Cette putain de page blanche

Cette putain de page blanche, pourrait être d'une autre couleur 

cela ne changerait pas le problème. 

je fais quoi ? J'ai une date butoire, je dois finir ce roman avant la fin du mois,

je n'ai pas le temps d'avoir des doutes et pourtant j'en ai à la pelle.

Je ne vais jamais y arriver, je n'ai aucun talent, il y a déjà trop de livres sur le marché

pourquoi un de plus, qui va le lire, qui va s'y intéresser et si je ne suis jamais publiée ...

Je perds mon temps avec ces questions au lieu de remplir cette putain de page blanche

Et si je tournais la page, une autre page blanche peut-être moins effrayante,

moins virginale, moins désespérément vide.

C'en est trop, je sors faire un tour en vélib. je crois toujours que pédaler pourra me changer les idées,

me vider la tête, mais c'est le contraire qui se passe.

Je suis tout le temps scandalisée de voir le comportement d'une incivilité crasse de la plupart des Parisiens.

Les feux rouges sont là pour faire jolis apparemment, puisque la plupart des cyclistes et des livreurs ne s'embêtent plus à s'y arrêter, le temps qu'ils passent au vert.

Les clignotants doivent être en option dans beaucoup de voitures

et la priorité un choix selon l'humeur du jour « tiens je n'ai pas baisé hier, je vais te couper la priorité à droite ».

Et que penser des piétons qui s'amusent à pique-niquer dans les pistes cyclables, alors qu'ils ont d' immenses trottoirs à leur disposition ?

Tout cela devrait me passer au-dessus de la tête, mais cette attitude m' insupporte, me donne des envies de meurtre.

Je rentre en nage et encore plus énervée qu'avant, devant ma page blanche.

C'est le bordel chez moi, il faut que je range, il m'arrive de retrouver une certaine inspiration lorsque plus rien ne traîne.

Je passe deux heures à faire le ménage.

Mon irritation est toujours présente, car je casse la brosse  de mon aspirateur. Encore une merde achetée sur internet, on ne m'y reprendra pas.

Maintenant mon bureau est aussi immaculé que ma putain de page blanche.

Et je fais quoi ? Je faiblis ? J'attends que cela vienne ?

Je vais refaire un tour pour m'énerver encore plus ?

Je sais, même s'il n'est que 11 heures du matin, je prends la direction de mon lit douillet.

Au moins mes rêves eux, ne sont jamais comme cette putain de page blanche.