C'était écrit
mathieub
Cette nouvelle a été écrite en toute improvisation avec SophieA, (http://welovewords.com/sophiea), une amie de lycée qui écrit et conte des histoires pour enfants.
Son texte est en normal, le mien en gras.
Comme à son habitude, Violette ne réussit à s'extirper de sa couette qu'après la troisième répétition de l'alarme de son smartphone. Se lever le matin avait toujours été une véritable torture pour elle, particulièrement depuis deux mois qu'elle partageait son lit devenu trop grand avec une solitude glaciale. Les premiers rayons blafards du timide soleil hivernal éclairaient pauvrement une matinée au froid mordant, et dans un soupir de lassitude, elle se rassura en se disant que contrairement au reste de la semaine écoulée, il ne pleuvait pas.
La gestuelle mécanique du rituel matinal accomplie, Violette se rendit compte avec un nouveau soupir qu'il lui restait onze minutes pour prendre son service à dix sept kilomètres de là. Elle allait réaliser la jolie performance de n'avoir pas été une seule fois ponctuelle cette semaine, ce qui ne manquerait pas de lui attirer les foudres patronales. Une fois de plus.
Elle claqua la porte et, dans un regain de motivation inattendu, trottina vers sa voiture impeccablement garée sur la place de stationnement portant le même numéro que son petit appartement. Ce n'est qu'assise derrière le volant que Violette se rendit compte de la présence sur le pare-brise d'une enveloppe de papier kraft maintenue plaquée par l'essuie-glace. Elle descendit en maugréant et saisit l'enveloppe d'un geste plus brutal qu'il n'était nécessaire. Elle était cachetée, ne portait aucune indication et semblait ne pas contenir grand chose, une seule feuille peut-être. Elle la balança sur les sièges arrières et démarra en trombe.
Comme chaque matin Camille se leva à 4h31. Une sorte de malédiction faisait que c’était ainsi depuis plus d’un an : son sommeil se rompait à l’aube… Souvent il en profitait pour écrire. Il prenait des notes, beaucoup de notes pour ce roman qui ne manquerait pas de venir. Parfois il se sentait téméraire et se lançait dans l’écriture d’un paragraphe, un pas deux. Ça viendrait, il refusait de s’en inquiéter, refusait le syndrome de la page blanche, d’ailleurs il avait déjà noirci des centaines de pages. Il écrivait dès qu’il avait un moment, sur tout ce qui lui tombait sur la main : factures et facturettes, post it multicolores (il avait une prédilection pour les verts), pages de journaux déchirées… Il se prenait à rêver de changer le monde à défaut d’oser s’attaquer au sien. Les mots avaient ce pouvoir. Ses mots auraient ce pouvoir…
Alors qu’il buvait son deuxième mug de thé, il regardait par la fenêtre en tâchant de se souvenir de ce rêve étrange de milieu de nuit. C’était confus mais il en gardait néanmoins des sensations vives : un bien-être certain, peut-être même le sentiment d’être aimé et d’aimer en retour. Cela colorait d’une lumière dorée sa journée et le faisait sourire dans sa cuisine carrelée éclatante de propreté. Il se saisit d’une feuille : des mots se bousculaient. Quand il releva la tête, il était 8 heures passées, il allait être en retard, il glissa la feuille dans une enveloppe A4 et se dit qu’il continuerait pendant le déjeuner.
