Chapitre III

missmower

Cela fait deux jours qu'ils m'ont annoncé que je mènerais les Seekers dans notre première chasse. Je ne sais pas trop comment réagir. Dois-je me réjouir ? Être terrifiée ? Ou alors horrifiée à l'idée de devoir mener des gens au combat qui prendra des vies innocentes, simplement jugées dangereuses par la société ?

Tout ce que je sais actuellement, c'est qu'il n'y a qu'une seule personne qui peut me rassurer et me dire que tout ira bien, même si elle me mentira pour que j'aille mieux.

Je me dirige vers la tente de Nathan, qui je sais est revenu des entraînements et y sera pour se détendre un peu avant le couvre-feu.

C'est là un des seuls avantages d'être la nouvelle chef de la première mission, être épargnée des entraînements puisque j'ai déjà prouvé que j'avais plus que le niveau requis pour partir en chasse.

J'arrive à la petite tente que Nathan partage avec un garçon que je connais que très peu, ce qui est dommage car il semble gentil. C'est d'ailleurs lui qui m'explique que mon ami est sous la douche, faisant partir l'odeur persistante de sueur. Soudain, il se tourne vers moi avec un air solennel.

-Dis, pourquoi t'as pris la place de ton frère ? il demande

Je réfléchis longuement avant de répondre, pour bien trouver les mots adaptés.

-Mon petit frère est presque toute la famille qu'il me reste, mon père n'est quasiment jamais à la maison. Je savais que je serais choisie pour faire partie des Seekers mais je ne croyais pas que mon frère ferais les frais de mes bêtises. Du coup ça m'a mis hors de moi et j'ai décidé de prendre sa place. En plus, il n'aurait eu aucune chance ici.

Le garçon est visiblement perplexe, exactement comme la chef lorsqu'elle a constaté que j'avais pris la place de mon frère. Serais-je l'une des seules ici à savoir ce que signifie vraiment la famille ?

C'est à ce moment là que Nathan est arrivé. Je lui fais comprendre que j'ai besoin de lui parler seule à seul et il sort avec moi.

Nous marchons longuement, sortons du campement, nous asseyons par terre. C'est un autre bénéfice de ce qu'il m'arrive, je n'ai plus de limitation de terrain et, même si elle est toujours de vigueur pour Nathan, il est avec moi et a donc le droit.

Les étoiles brillent encore plus que la fois où nous les avons regardé, la veille de l'appel. Cette époque paraît tellement lointaine. Où je ne connaissais pas Charlie, ni cette partie de la forêt... quand Nathan et moi avions encore le droit de faire ce qu'il nous plaisait du moment que l'on en acceptait les possibles conséquences. Eh bien les voilà les conséquences et elles sont pires que ce que j'imaginais !

Je regardes mon ami et lui explique ce que je vis. Il a visiblement l'air d'être tout aussi perturbé que moi puisqu'il a été choisi pour m'accompagner, tout comme Charlie soit dit en passant. Mais il me dit quand même que tout ira bien, que de toute façon je suis extrêmement douée et que je ne suis pas obligée de tuer si je ne le veux pas.

Une partie de moi c'est que c'est faux et une autre partie, plus forte, ce sens rassurée. Nous restons ainsi un long moment. Brusquement, il me revient en mémoire le visage de Charlie lorsqu'il m'a vu au camp et je me lève, bien décidée à savoir pourquoi il m'a regardé comme ça.

J'explique à Nathan ce qui se passe dans ma tête et pars vers la tente de Charlie.

Il a l'air surpris de me voir, ce qui ne m'étonne pas puisque je me surprend moi-même d'être ici.

-J'ai un truc à te demander. je lui dis.

-Qu'est-ce qu'il y a ?

-Pourquoi tu m'as regardé bizarrement quand je suis arrivée... comme si t'étais en colère !

-Parce que je l'étais.

Je le regardes, vexée par ce qu'il vient d'annoncer, stupide d'avoir cru que nous pourrions être amis et surtout effarée de voir qu'il ne tient pas non plus à sa famille au point de prendre leur place s'ils étaient en danger.

-Je vois à tes yeux que tu as mal compris ce que je viens de dire. Oui, j'étais en colère, mais pas contre toi. J'étais en colère contre moi-même car j'ai douté pendant un moment que tu allais venir remplacer ton frère. J'y ai cru dur comme fer et juste avant que tu n'arrives, j'avais baissé les bras et m'étais dit que tu avais abandonné. Sauf que pas du tout... du coup, mon manque de jugement m'a énervé.

-Donc c'était pas contre moi ?

Il fait non de la tête. Je me sens soulagée. Je sais maintenant qu'il n'y a pas que Nathan qui m'est favorable ici et que Charlie est vraiment un ami.

***

Les jours passent lentement, enfin je ne sais pas trop vu que je perds la notion du temps ici. Je sais juste que c'est pour bientôt, que dans très peu de temps j'aurais une vingtaine de personnes qui me suivront, prenant mes ordres au pied de la lettre, incapables de libre-arbitre.

