommande sur support DVD ou Blu-Ray.
Bien à vous.
Encore un film passé à ta moulinette intraitable :)
· Il y a plus de 6 ans ·Sy Lou
Lol ! J'en ai au moins 650 comme celui ci en souffrance mais je me dis que quelque part ce n'est pas la vocation de ce site ! ... Mais quelle est la vocation de ce site ? :o)
· Il y a plus de 6 ans ·daniel-m
Ah ah, mieux que le Masque et la Plume tes critiques de films. Bon en tout cas ça donne pas envie de voir ce truc...
· Il y a plus de 6 ans ·arthur-roubignolle
Merci pour ce compliment. Je recommande quand même ce film même si perso je préfère Deadpool :o)
· Il y a plus de 6 ans ·daniel-m
Ce film a demandé un travail colossal pour un résultat excellent tout comme votre article.
· Il y a plus de 6 ans ·odess
Merci :o)
· Il y a plus de 6 ans ·daniel-m