Dehors le vent soufflait, il pressa le pas pour attraper l’autobus 43. Son lacet, il lui fallait le refaire vite. Où poser son enveloppe avec ces rafales ? Il la cala sous l’essuie-glace d’une voiture parquée là et alors qu’il se penchait, il entendit le bruit du moteur du bus tout près. Il renonça à nouer son lacet et se mit à courir pour l’attraper. Ce n’est qu’une fois qu’il eut trouvé une place assise qu’il réalisa qu’il avait oublié sa précieuse enveloppe. Il se sentit soudain terriblement découragé. Comment était la voiture déjà ? Grise, blanche ? Petite c’était certaine, japonaise oui à moins que… Il poussa un soupir, jamais il ne parviendrait à la retrouver…
Sans savoir pourquoi, Violette était particulièrement motivée ce matin, elle décida donc de tenter de faire remonter le temps à sa poussive petite Nissan. Dans un effort amusé d'autopersuasion, elle se convainquit d'avoir encore la possibilité d'être à l'heure, et que la journée n'était pas encore perdue avant même d'avoir commencé. Après un démarrage que Sébastien Loeb lui-même lui aurait probablement envié, elle se mit à slalomer entre les autres véhicules aux conducteurs visiblement endormis sur leur volant, faisant donner toute la puissance du minuscule moteur épuisé par les trop longues années de maltraitance que sa fougueuse propriétaire lui faisait subir sans le moindre remord. Un feu au vert (de la chance), un second à l'orange (si peu...), Violette commençait à croire à sa propre fable de ponctualité quand l'obstacle majeur qu'elle redoutait entre tous s'éleva entre son dessein et sa Nissan : le 43.
L'autobus 43 qui tous les matins prenait un évident plaisir sadique à s'arrêter à tous les arrêts, sous le fallacieux prétexte que des usagers voulaient en descendre ou y monter. L'autobus 43 qui tous les matins respectait avec une écœurante exactitude le moindre panneau de signalisation. L'autobus 43 enfin qui semblait disposer d'une boîte de vitesse révolutionnaire à un unique rapport ridicule, associée à un machiniste victime d'allergie chronique à tout déplacement plus rapide qu'un marcheur ayant un caillou dans sa chaussure. En résumé, l'autobus 43 était sa malédiction personnelle.
La taux de bonne humeur de Violette commençait à baisser dangereusement quand elle put enfin déboiter pour doubler son cauchemar routier quotidien dans une accélération aussi rageuse qu'inutile. Le hurlement désespéré du pauvre moteur et le crissement strident des pneus sur le bitume fit se retourner tous les passagers de l'autobus doués d'audition ou de réflexes matinaux, et une collection de mines mi amusées mi réprobatrices se tourna vers Violette qui n'en demandait pas tant. Aussi magistral fut-il, son élan fut aussitôt coupé par un violent coup de frein réflexe à la vue d'un chat au beau milieu de la chaussée. Elle crut être victime d'une crise cardiaque quand sa voiture s'immobilisa trop brutalement dans un nuage de fumée nauséabonde. Tous les passagers de l'autobus avaient à présent leurs visages réprobateurs tournés vers elle, même ceux dont les réflexes de limace asthmatique avaient fait rater le début de l'action. Tous ces regards noirs firent monter le rouge aux joues de Violette, qui aurait volontiers échangé sa place avec n'importe qui pour être ailleurs, ne s'étant jamais trouvé la moindre prédisposition pour le cinéma. Les passagers de l'autobus la fixaient toujours et avaient visiblement commencé à commenter l'incident quand Violette parvint à redémarrer son bolide, elle remarqua même un garçon qui gigotait en lui faisant de grands signes, l'air halluciné.
L'actualité brûlante de son retard imminent lui revint brutalement à l'esprit. Elle en chassa d'un coup l'autobus 43 maudit entre tous, qui venait malgré lui d'ajouter une ligne à son curriculum vitae déjà chargé, tous ses passagers accusateurs, le chat intrépide qui avait eu certainement aussi peur qu'elle, jusqu'au beau garçon agité ; et elle reprit sa course, sans plus trop y croire cette fois, la descente d'adrénaline semblant absorber toute sa belle énergie.
