C'est à toi que je parle

petitepepite

Eh, petit. Je te demande que quelques minutes d'attention. Ecoute, tu dois me croire, quand je te dis que c'est pas important. Finalement, c'est que mon histoire, parmi 7 milliards d'autres.

C'est juste le chaos dans ma tête tu vois. Tu me demandes ce qui ne va pas. Mais c'est même pas une question d'aller bien ou pas. C'est juste que je suis dépassée. 

Ecoute, petit.

On va encore me dire que je chante le même refrain comme à chaque fois " Ça disjoncte sans arrêt, je comprends rien. Le bazar infernal, etc ". Mais là, c'est plus vrai que jamais. Je passe d'une humeur à une autre, sans capter. 

Parfois je suis en colère, parce que certaines personnes n'agissent pas comme j'aurais aimé qu'elles agissent. Alors ils me déçoivent, parce que j'attends trop d'eux. Je suis trop gentille et je laisse couler. Les gens blessent et je me tais. Mais parfois la colère est si forte que j'arrive à dire non. Pépite dit stop avant que ça tombe dans l'excès. Elle se braque, c'est un moyen pour elle de marquer la limite. De faire comprendre qu'il ne faut pas abuser. On peut faire mal à Pépite, mais on ne peut pas la détruire. Dans ces moments-là, Pépite décide de ne plus faire en fonction des autres. La petite veut seulement penser un peu à elle. 


Mais parfois j'ai aussi ce sentiment de flottement. Je me sens agréablement bien, comme quand tu te réveilles après un long sommeil tu vois. Je suis comme ça devant mes dessins, ou au café avec une amie. Ou bien quand je rigole avec lui. Ou quand le soleil tape contre les carreaux de ma chambre, en hiver. Ce sont des moments où tu sens tout léger. Il n'y a presque plus rien qui peut t'empêcher d'être heureux. 


La colère et la sensation de légèreté se mêlent souvent. Je suis dépassée en ce moment, comme je te disais plus haut. Pépite n'assure plus du tout. L'autre jour, après une violente dispute, elle a juste pris son ciré et elle a marché au bord de l'eau. Elle s'est accroupie par terre, à un moment, et elle a pleuré. Elle a pleuré de peine, de joie, tout ce qu'elle retenait. Elle ne savait pas exactement pourquoi. Sans doute parce qu'elle repensait à lui, ou aussi parce qu'elle avait peur pour ses partiels. Mais elle repensait aussi à son après-midi avec J. et ça lui a fait du bien. Elle avait beaucoup ri ce jour-là. Elle pleurait aussi les personnes de son entourage qui avaient quitté ce monde. Beaucoup trop de choses pour le petit cœur en mousse de Pépite.

La nuit était tombée, et Pépite a séché ses larmes. Elle s'est redressée et est rentrée chez elle : sur le chemin, elle s'est dit qu'elle avait certainement grandi. Petite Pépite devenue grande. 


Tu vois, je te dis tout ça pour pas que tu t'inquiètes. Juste pour que tu saches. On est des milliers à être perdus, alors c'est pas important. C'est pas grave. 

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