Chaque voix compte

ariel2408

C'était un dimanche vide et morose.Levée tard sans but précis, je tentai de rassembler assez d'énergie pour ne pas laisser cette journée sombrer dans le puits noir et profond de l'ennui.

L'appartement était pour une fois silencieux. Mes grands enfants ayant déserté pour les vacances de Pâques, autant profiter de ma solitude et des heures à perdre pour m'occuper un peu de moi.

D'abord je marinai un moment dans un bain tiède,enveloppée par les effluves de jasmin et la note bleue de Chopin,ami de mes heures mélancoliques.

Le ciel d'avril avait provisoirement opté pour un bleu qui promettait au moins un quart d'heure sans averse,je décidai donc de faire un tour au marché tout près de chez moi.Il était tard,et les commerçants commençaient à plier bagage.Ce qui n'était pas le cas des militants de tout bords qui continuaient courageusement à distribuer leurs tracts avec la détermination proche de la fébrilité qui rappelait,si besoin était,que nous étions à une semaine de l'élection présidentielle.

Devant le dernier stand de primeurs ouvert,je me mis à faire la queue,cernée par les militants qui s'activaient,tentant de rallier les derniers indécis au programme de leur candidat.

J'aperçus sous une porte cochère un jeune homme qui avait une discussion animée avec un vieux monsieur.Le ton véhément de ce dernier indiquait son désaccord avec le parti d'extrême-gauche affiché sur le t-shirt du militant.

Je m'approchai,à la fois amusée par la situation et attirée par l'allure du jeune homme qui avait fait remonter en moi des vieux souvenirs de lycée.

La seconde ou la première: La réforme de je ne sais plus quel ministre avait provoqué la colère du corps enseignant prompt à l'action,quelques dix années après mai 68.Et les élèves avaient suivi,trop heureux d'avoir eux aussi leur cause à défendre.La rébellion était menée par un certain Jeff.Il s'appelait en réalité Jean-François,prénom petit-bourgeois et un brin catho,impossible pour un meneur de foules.Il avait probablement adopté ce personnage pour coucher avec un maximum de filles,son aura de révolutionnaire allié à son physique de rockstar le rendant irrésistible.J'étais bien sûr amoureuse de lui,sans aucun espoir,moi la fille studieuse,terne et bourrée de complexes.

S'agissait-il d'une ressemblance réelle ou d'une simple association d'idées?Il me semblait que le garçon du marché aurait pu être son fils.

Le jeune homme avait visiblement renoncé à tout dialogue constructif, et cherchait du regard ce qui pourrait faire diversion tandis que le grand-père continuait à récriminer contre la gauche, Obama,les chinois,et enfin le complot international qui n'allait pas tarder à faire de nous des esclaves.M'apercevant,il m'adressa un sourire complice et presque suppliant.J'eus d'autant plus envie de le tirer de ce guêpier qu'à le regarder de plus près,je constatai qu'il ne manquai pas de charme.Pas très grand,mince,des traits fins et une tignasse brune qui retombait sur des yeux noirs incroyablement expressifs.

« Jeff, il faut y aller, les camarades nous attendent... » Jeff? m'interrogea t-il après avoir rapidement pris congé du gâteux. « Oui, un vieux copain de jeunesse, du même bord que vous. Vous me le rappelez beaucoup ».Pour me remercier, il m'invita à prendre un café.Je dus lui avouer que la politique ne m'intéressait pas beaucoup et que je n'étais même pas sûre d'aller voter.Au lieu de m'asséner le discours moralisateur auquel je m'attendais,il eut l'intelligence de changer de sujet.Il me parla de ses études dans une école de journalisme,de ses parents,modestes employés qui trimaient depuis sa naissance pour lui payer des études,de son job dans un call center où il passait ses soirées à se faire insulter...Son regard à la fois doux et perçant ne me quittait pas,tandis que le mien s'attardait sur ses bras fins mais musclés, ses mains bronzées qui parfois relevaient une mèche,sa bouche aux lèvres remplies...Il avait l'âge d'être mon fils et je ne m'étais jamais envisagée cougar, mais le parti des travailleurs exerçait un effet dopant sur ma libido endormie...

A peine étions-nous sortis du café que le ciel m'envoya un encouragement sous la forme d'une averse cinglante chargée de grêlons.« Vous serez trempé bien avant d'arriver au métro,vous n'avez même pas de veste.J'habite à 20 mètres, vous n'avez qu'à venir chez moi attendre l'éclaircie... » Un nouveau sourire de sa part me laissa supposer que ce que le fantasme qui avait pris corps pendant cette heure passée avec lui allait peut-être se réaliser,et nous fûmes bientôt au pied de mon immeuble.

La suite fût comme une évidence.Je n'eus pas l'occasion de regretter ma chambre en désordre et le lit défait, le canapé du salon nous fût un havre suffisement accueillant.Privilège de l'âge, je lui fit comprendre que les initiatives m'appartenaient et que j'avais bien l'intention de lui faire l'amour comme je l'entendais.Après l'avoir débarrasé de son t-shirt/bannière,je défis les boutons de son jean,et,les oripeaux d'adolescent à terre,je découvris un corps parfait,presque glabre.La peau plus claire au dessus du pubis jusqu'à la naissance des cuisses m'émut particulièrement,marques issues de l'accumulation d'une vingtaine d'étés, de vacances à la mer et de parties de volley sur la plage.

Allongé sur le dos, il semblait décidé à se laisser faire.Mes mains commencèrent à caresser son sexe d'une taille surprenante pour sa silhouette frêle. Ma langue vint goûter ce membre lisse, puis mes lèvres se joignirent à la fête, guettant sur son visage les signes de sa satisfaction. Mes doigts se perdirent autour des rondeurs chaudes, puis plus loin derrière, en exerçant des légères pressions qui lui arrachèrent des soupirs. Le plaisir lui vint rapidement, trop rapidement sans doute, mais j'étais fière de moi et mon savoir-faire. Et puis,à cet âge vigoureux, recommencer n'est pas un problème!

Ne semblant pas le moins du monde embarrassé, il obéit à mon injonction et se retourna sur le ventre, laissant à ma disposition son dos sur lequel j'effectuai des massages appuyés, et ses fesses. J'adore les fesses des hommes, et les siennes étaient tout à fait à ma convenance, étroites et charnues en même temps. D'effleurement en effleurement, je descendis le long de sa colonne vertébrale, jusqu'à la raie bien nette que le bout de mon majeur avide d'exploration suivit, chatouilla, sans pourtant trop insister, ne sachant pas jusqu'où sa jeune pudeur me laisserait jouer. Et je n'eus pas le temps de regretter mon manque d'audace, car il s'était retourné, montrant une superbe érection dont j'avais très envie de profiter. Assise sur lui, le laissant carresser mes seins, j'eus l'impression de perdre conscience quelques secondes tellement la jouissance me foudroya.

La sonnerie de son portable me ramena à la réalité.

A travers la fenêtre, un rayon de soleil blanchit soudain la pièce. L'averse était passée. Le garçon au prénom inconnu s'était déjà presque entièrement rhabillé. « Ma copine m'attend en bas, je dois y aller. » Il ajouta « Merci, c'était très bien » du ton d'un enfant qui remercie sa marraine pour une journée à Disneyland ». Puis, juste avant d'ouvrir la porte: « Alors, promis, dimanche, vous n'oublierez pas de voter? Et ne vous trompez pas de bulletin, hein... »

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