C’était fou, à peine croyable même mais Camille avait retrouvé la voiture où il avait laissé ses notes. Il avait bien tenté de le signifier à la conductrice mais celle-ci avait redémarré comme une furie, son regard clair plein d’éclairs. Camille avait mémorisé la plaque en se demandant bien à quoi cela lui servirait vu qu’il ne connaissait personne dans la police pour l’aider. Soudain alors qu’il était enfin arrivé à son arrêt il eut une idée. Il allait prétendre à la police qu’il avait eu un accident avec cette voiture. Oui mais un accident de quoi ? Il n’avait aucun moyen de locomotion. Et où se fournir un constat d’ailleurs ? Pouvait-il aller chez n’importe quelle assurance et en demander ? Il passa sa matinée à ressasser. La pile de scenarii de court-métrage qu’il avait à lire ne descendit pas beaucoup. Tant pis il mettrait les bouchées double durant l’après-midi. Midi venait de sonner, il sortit et fit le tour du quartier. Il espérait bien tomber comme par enchantement sur la voiture. Il n’en fut rien. En passant devant la vitrine chamarrée d’un assureur une image lui revint. Celle du macaron de ce même assureur sur la Nissan de ce matin. Il décida de tenter le tout pour le tout. Il demanda à parler au responsable. Celui-ci le reçut dans son bureau. Camille lui expliqua qu’une Nissan gris métallisé assurée chez eux avait cabossé sa voiture ce matin même en sortant de sa place de parking. Il lui tendit le numéro de plaque en disant qu’il souhaiterait faire un constat à l’amiable. Ce n’était pas grand-chose mais il refusait d’avoir du malus alors qu’il n’était pas en tort. Serait-il possible d’avoir ses coordonnées ou bien de convenir d’un rendez-vous ici même ? L’assureur accepta de faire venir la cliente pour en parler. Il rappellerait Camille pour le tenir au courant. Camille hésita avant de donner son numéro de portable puis se dit qu’il n’aurait qu’à en changer si cela tournait mal…
Ne voulant surtout pas être à l'origine d'une jurisprudence, c'est avec un habituel bon quart d'heure de retard que Violette prit son service à la Guinness Tavern, sous le regard goguenard de son patron qui se contenta, pour la forme, de lui faire remarquer qu'il aurait bientôt plus vite fait de calculer ses heures d'absences pour établir sa fiche de paie. Dans ce métier, il était habitué aux filles caractérielles, et Violette ne faisait certainement pas exception à la règle.
Elle se mit au travail d'autant plus tranquillement que l'établissement n'ouvrait ses portes au public que trois heures plus tard. Une tablette tactile à la main, elle inventoriait le contenu des placards et des nombreux réfrigérateurs pour savoir quoi remonter de la réserve, et ce qu'il convenait de commander aux fournisseurs quand son patron jaillit devant elle comme un diable sorti d'une boîte en hurlant un « bouh » aussi enfantin que ridicule. Il adorait la faire sursauter avec ses blagues potache et prit la fuite en pouffant sous une pluie de sous-bocks et de noms d'oiseaux d'une inventivité digne d'un capitaine Haddock au mieux de sa forme. La matinée passa rapidement dans la bonne humeur au son du « black album » de Metallica que la fermeture au public rendait possible à un niveau sonore prohibitif. Quand le bar ouvrit ses portes, tout était prêt, et Violette était déjà épuisée, travailler en chantant à tue-tête les succès de James Hetfield, en plus des émotions du trajet avait achevé de la mettre sur les rotules. Treize heures venait juste de sonner quand elle put enfin prendre une pause, sa collègue étant arrivée avec une grosse demi heure de retard, due à une panne de clé dans la roue de secours de l'ascenseur, bref, une très bonne raison.
Comme à chaque fois que sa coupure était de cinq heures avant le service du soir, Violette, malgré la fatigue se dirigea vers la salle de sport où elle avait ses habitudes. Elle aimait entretenir son long corps félin, fière de sa ligne parfaite et plus particulièrement de ses abdominaux de béton armé, elle se délectait avec un plaisir un peu pervers des regards admiratifs des hommes venus eux aussi tenter de garder la forme, et qui appréciaient à leur juste valeur les résultats de ses efforts. Elle allait pousser la porte de la salle quand la musique du film « l'exorciste » sonna dans sa poche. La sonnerie associée aux numéros annonçant des ennuis enregistrés dans son téléphone portable. La mort dans l'âme et quelque peu surprise, elle répondit à son assureur. De courtois, le ton de la conversation devint rapidement pesant, puis, devant les accusations à peine voilées du directeur de l'agence, Violette, très peu encline à se laisser marcher sur les pieds, lui annonça avant de raccrocher net qu'elle arrivait immédiatement, et qu'il avait intérêt à avoir un dossier solide pour la convoquer de la sorte. Bref, la journée promettait d'être longue...
