Ces plaies béantes.

Couteau en main, je le voyais.

Je le voyais.

Accroché à sa lame, il ne me regardait pas. Juste son bras, au niveau de son poignet.

Avant qu'il ne commence, il m'avait dit qu'il ne faisait pas cela pour mourir ou souffrir...Ça l'apaisait, au contraire.

Il ne souriait pas, il était calme, plongé dans ses veines, comme s'il absorbait ses souvenirs, ceux qu'il m'avait contés.

Je n'avais pas eu peur, pourtant des frissons me parcouraient.

C'était comme si, l'arme dans son sang était comme une limite que je n'aimais pas qu'il franchisse. Bien que son choix ne me concernait pas, je sentais les poils sur ma peau se dresser.

Je passais une main sur ma nuque et agrippais mon cou de toute mes forces. Je fermais les yeux et voyais dans mon crâne les traits de douleur et les spirales infernales qu'il aimait se faire en dehors des cours.

Il est lycéen et il m'avait confié qu'il n'y avait pas d'âge pour commencer, mais que ce qu'il faisait n'était pas pour arrêter. Pas pour l'instant.

J'ouvrais les yeux, son regard de glace était pointé vers moi : il avait fini.

Ses yeux noirs et sa chevelure du même teint lui donnait un air de corbeau...Pourtant, il ne "croassait" jamais, ou presque...

Mon frère, ma moitié, qui jouait avec son sang.Le notre.

Il me donna la lame, je refermais mes paupières.

Le couteau semblait danser sur ma chair, la tailler aléatoirement.

Je sentais mon cœur s'affoler, au premier contact, puis se calmer.Se relaxer.

Il me fit m'allonger et il fit de même. Ses doigts blancs étaient dû au fait que l'extérieur lui donnait envie de vomir. Ils les passa dans mes cheveux pareils que les siens.

On ne jouaient pas ensembles petits... On voyait la valeur de la vie à travers nos larmes. Puis, on a apprit en grandissant que le compas dans nos trousses étaient bien utiles pour nous. Je ne le trouvais pas dangereux, juste d'une grande aide. 

Les personnes qui sont heureuses, égoïstes et dans leur petit monde ne peuvent pas comprendre notre terreur, quand on est en leur compagnie. Ils ne peuvent pas comprendre ces tatouages que on se fait pour rester bien, vivant et "nous".

J'ai peur du monde, pas des armes et de mon frère.Bien que les couteaux et les lames servent à tuer des personnes, moi je leur trouve une utilité pour me battre et lutter contre la vie.

J'aimerais déchirer ma présence dans ce monde et ma chair.J'ai la rage et la haine de vivre. Le dégoût du sang m'est doux par rapport à la nervosité que j'éprouve dans la foule.

J'ai peur, j'ai peur...

Mais je ne peux vouloir me tuer, quand j'éprouve cette plaie béante et la pression de mon jumeau dans ma main, je ne me sens pas abandonnée de la vie.Je ne me sens pas seule, mais je ne me sens pas bien non plus.

Il faudrait surement que je lâche les armes pour serrer la main de mon frère, mais j'ai peur de tomber dans le vide, dans le noir... Il vaut mieux entrevoir des éclats de rouge, que de ne plus voir du tout la lumière...

A ces pensées, ma moitié s'allongea sur moi, mis sa tête dans mon cou et je sentais ainsi son souffle chaud et régulier.

J'éprouvais de la souffrance, au fond de moi.

Lui aussi, c'était certain. Il n'avait pas commencé par plaisir...

Alors, je le serrais contre ma poitrine et murmurais, difficilement, que nous devions essayer.

Je lui dis juste :

"- Courage".