Chapitre II
missmower
Le monde se fait dur autour de moi. Comment cela a-t-il pu se produire ? Je ne peux être qu'en train de rêver... tout ce que je vis n'est qu'une illusion !
Et pourtant, je regarde Jake s'éloigner avec un étrange sentiment de culpabilité et la forte impression d'être inutile. Je sais que c'est une punition. Ça ne peut-être que ça. Pour me sanctionner pour toutes ces bêtises que j'ai faites, il condamne mon frère à ma place... pour prouver que je ne suis pas intouchable !
Je rentre chez moi avec toute la peine du monde sur les épaules. C'est ma faute si mon frère risque de mourir dehors... loin de chez nous.
Je me rend alors compte que tout n'est pas perdu ! Il existe une loi, mise en place depuis que le service est devenu obligatoire, qui dit que si quelqu'un propose de prendre la place d'une recrue, on ne peux pas dire non. Vous comprenez, le gouvernement préfèrent avoir des morts volontaires sur les bras plutôt que de pauvres innocents contraints à suivre les Seekers dans cette chasse à l'homme interminable.
Ils savaient déjà que je prendrais la place de mon frère, que je me souviendrais de cette loi, mais cherchaient juste un moyen de me remettre dans les rangs, de m'empêcher de faire du bruit. Eh bien ça a marché ! Je ne suis pas prête de refaire quelque chose !
Je cours vers la caserne, bâtie d'après le mode des anciennes casernes trouvées un peu partout (« pompiers »... je crois qu'on les appelaient comme ça dans le temps) dans le monde. Là, les recrues sont sûrement en train de s'entraîner.
Car nous avons droit à environ un mois de mise en condition, d'apprentissage, avant de vraiment partir après ces fugitifs.
Lorsque j'arrive, la chef est déjà là et me lance un regard empli de ressentiment, d'agressivité et... de confusion. Elle ne semble pas comprendre pourquoi je risquerais ma vie pour quelqu'un d'autre. Il paraît indéniable qu'elle n'a jamais eu de famille... ou une qui s'occupe d'elle du moins.
Elle hoche la tête, l'air de dire que je n'ai pas besoin de parler, qu'elle sait déjà ce que je veux. D'ailleurs, elle a demandé à mon frère de ne pas défaire ses affaires tout de suite, signe qu'elle savait parfaitement que je viendrais.
Mon frère jette son sac sur son épaule et sort de la pièce en me regardant d'un air triste lorsqu'il passe à mon côté.
La chef ne prend pas la peine de me faire visiter : « c'est le rôle de ta cheftaine » soit disant. J'arrive dans la cours et je repère tout de suite Nathan et Charlie qui font des pompes pour se remettre en forme. Ils ont enlevé leur tee shirt à cause de la sueur et exhibent leurs musculatures face à des filles complétement ébahies. Lorsqu'ils m'aperçoivent, Nathan me fait un clin d’œil l'air bien content de me voir et de plaire à autant de fille tandis que Charlie remet son vêtement en me regardant avec de la colère et de la déception dans ses yeux.
Je sens tout de suite l'animosité montée en moi telle une vague qui déferle sur les falaises. Je cherche tant bien que mal à la retenir avant d'attirer l'attention sur moi.
La chef me montre une fille d'un signe de tête et s'éloigne en marmonnant. Je reconnais la fille comme étant Susan. Avec ses cheveux châtains et ses yeux noisettes, elle a tout l'air d'une fille qui n'aime pas se salir les mains et pourtant, elle est allongée par terre et rampe pour finir le parcours qu'elle doit faire. Lorsqu'elle me voit, elle hausse les sourcils, perplexe, et se précipite vers moi.
-Contente de te voir, Hailey ! me dit-elle, on se demandait tous quand tu arriverais !
Sur ce... elle hurle « c'est toi qui a gagné James » à un garçon un peu plus loin qui lui tend le pousse vers le haut, l'air très fier de lui.
-Vous avez parié sur quand je viendrais ? je demande, incrédule
- Ne sois pas en colère s'il te plaît, on cherchait juste à s'amuser.
Je hausse les épaules, signifiant que dans le fond je m'en fiche.