Camille était en train de prendre la première bouchée de son jambon-beurre quand son portable sonna. L’assureur. Pouvait-il se présenter tout de suite ? Camille accepta et se précipita à l’agence tout en mastiquant violemment son sandwich. Il fallait absolument qu’il intercepte la conductrice avant qu’elle ne parle à l’assureur. Il allait tout lui expliquer et il était sûr que cela la ferait bien rire. Il appellerait ensuite l’assureur pour lui dire qu’il renonçait et tout rentrerait dans l’ordre à n’en pas douter.
Il arriva. Regarda dans la vitrine et ne vit personne dans l’agence, cela le rassura. Il resta alors parfaitement immobile et se mit à dévisager les passantes. Les femmes pressaient le pas en voyant ce grand type à la mâchoire serrée, au manteau couvert de miettes, totalement échevelé. Lui imperturbable attendait.
Enfin elle surgit. Elle marchait si vite que Camille dû jeter son corps entre la porte et elle pour l’empêcher d’entrer.
- Excusez-moi mademoiselle mais…
- Ah non! Pas maintenant... Euh, monsieur... Euh, on se connait, non? Attendez-moi ici, j'ai un rendez-vous avec mon assureur, je le zappe et je reviens...
- Justement ce rendez-vous c’est moi qui l'ai provoqué, vous avez quelque chose qui m’appartient… Je vous ai vu du bus ce matin. Une enveloppe kraft. Dites-moi que vous l’avez encore !
- Une enveloppe? Ah oui, ce matin sur ma voiture... Elle doit être encore sur ma banquette arrière, je suppose... Attendez... C'est vous qui avez provoqué ce rendez-vous avec mon assureur?... Qu'est-ce que c'est que cette histoire tordue?...
- Je suis écrivain et dans cette enveloppe il y a mes notes. Je l’avais calée sous vos essuie-glaces le temps de refaire mes lacets et je l’ai oubliée. Le bus passait, il fallait que je l’attrape vous comprenez ?
Camille n’en revenait de l’aplomb avec lequel il disait cela. Ecrivain rien de moins…
- Peut-être aurai-je le temps de me faire pardonner en vous offrant à déjeuner ? ajouta-t-il en tentant un regard enjôleur...
- Comme je ne veux pas que vous pensiez, monsieur l'écrivain étourdi, que je suis une fille facile, je vais vous dire non pour le déjeuner. Disons qu'un verre ce soir me correspond plus, je suis barmaid chez Guinness un peu plus bas sur le boulevard, et je termine mon service à 22 heures. A bon entendeur...
Sans laisser au jeune homme le temps de réagir, Violette tourna les talons et remonta la rue d'une démarche qu'elle espérait dégagée, et fut presque soulagée de constater qu'il ne la suivait pas. Un immense sourire éclairait encore son visage quand elle poussa la porte de la salle de sport: un beau garçon inventif (machiavélique, le coup de l'enveloppe!), et un rendez-vous pour la soirée, que demander de plus?
