Chassé-croisé
_aylden_r
Heureux près de toi, quand toi seule soupires,
Je jouis du plaisir de t'entendre parler,
Et parfois de te voir doucement m'écorcher
Un sourire... Bonheur dans le feint, ce qu'il y a de pire !
La vitre est sale. Tu ne ressembles à rien.
Un amas de veines. Une subtile femme. Non ! Quoi ?
Rejeter ce qui court sur mon corps !
Abroger ce qui crée la distance !
Attendre que toi seule expires,
Dans les doux transports boueux de mon âme.
Je n'ai plus de langue. Je n'ai plus de voix.
Toujours cette apparence.
Un brouillard serpentin circule sur ma vue.
Je ne ressens plus, ne veux plus : comme toi, triste.
Malheureux loin de toi, idéalisé.e, ils nous noient dans leur perception tronquée.
J'ose un dernier coup de chiffon. Tu t'écrases sur la vitre, te mêles honteusement à la vapeur ambiante... Et pourtant on t'y voit. Encore. Trop.
Blafard, putride, perdu !
La vitre est par terre. Son unité est rompue.
Je tremble. Comme moi, heureux, a-t-elle seulement déjà vraiment existé ?
Quelqu'un est mort dans le jeu de piste. Ce quelqu'un, ce n'est pas moi.
"Elle".
très beau texte !
· Il y a environ 3 ans ·Susanne Derève