C’était hier où il fut poète-5-

ecriteuse

A mon père

Un jour tu reçois un papier rédigé par les zhéritiers et leur notaire qui dit en langage de –Défunt- que les manuscrits de ton poète de père n'ont aucune valeur commerciale. Comment peut ont juger une œuvre littéraire de cette façon aussi froide aussi catégorique, aussi irrespectueuse, homme de peu de foi, contentez vous d'estimer sa maison, fouillez ses comptes en banque mais laissez la postérité juger de ses écris. Etait-ce bien nécessaire ? Ignorer son écriture de son vivant n'était ce pas suffisant ?
Il écrivait en toute discrétion ton Papa, en toute modestie, oubliant son rêve de jeune homme, ses ambitions littéraire, il écrivait pour respirer, pour s'évader, pour vivre.
Quelle utilité d'avoir rédigé une phrase aussi réductrice. Ta colère monte, ton père  plus sage à la lecture de ces mots aurait haussé les épaules et fermés les yeux. A la fin de sa vie l'évidence de l'utilité de créer, d'écrire, il te l'a murmurée, quand il ne pouvait plus parler, il te l'a dessinée d'une main tremblante, son geste, le dernier, une main suspendue, dans l'air, qui continuait à écrire des mots transparents mais tellement lisibles pour celui qui sait lire.

 

Il dessinait des oiseaux

Qui ne savaient pas voler

Il peignait des tableaux

Que la pluie effaçait

Il écrivait des chansons

Que personne ne chantait

Quelle drôle d'idée

C'était un artiste

Un drôle de type

Qui n'avait pas d'âge

Tout juste un visage

Et des yeux pour pleurer

Sur ses amours passées

Quelle drôle d'idée

C'était un artiste

Signaler ce texte