Camille se dit qu’il ne s’en tirait pas si mal. Elle était jolie et il allait en fin récupérer ses écrits. A condition d’éviter de monter dans sa voiture, cette fille était un véritable danger public au volant, il devrait pouvoir s’en sortir. Il travailla dur l’après-midi, resta même jusqu’à 20 h ce qui ne lui arrivait jamais. Camille était un animal diurne. Il se levait tôt et se couchait tôt. La nuit, ses ombres et bruits étranges l’angoissait tout citadin qu’il était. Il repassa chez lui prendre une douche et se changer et reprit son cher 43. Il arriva à 22 h précises. Se demanda s’il fallait qu’il entre ou qu’il attende dehors… Se décida à entrer. S’assit dans un coin et soudain il réalisa que non seulement il ne connaissait pas son nom mais qu’en plus elle aurait pu lui dire n’importe quoi. Et si elle ne travaillait pas là ? Une grande vague d’angoisse le submergea…
Violette remarqua immédiatement le beau garçon timide quand il poussa les portes de la taverne. Il avait l'air tellement déplacé dans cet environnement qu'elle fut presque surprise de le voir aller s'asseoir, craignant qu'il ne fasse demi-tour et ne l'attende dans la rue. Il fallait vraiment, soit que le contenu de son enveloppe soit d'une importance vitale à ses yeux, soit qu'elle lui ait réellement tapé dans l'œil, pour qu'il reste là. Plus elle l'observait, et plus il semblait souffrir du seul fait d'être assis dans cet endroit lui correspondant si peu. Voyant qu'il semblait ignorer les usages de la maison qui veulent que les clients se déplacent pour commander au bar et vont ensuite choisir une table, elle envoya sa jeune collègue lui porter (privilège de VIP) une pinte du breuvage maison accompagnée d'un petit bristol où elle avait laconiquement écrit : Je termine dans 10 minutes, gardez moi une place....
Dès que la barmaid approcha de la table sous les railleries des habitués, elle constata avec soulagement qu'il semblait se détendre un peu, même si elle s'amusa de le voir écarquiller les yeux devant le demi litre de bière noire.
Que faire… Camille détestait la bière! Il trempa le bout de ses lèvres et grimaça. Impossible d’avaler cela. Pas de plante verte pour s’en débarrasser. Mais qu’était-il allé faire dans cette galère ? Soudain il croisa son regard, son regard si clair. Il se sentit rougir. Lui qui croyait en la liberté dur comme fer. Lui qui se défiait du hasard ou d’une quelconque destinée. Lui qui passait systématiquement sous les échelles, adorait croiser des chats noirs et poser le pain en vrac sur la table. Lui le rationnel se dit que cela devait être écrit… elle-lui... Il se sentit fondre, tout cela pourrait donner matière à une histoire, elle serait sa muse, son compagne, son autre moi ! Elle s’assit gracieusement à sa table un verre de vin à la main.
- Bonsoir dit-il d’une voix enrouée par l’émotion.
- Bonsoir, répondit-elle en le créditant d'un sourire franc. Avec autorité, elle fit glisser devant lui le verre de vin blanc, et récupéra la pinte de Guinness.
- Chassagne-Montrachet 2003, un véritable nectar.
Elle éleva le demi litre de bière noire à sa bouche et, sans le quitter de ses grands yeux d'un vert translucide hypnotique en vida la moitié. Quand elle reposa la pinte sur la table, sans l'avoir lâché des yeux une seconde, elle saisit un fugace mouvement du regard du jeune homme vers sa bouche. Elle éclata de rire et essuya la fine moustache que la mousse de la bière avait laissé sur sa lèvre supérieure. Ce garçon avait quelque chose de spécial, il la dévorait des yeux comme l'aurait fait un illuminé ou un amoureux transi, et une intuition viscérale lui disait d'une petite voix insistante qu'elle avait tout à gagner à apprendre à le connaître.
- Excusez-moi, je me comporte comme une andouille, mais vous me troublez profondément. C'est bien la première fois qu'un garçon m'accoste de cette manière, et je ne sais pas du tout à quoi m'en tenir à votre sujet, je ne connais même pas votre nom !
- Je m’appelle Camille, c’est aussi un prénom de fille.
(Que lui prenait-il de dire cela, c’était ri-di-cule. Bon vite se rattraper.) Merci pour le vin, je n’aurais pas su quoi faire de la bière (cela ne faisait pas très viril ça). J’adore le vin blanc ou rouge. Le rosé moins.
