C'était Toi

bartleby

Je te remercie pour cela. Peut-être comprends-tu, devines-tu de quoi je parle.

10 minutes d'hésitation(s), lorsque tu as franchi ma porte, je l'admets. A sonder ton regard, épier tes gestes et le ton de ta voix. Rien. C'était toi, toi seulement, dans ta réalité, tes sentiments et tes joies, tes peines, tes chemins d'égarements. Des mots, tes vrais mots, tes histoires, ton sourire, ton rire, tes baisers et ta peau salée de sueur. Plus rien de faux, plus rien de propre. Un homme brouillon parfois, mais pas lisse et froid, comme du papier glacé.

Ton corps. Oui, c'était ton corps sous mes draps, ton étreinte, tes approches.

Question de timing involontaire, il se peut que je sois restée duale, moi, voire... durant quelques minutes. Décalages d'horaires pris avec cette nouvelle habitude de m'extirper de ma vie quand il fait nuit et que je pense tromper ainsi ma solitude.

Mais toi, tu étais bel et bien toi, authentique. Peut-être t'étais-tu imposé une certaine retenue, alors que ça se bousculait derrière ta tête ?

J'étais offerte, ouverte, sans complexes, différente. Je t'aurais posé tous mes désirs fous sur la table, devant ton assiette vide et sans goût, ce vin qui ne venait pas de Toscane. J'aurais pu tendre ma main, danser contre toi. Ou bien j'aurais pu serrer les dents et te laisser me prendre sauvagement, après un verre d'alcool, avant une cigarette. Une option ou l'autre, à ta guise.

Mais tu as choisi l'oxygène. Merci, véritablement c'est le plus beau des présents, un cadeau dont tu n'imagines même pas la teneur. Avec toi, je me suis sentie respirer, même si cette bouffée fut trop courte. Tu es parti tel un courant d'air. Triste parallèle. Je ne t'en veux pas, ta vie est ainsi faite et je n'ai pas à la juger.

Tu as mis des mots sur ta souffrance. Ca, un funambule ou un écuyer ne peuvent le faire dans le pauvre cirque de nos jours, séparés l'un de l'autre. J'ai ressenti des choses qui me semblaient perdues, trop loin et s'enfonçant de plus en plus dans l'oubli. Je suis heureuse ce matin. Tu me rends heureuse. J'ai peur des lendemains, toujours, j'ai cette peur de te perdre qui ne me quitte plus. Tu l'as vraiment entendu hier soir, on a pu en parler et là encore, je ne saurai te montrer combien tout ceci est essentiel.

Je voudrais que tu vives. Enfin.

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