Silence!

Finalement, on y est.

Après quelques batailles, on en est sorti. Quelques blessures décorent nos corps perdus. Quelques coupures nous feront jamais oublier la chose pour laquelle nous nous avons défendus et déboucheront sur des jolies cicatrices, nos épreuves physiques. Nous sommes devenus des preuves charnelles, portant le triomphe de la gloire d'une guerre survécue.

On est fier de nous.

Que nos fronts soient couronnés du signe victorieux de mille nuits blanches, creusées par nos sourcils froncés et témoignées par les doutes partis en vrille.

Que le mémorial soit haut comme les âmes entassées, croisées sur notre chemin mort.

Que nos exploits soient transmis par les ancêtres, tassés par des récits répétitifs et des monologues stupides du passé.

Construisez-nous une mémoire immortelle.

Que notre épopée traverse les océans et fasse se taire les voix critiques de nos grands combats mentales contre nous-mêmes.

Soit fier de nous, ô monde éphémère. Soit fier de notre chair blanche qui se fait voir par la torture des bêtes de troupeau qui se retirent aux cris accusateurs de leur nom. Doutes. Impitoyablement le son rase les champs secs. Doutes. Les fruits d'un ancien espoir, fanés du vent froid du mutisme par vandalisme.

Son grand frère est appelé, il faut rentrer, mais il refuse de bouger. Le silence veut rester encore un peu.

Juste encore un tout petit peu.