Chapitre IV

missmower

Tout n'est que décombres et cadavres qui s'entassent. Il ne semble n'y avoir aucun survivants. Charlie, Nathan, Susan et moi nous regardons dans les yeux, au bord du désespoir.

Un grand bruit de happement d'ailes, de bourdonnement brise soudain le silence et nous avons tout juste le temps de nous cacher avant de voir un grand avion lancer un dernière bombe et s'éloigner.

Et puis c'est le chaos, je n'arrive même pas à hurler. Nous sommes à plusieurs dizaines de mètres des ruines et pourtant, nous sommes touchés par la déflagration. Elle nous sonne, nous fait basculer, nous tombons.

Puis un hurlement déchire le silence qui s'était réinstallé, un cri féminin. Je me retourne vers Susan et m'empêche de vomir tant la vision est horrible. Par je ne sais quel moyen, une branche a empalé sa jambe alors qu'elle tombait à cause de l'explosion. Rien qu'à voir ce qui lui arrive, j'ai mal pour elle et sait que sa jambe est déjà gravement mal en point.

Après la surprise vient la panique. Nathan et Charlie ne savent que faire et se regardent puis me regardent, affolés, incapables de prendre un décision. Je lève les yeux au ciel, effarée de voir qu'ils ne savent toujours pas quoi faire.

Bien qu'ils me connaissent, je crois que tous les deux sont étonnés de me voir enlever mon tee-shirt pour en faire un bandage de secours à Susan, qui s'est évanouie aux suites de ses blessures. Enfin je lui mettrais après avoir enlever cette branche de sa jambe. La sauver d'abord, les conséquences ensuite !

Mon cerveau tourne à toute allure. Il faut trouver de quoi manger, de quoi boire mais surtout de quoi nous abriter car je sens un orage qui approche. Mon esprit divague vers une grotte que Nathan et moi avons repéré un peu après que je sois arrivée chez les Seekers. Mes yeux s'illuminent suite à l'effet de cette découverte.

Je me tourne vers Nathan, priant tous les dieux pour qu'il s'en souvienne.

-Nathan, dis-moi que tu te souviens de la grotte que nous avons vu en faisant notre tour de garde. Tu sais, quand je venais d'arriver et je t'ai plein de trucs à propos de mes angoisses et tout, je lui dis.

-Oui je m'en souviens... Pourquoi ? il me demande,... Oh ! Je vois, tu veux t'en servir comme abri. Mais visiblement tu t'en souviens, alors pourquoi tu me demandes ?

-J'ai besoin que tu cherches du bois après m'avoir à enlever cette branche de la jambe de Susan. Charlie ne sait pas où se trouve cette grotte, il est plus fort que toi et portera Susan et en plus, il est incapable de se repérer dans cette forêt.

Il secoue docilement la tête, l'air de dire qu'il est d'accord. De toute façon, il n'y a pas grand chose à faire d'autre pour le moment.

C'est maintenant que se joue l'avenir de Susan. Je ne peux pas la laisser là, pas après ce qu'elle a fait pour moi, mais lui retirer ce morceau de bois est risqué et cela pourrait causer une hémorragie. Sauf que si je ne l'aides pas, il n'y a aucun doute sur ses chances de mourir alors que si je le fais... Elle peut peut-être survivre.

Sûre de ce que je fais, je regardes Nathan et Charlie qui me renvoie le même aire entendu. Tous deux tiennent la branche pendant que je m'efforce de tirer la jambe de notre amie.

Je me mets à hésiter, il n'y a aucun doute du fait que la douleur la réveillera puis elle s'évanouira à nouveau mais je suis décidée à faire ce qu'il faut.

Je comptes jusqu'à trois dans ma tête puis tire la jambe de toutes mes forces tout en fermant les yeux et en laissant le hurlement de douleur me pénétrer jusqu'au plus profond de mon âme. J'en ai la chair de poule. Le cri dure plusieurs secondes puis le silence retombe dans la forêt, seulement brisé par les oiseaux et autres animaux qui se baladent sans prêter attention à notre misérable vie humaine qui vient d'être mise au tourment.

J'utilise enfin mon tee-shirt pour lui faire un bandage de fortune puis en sort un autre de mon sac, commençant à prendre conscience du froid causé par l'heure tardive et la saison. Charlie et Nathan m'observent, plein d'admiration et de frayeur dans leurs yeux. Je devine qu'ils aimeraient me demander comment je vais mais n'osent pas. Tout cela est encore trop frais dans ma tête. Charlie a encore le morceau de bois dans la main, il le sers si fort que ses jointures sont blanches. Il le lâche puis me sers dans ses bras, plus se calmer que pour me féliciter pour ce que j'ai fait ou me calmer.