Camille se tut ne sachant quoi ajouter sur le chapitre de l’alcool.
- Et bien Camille, je m'appelle Violette, c'est aussi un prénom de fleur... Dites-moi, c'est vrai cette histoire d'enveloppe ou c'est juste un moyen d'entrer en contact avec moi ? Comme vous pouvez l'imaginer, dans mon travail, les sollicitations masculines et même féminines ne manquent pas, mais c'est bien la première fois qu'un garçon... Oups, je me répète, vous me troublez, c'est... c'est … troublant !! J'ai chaud et j'en ai assez de cet endroit, vous voulez venir marcher un peu avec moi, j'ai besoin d'air frais.
Camille but une gorgée de vin et se leva. Violette était déjà debout. Il se demanda s’il fallait régler pour les consommations mais elle était déjà dehors. Des milliers d’idées fourmillaient dans la tête de Camille pour la suite de la soirée. Ça le démangeait de tenter des choses un peu folles, juste pour pouvoir les écrire après.
- Violette, je ne suis pas sûr de comprendre moi-même lui glissa-t-il au creux de l’oreille…
À peine Camille eut-il terminé de chuchoter à son oreille que Violette fit volte face et écrasa ses lèvres sur les siennes. Le brasier qui la consumait à cet instant, qui l'avait obligé à sortir de la taverne ne pouvait s'exprimer autrement que dans la fougue d'un baiser. D'abord surpris, Camille lui rendit son baiser, toute timidité l'ayant visiblement quitté.
- Je sais pas comment tu as fait Camille, put difficilement articuler Violette une fois son souffle repris, mais tu m'as envoûté. Je ne suis peut-être pas toujours très maligne, mais je sais reconnaître un coup de foudre, et tu en es un!
Violette plongea ses yeux verts dans ceux de Camille et se tut, attendant une réaction de sa part.
Camille la regarda. Quelque chose avait cédé en lui. Il lui prit la main et l’entraina pour une balade nocturne ! Tout lui semblait beau à cet instant ! Il ne s’était jamais senti aussi bien. Ils marchaient d’un même pas, enlacés… Cela aurait pu toujours durer… Hélas les vieux démons de Camille refirent surfaces. Trop beau pour être vrai. Camille se vit déjà abandonné, humilié par cette fille trop sûre d’elle, trop jolie, trop pleine de vie pour lui. Cette fois cela n’arriverait pas. Il avait déjà trop souffert. La nuit lui pesa soudain. Il avait peur, il avait mal. Il s’écarta soudain de Violette et se jeta sous les roues du 43.
Après trois semaines d'hospitalisation passées à hurler son désespoir et sa frustration, Violette finit par rentrer chez elle, dans son petit appartement encore plus vide qu'avant. Elle tentait de comprendre ce qui s'était passé, mais en vain. Tournant et retournant la fatidique enveloppe entre ses mains, elle prit la décision de la lui rendre. Un coup de téléphone au commissariat lui apprit où Camille était enterré.
- Soyez courageuse mademoiselle Montague.
Devant la pierre tombale où le nom de Camille Scapula était gravé en lettres d'or, Violette s'agenouilla, déposa l'enveloppe maudite puis, terrassée par le chagrin, elle s'écroula sur le marbre glacé.
j'aimmmmmme..
· Il y a presque 13 ans ·thelma
Déjà lu chez Sophie ! C'est très sympa cette co écriture ! lol ? L'humour noir c'est mieux à deux ?
· Il y a presque 13 ans ·Edwige Devillebichot
Au secours !! J'ai beau modifier par l'éditeur, il manque toujours un bout de texte !! C'est horripilant !!
· Il y a presque 13 ans ·Après de multiples tentatives, et des sauts de lignes salvateurs, notre texte est enfin complet. Bonne lecture à tous, j'espère que vous prendrez autant de plaisir à le lire que nous en avons pris à l'écrire !
mathieub