Cela fait presque un mois que je suis là et presque rien n'a changé. Nous nous levons tous les jours vers cinq heures du matin pour aller courir dans les bois pendant près de deux heures. Puis nous rentrons à la « base » pour nous exercer au parcours du combattant jusqu'à midi, heure à laquelle nous mangeons. L'après-midi est consacrée à la manipulation des armes de toute sorte et ce jusqu'à vingt heures. Nous sommes ensuite, du moins après le repas, de faire ce que nous voulons tout en respectant le couvre-feu qui est de : « à vingt-deux heures, tous au lit ! ».
Sauf qu'aujourd'hui, c'est différent. Nous devons passer devant la chef pour montrer nos performances, voir si nous avons progresser. Le principe, du moins d'après elle, est simple : nous devons faire un parcours du combattant, courir pendant environ trente minutes non-stop sur un tapis roulant et montrer comment on se débrouille avec un fusil, un couteau et un arc.
J'ai beau savoir que je le réussirais haut la main (même la cheftaine m'a dit que j'étais la meilleure parmi les filles), je sens un doute énorme planer au dessus de moi, tel une horrible épée de Damoclès !
Cela fait près de trois heures que j'attends et je désespère à passer un jour. Soudain, la chef prononce mon nom. Je tente de maîtriser mes jambes qui jouent des castagnettes et m'avance vers la salle close, contrairement à la salle où non allions tout les jours, et me présente devant le jury. Il est composé de la chef, la cheftaine et le dirigeant des garçons. Je connais les trois et seulement une m'est réellement favorable.
La chef me fait un signe de tête. C'est parti. Je m'élance vers les pneus que j'enjambe facilement puis me jette à terre pour ramper à travers le filet. Je sens de la sueur qui commence à couler le long de mes tempes et la chaleur qui s'empare de mon corps. Viens ensuite le mur à monter grâce à la corde. Ma faiblesse. J'attrape fermement la corde à nœud et cherche à monter sans me mettre la honte devant le jury. À ma plus grande surprise, j'y arrive aisément. Arrivée en haut du mur, je saute élégamment puis retombe sur mes jambes. J'arrive vers le tapis roulant et me met à courir, tranquillement, en mettant au rythme du tapis. Les trente minutes passent vite.
La chef m'indique les armes. Voilà le moment fatidique. Je m'empare du fusil et abat les cibles une par une, d'une seule balle chacune. Je vois la chef hocher la tête, satisfaite. Puis je prend les couteaux et les jette sur les boîtes de conserves placées au préalable. Ensuite, je saisis l'arc et c'est là que je sens le pouvoir monter en moi. Je pourrais tous les abattre, grâce à mes flèches, pour ce qu'ils voulaient faire à mon frère mais je réalise que je signerais son arrêt de mort, ainsi que le mien.
Je roule sur moi-même puis dégaine l'arc, prête à détruire tout ce qui me passerais sous la main. Les cibles tombent les unes après les autres, immobiles sur le sol.
Je les regarde tombées, inflexible et clairement indifférente à ce qui se passe autour de moi.
La chef me congédie et se tourne vers les autres alors que je passe la porte.
L'heure de la délibération est arrivée. Je saurais bientôt ce qu'on pense de mes compétences. Je sens encore le sang me battre dans les tempes à cause de l'excitation et de l'agitation.
Les heures passent. Le jury revient me voir. Ils ont tous un air grave, solennel. Je ne comprend pas pourquoi. J'ai tout bien réussi et je sais qu'ils ont apprécié. Il me semble que Susan a du mal à garder son sérieux sans que je sache pourquoi. Tout un coup, les trois se mettent à rire et me félicitent pour l'excellent test que j'ai passé. Même la chef me sers la main, enthousiaste. Je suis celle qui a le mieux réussi le test et je sais ce que ça veut dire.
C'est moi qui dirigerais les Seekers pendant la première expédition.
la suite me plait aussi beaucoup!
· Il y a presque 13 ans ·et ensuite que va-t-il arriver à cette jeune personne?
Karine Géhin
Bravo. Jolie suite. On attends avec impatience les épisodes suivants ;-)
· Il y a presque 13 ans ·patrick-eillum