Charlie et moi nous sommes beaucoup rapprochés, au dépens de Nathan qui ne semble pas près à me « partager ». Je me suis également beaucoup rapprochée de Susan avec qui je partages ma tente désormais. Elle m'a demandé de venir avec elle un peu après m'avoir annoncé la nouvelle et franchement, j'étais ravie que me le demande vu que la fille avec qui je partageais ma tente semblait préférer son matelas plutôt qu'une simple conversation.

C'est l'une des choses que j'apprécie chez Susan, elle sait parler et n'a pas peur de dire ce qu'elle pense. Elle et moi nous ressemblons, bien que nous ne gérons pas les choses de la même manière.

Mes yeux font le tour de la tente pendant que ma colocataire range ses habits fraîchement lavés de son côté de l'armoire, en faisant bien attention à ne pas dépasser la limite que nous nous sommes fixé. Susan a, toutefois, un petit problème, c'est-à-dire qu'elle est obsédée par l'ordre et ne supporte pas quand les choses ne sont pas à leur place.

-Alors, me dit-elle en me sortant de mes rêveries, qu'est-ce qu'il y a entre Charlie et toi ?

Je la regardes sans trop comprendre. Mais de quoi parle-t-elle ? De quoi parlent-ils tous en ce moment ?

-Ne me regardes pas comme ça ! Je sais qu'il se passe quelque chose entre vous deux ! Vous êtes trop mignons tous les deux !

Je lèves les yeux au ciel, mi-amusée mi-étonnée de voir à quel point Susan peut être l'une de ces adolescentes que l'on voit dans les beaux quartiers (quand le gouvernement nous montre des vidéos pour insister sur le fait que c'est génial là-bas) : Seulement intéressée par les garçons et les ragots, prête à tout pour faire la commère. Enfin, chacun son truc pour décompresser et Dieu sait que nous en avons besoin ici ! Et puis ça m'amuse de la voir toute excitée.

-Il ne se passe rien entre lui et moi et toi, comme d'habitude, tu te fais des idées. lui dis-je sur le ton de la plaisanterie.

-Il me semble, ma petite Hailey, que tu ne vois pas ce qui est évident... Enfin bref, c'est toi qui voit.

Elle venait tout juste de finir sa phrase quand Nathan et Charlie débarquent dans la tente et nous regardent droit dans les yeux. Je ne les ai jamais vu comme ça de ma vie. Chacun a les yeux qui brillent d'une lueur nouvelle, d'une lueur d'envie, d'une lueur de folie. Il me semble qu'ils ont trouvé l'idée du siècle, du moins d'après eux, et qu'ils résistent tant qu'ils peuvent pour ne pas la dévoiler tout de suite, attendre encore un peu.

C'est Susan qui rompt le silence qui pesait. C'est un autre défaut qu'elle a : elle est trop impatiente !

-Alors ? Qu'est-ce qu'il y a ? elle demande.

Nathan regarde Charlie puis se retourne vers nous.

-On a eu une super idée avant de partir en expédition demain !... On part faire une virée à quatre et on revient dans quelques heures ! Pour décompresser avant l'enfer.

Je regardes Susan et lui souris. La voilà leur grande idée ! Idée à laquelle j'avais déjà penser mais je gardes ça pour moi.

Susan semble hésiter. Elle n'aime pas trop violer les règles mais je sais qu'elle apprécie beaucoup Nathan et qu'elle veut se mettre en valeur devant lui. Je peux presque la voir peser le pour et le contre dans sa tête.

-Bon d'accord ! elle lance, mais pas longtemps !

Je vois Nathan et Charlie pousser un « Ouais ! » qui montre leur terrible de partir avant ce que nous allons devoir subir.

Nous sommes revenus près de deux heures après être partis. Deux heures de légèreté, deux heures de bonheur, deux heures de blagues, deux heures parfaites. Mais toutes les bonnes choses ont une fin et celle-ci est des plus brutale car, quand nous revenons au campement... il n'y en a plus !

  • Merci beaucoup ! ça me touche beaucoup surtout venant de toi !

    · Il y a plus de 12 ans ·
    Hungergames02 790131  1  54

    missmower

  • Un seul mot me vient ; "brillant"

    · Il y a plus de 12 ans ·
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    patrick-eillum

  • Merci beaucoup pour ce que tu me dis là Mystéria c'est très gentil en plus j'avais peur que cette suite soit moins bien que les autres textes. Donc ça me fait vraiment plaisir toutes ces belles choses que tu dis. Et je dois te dire que non, personne ne me corrige ce qui me fait encore plus plaisir puisque apparemment je ne fais pas beaucoup de fautes. D'ailleurs, si certaines persistent, n'hésites pas à me le dire.

    · Il y a plus de 12 ans ·
    Hungergames02 790131  1  54

    missmower

  • j'aime vraiment cette histoire MissMo! une question. j'ai vu que tu as 16 ans. est-ce que quelqu'un te corrige? parce que je suis surprise de ne déceler aucunes fautes d'orthographe! en plus, c'est plutôt très bien écrit pour une jeune fille de ton âge!
    je te dis donc: bravo! et je vais continuer à te lire!!
    si tu réponds, re-partage ton texte avec moi!

    · Il y a plus de 12 ans ·
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    Karine Géhin

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