Chambellay.
Christophe Hulé
Du côté de ma mère, il y avait parfois de drôles de gens dans le labyrinthe des cousins machins et des oncles machins trucs. Le principe c'était cousin + prénom, mais là je sèche. Le fief était le Maine et Loire. Une fois, on avait fait une étape chez le cousin X.
Au-dessus de la table épaisse (et plutôt grasse), il y avait un tue-mouche avec la foule des grands jours. Juste en dessous des rillettes dans l'emballage d'origine.
Les parents avaient trouvé une astuce pour décliner l'invitation à manger (« on a d'la route à faire », ou un truc de ce genre). Mes parents étaient pas si mal en fait.
Bon, il y a eu la Tante Rolande et le Tonton René. Bord de Louère. A cette époque on écoutait Delpech.
Le jardin était sec comme dans un village d'Afrique. Moi je trouvais les bords de Loire franchement déprimants.
Alors pourquoi tout ça me direz-vous ?
Eh bien à Saint Mathurin (rien que le nom ça vous donne envie d'aller voir ailleurs), mon père et le tonton René avait installé les chaises pliantes en bord de Loire.
On nous avait briefé sur les sables mortels. Un fleuve où la baignade est fatale, comment s'y sentir bien.
Bon, papa, la pipe au bec, a déplié sa chaise. A la première lancée de la canne, il est tombé dans l'eau. Il est remonté, toujours la pipe au bec. La pèche était finie. Mon père c'était quelqu'un.
Dans la famille, il y avait aussi une espèce de Marquise ou je ne sais quoi. Elle avait un domestique métayer journalier agricole, P'tit Louis il s'appelait.
Je me souviens de la tonnelle et de la table en marbre séculaire.
Comme je méditais sur mon sort de mioche, P'tit Louis arrivait derrière avec son Percheron.
De cette époque j'ai gardé la phobie du cheval, comme les vétérans du Vietnam ou d'ailleurs.
Du côté de ma mère toujours, le grand-père c'était quelqu'un aussi. Il avait tout de suite été fait prisonnier en Allemagne. Il gardait, dans une petite boite en fer, les éclats d'obus qu'il avait reçus et nous les montrait.
Il avait été, entre autres, garde-chasse pour une Marquise. Cela relativise la chronologie sur la fin de l'Ancien Régime. Ma grand-mère était aux cuisines.
Nous, on était petiots et il nous racontait les scènes auxquelles il assistait dans les bois. Le grand-père lisait l'écureuil, l'équivalent du Canard Enchaîné, version coquine.
Je me souviens, après des heures de route, on arrivait de Granville à Chambellay. En pleine nuit, la vue de la barrière était pour nous la fin du cauchemar.
Tout était comme le jardin d'Éden, Il y avait un hérisson, un lac, des oies, un saule pleureur et j'en passe.
Adossée à la maison, il y avait une sorte de grange avec une échelle très très haute. Sauf qu'on ne savait pas trop à quoi elle servait.
Et surtout, il y avait le garde-manger avec la grille.
Ma grand-mère y plumait les poules.
Beaucoup plus tard on avait fait le pèlerinage à Chambellay avec les parents
Tout était envahi par les ronces et autres mauvaises herbes.
Moi je me rappelle que les oies m'ont couru après. C'étaient des saloperies.
Pourquoi, je ne sais pas, Les Mille et Une Nuits me ramènent toujours à Chambellay.
Il est fort possible que mes souvenirs s'emmêlent, mais je crois qu'à l'époque, mes parents roulaient en Versailles (ou bien avant peut-être), l'équivalent de la Cadillac made in France, Monsieur !
Sur la Versailles, il y avait la galerie dégueulasse si connue !
· Il y a presque 3 ans ·yl5
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· Il y a presque 3 ans ·Christophe Hulé
C'est bizarre mais j'ai envie de t'appeler Franck
· Il y a presque 3 ans ·vividecateri
?
· Il y a presque 3 ans ·Christophe Hulé
Sacrée famille !!
· Il y a presque 3 ans ·Louve
Sagrada familia, pourtant on était pas des saints.
· Il y a presque 3 ans ·Christophe Hulé
Ah, ces chroniques familiales avec ses personnages haut en couleur qui déborde, on ne s'en lasse pas. :o))
· Il y a presque 3 ans ·Hervé Lénervé
Merci HL!
· Il y a presque 3 ans ·Christophe Hulé