Doucement, Nathan s'éloigne et me fait signe pour dire qu'il va chercher le bois, qu'il ne faut pas s'attarder ici et qu'il faut mettre Susan, ainsi que nous tous, en sécurité. Il a raison. Lentement, je détache Charlie de moi et lui dis qu'il faut partir. Il hoche la tête, enlève la larme qui coule le long de sa joue puis prend Susan dans ses bras en faisant bien attention de ne pas lui faire mal en étant trop brutal.

Puis nous nous mettons à marcher, moi devant, guidant la troupe, Charlie derrière moi, tenant Susan fermement dans ses bras pour ne pas qu'elle tombe. Nous ne disons rien pendant un long moment, écoutant le chant des oiseaux nocturnes et le bruit de l'eau qui coule près du ruisseau non loin de nous. Ce moment si paisible me fait presque oublier les horreurs que nous avons vu aujourd'hui. L'arc, pendu à mon côté, semble m'appeler et m'inciter à chasser mais c'est actuellement trop dangereux pour être faisable.

Finalement, Charlie se rapproche de moi.

-Tu crois que c'était qui ? il demande, tu sais... l'avion.

Je sais à quoi il pense et j'ai bien peur qu'il n'ait raison. Personne ne savait où nous étions. Personne ne possède ce genre de technologie... Personne sauf le gouvernement.

C'est l'évidence même et pourtant j'ai du mal à y croire. Ça ne peut être personne d'autre mais savoir de qui il s'agir de perturbe et m'horrifie. Si le gouvernement a fait ça, si c'est le Premier Ministre qui en a donné l'ordre... même les Seekers ne sont plus à l'abri !

Entre temps, nous sommes arrivés à la grotte et Nathan est revenu et a compris de quoi nous parlions. Le feu fait du bien et contraste avec la froideur de la grotte. Le bruit du craquement du bois a quelque chose de rassurant qui rappelle la maison et qui amène de la chaleur au cœur, comme un baume. Puis Nathan pose une question qui me ramène à la dure réalité :

-Pourquoi vous croyez qu'ils ont fait ça ? Je veux dire, les Seekers sont sensés les aider. Alors pourquoi ils ont fait ça ?

-Je pense qu'il y avait quelqu'un dans notre campement que le gouvernement souhaitait mort, je dis, mais seulement tuer cette personne était trop dangereux, alors ils ont tué tout le monde... Tu sais, éliminer les témoins.

Charlie et Nathan hochent la tête, ils sont d'accords avec moi mais savoir cela ne nous éclaire pas plus quant à l'identité de ce mystérieux ennemi. En tout cas, qui que ce soit, je ressens du respect pour cette personne qui susciter tant de peur chez le Premier Ministre.

Dans son sommeil, Susan s'agite ce qui nous rassure tous puisque cela signifie qu'elle n'est pas au bord de la mort.

Dehors, le soleil s'est couché depuis longtemps et la nuit a pris place dans la forêt. On entend vaguement une chouette au loin ce qui, bizarrement, me rappelle qu'il nous faut à manger. Nous avons passé toute la journée à nous occuper de Susan et à parler de cette nouvelle horrifiante, nous n'avons pas pensé à chercher à manger.

Je me lève et me dirige vers la sortie, suivie par les deux garçons mais mon visage leur fait comprendre que je veux être seule. Il y a trop de choses qui se sont passées récemment pour que je puisse fermer l’œil alors autant me rendre utile et aller trouver de quoi manger.

La nuit n'est pas très propice à la chasse en de nombreuses raisons mais elle l'est en de nombreuses autres. Les animaux dorment à cette heure-ci alors pourquoi devraient-ils craindre une chasseuse incapable de dormir ?

Je marche longuement dans la forêt, sans trop m'éloigner de la grotte, puis aperçoit ce qui semble être un daim, ce qui est incroyable à une heure pareille mais je ne vais pas m'en plaindre. Je décoche une flèche qui fuse et vient se planter dans le poitrail de l'animal qui, trop meurtri pour bouger, tomba par terre.

Je m'approche lentement, au cas où un loup chercherait à s'approprier ma proie auquel cas je ne ferais pas le poids.

Mais aucun loup n'apparaît et j'abrège les souffrances de l'animal grâce à ma lame. À chaque fois que je chasse, tuer un animal me fait de la peine au cœur, raison pour laquelle je me répugne encore pus à tuer des humains. Mais la mort de ce daim était nécessaire pour nourrir mes amis qui m'attendent à la grotte.

Le daim sur les épaules, je retourne à la grotte en peu de temps puisque j'étais restée près de notre abri de fortune. Lorsque j'arrive, ils dorment tous comme des bébés et je ne fais pas de bruit pour ne pas les réveiller.

Je pose le daim dans un coin puis ressors de a grotte et m'assois dehors, regardant les étoiles comme je le faisais avec ma mère il y a longtemps et avec Nathan depuis sa mort.

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