Chaude semaine à Abidjan

allegria

Une semaine à Abidjan

synopsis

Jour J. Rien ne va plus sur le chantier de la nouvelle ambassade des Etats-Unis à Abidjan – 22 000 m² à bâtir. Les machines se dérèglent et deux décès sont à déplorer. Pourtant, l’urgence est là : l’ambassade doit servir de base dans la lutte contre Al Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) dont l’emprise au Sahel s’accroît.

La CIA dépêche sur place son agent Alpha. Parfaitement francophone – sa mère est une vraie parisienne –, la jeune métisse débarque dans la métropole ivoirienne… Après quelques démêlés à l’aéroport, où elle a tapé dans l’œil du directeur des Douanes, voici Alpha à pied d’œuvre.

J+1. Ingénieure en informatique, l’agent Alpha rétablit les logiciels de gestion de production automatisée qui commandent grues et bulldozers. Mais l’unité centrale, indispensable, est volée. Trois interrogatoires plus tard, Alpha se lance aux trousses des voleurs qui remontent vers le Nord de la Côte d’Ivoire. Elle est accompagnée de John Malko, l’adjoint du chef de chantier Kenwick.

A Yamoussoukro, la confrontation s’achève dans la mare aux crocodiles d’Houphouët-Boigny. L’un des voleurs y laisse une jambe, mais les deux autres s’échappent. Alpha les rattrape bientôt à la basilique Notre-Dame de la Paix et les empêchent de monter dans l’hélico qui s’est posé sur la terrasse. Elle récupère de justesse le précieux ordinateur, mais ne peut rien pour les deux malfrats qui passent par-dessus la balustrade et s’écrasent au pied de la basilique.

J+2. Avant de filer sur Abidjan, John propose un crochet par Dimbokro. Sur place, un bain dans le fleuve Nzi délasse Alpha. Son compagnon glisse bientôt vers le bord de l’eau… Les amants arrivent bien plus tard à Abidjan, au café de Versailles où le chef de chantier leur avait donné RV. Kenwick ne les a pas attendus. Requinquée par une Malta Guiness, Alpha s’accorde une virée au Soleil, la boîte de nuit adjacente, pendant que John, la tête sur la table, rejoint Morphée. La nuit abidjanaise appartient au coupé-décalé!

J+3. Ordinateur sous le bras, Alpha pénètre sur le chantier. Au central, c’est Kenwick qui la reçoit. Il lui annonce que Malko a disparu : personne ne l’a vu rentrer à l’hôtel. Alpha est choquée. Regrette-t-elle celui qui l’a aidée ou les moments passés avec lui ? Peu importe. Elle doit le retrouver.

Toute la journée, Kenwick et Alpha remuent ciel et terre. C’est en écoutant la radio qu’ils apprennent la nouvelle : AQMI-branche ivoirienne revendique le rapt. Un coup de fil les convoque à la Sécurité nationale où les attendent le ministre de l’Intérieur et l’ambassadeur des Etats-Unis. Il faut rattraper les ravisseurs avant qu’ils ne passent au Mali. Le départ est pour cinq heures du matin. Alpha passe la nuit au camp commando.

J+4. L’hélicoptère atterrit à Korhogo, la ville-carrefour par laquelle doit passer le convoi repéré par les satellites. Accompagnée des commandos que le ministre lui a flanqués, Alpha part à la pêche aux infos. L’allure de ses hommes incite aux confidences. Alpha apprend où attendre le convoi. Mais seul un des trois véhicules se présente. Malko n’est pas dedans. Le second roule vers Boundiali, le dernier file à l’opposé, vers Ferké. S’engage une double course-poursuite : les deux véhicules sont interceptés. Pas de Malko non plus. Volatilisé. Les commandos s’emploient à faire parler les hommes arrêtés. Au petit matin, Alpha sait l’essentiel : Malko n’était pas leur prisonnier. Malko est le numéro 2 de l’AQMI-BI et il n’a pas quitté Abidjan. Son but : faire sauter les fondations et rendre le terrain inutilisable pour plusieurs années. Son nom de guerre : Ato Mic Mal.

J+5. De retour à Abidjan, Alpha est sur les nerfs. Il faut qu’elle se détende. Sinon, elle ne peut réfléchir efficacement. Vite, appeler le room service… Trente minutes plus tard, ça va mieux. Elle décide de provoquer Ato Mic Mal. Après de minutieux préparatifs, elle est en planque au chantier. A la tombée de la nuit, les veilleurs l’avertissent : un homme vient de s’introduire sur le parking des machines. Les retrouvailles des ex-amants sont métalliques : le compacteur dans lequel Ato Mic Mal a pris place se retrouve suspendu au bout d’une grue commandée par l’agent Alpha, oscillant au-dessus de l’immense excavation remplie d’eau. Quand Mic Mal réussit à s’extraire et plonge, Alpha l’imite. Elle sort vainqueur du corps à corps. Elle fait emprisonner Mic Mal au camp commando. Mission accomplie

J+6. Dernier jour à Abidjan. Kenwick propose à l’agent Alpha une journée détente à Bassam, la station balnéaire voisine. Il est en veine de confidences. Comment il a connu John Malko, ce qu’ils ont fait ensemble, les femmes qu’ils ont aimées...

J+7. Les portes de l’avion se ferment. Alpha ne peut s’empêcher de pousser un soupir de soulagement. En même temps, elle est un peu triste. Et si son père venait de ce pays-là, la Côte d’Ivoire ? Pas le temps de s’attarder. Le steward lui remet un pli. « RV à Roseau, Commonwealth de la Dominique. » Signé… Malko!

Scène érotique

Après la sage nuit passée à l’hôtel Président, Alpha se sentait en pleine forme.

- Ohé, vous venez ?

L’interpellation de John, assis au volant de l’Infiniti blanche, la tira de ses pensées. 

- Oui, oui, j’arrive !

- Que diriez-vous de découvrir Dimbokro ? Cela fait un petit crochet, mais c’est une ville attachante. Je vais vous faire admirer le vieux pont qui enjambe le Nzi. C’est un pont métallique, comme ceux du métro; il a d’ailleurs été construit à la même période puisqu’il date de 1908. Ca vous rappellera Paris…

Alpha n’avait pas souvenir d’avoir évoqué Paris avec John, mais elle n’y attacha pas d’importance.

- Avec plaisir ! De toute façon, même sans faire l’école buissonnière, nous n’arriverions pas assez tôt pour relancer le chantier aujourd’hui.

La route déroulait des paysages aux verts multiples. Au bout de 50 km, John tourna à gauche.

- La clim ne marche plus ?

- Non, désolé, impossible de la relancer ce matin, répondit-il en se tournant vers Alpha.

Les yeux de John s’attardèrent sur les jambes qu’elle avait allongées devant elle. Il admira les mollets musclés et les cuisses fuselées dont le haut était pris dans le kaki d’un short court.

Malgré les fenêtres grandes ouvertes, la chaleur montait à mesure que la matinée avançait. C’est avec soulagement qu’Alpha vit John garer la voiture sous les frondaisons du bord du Nzi. Mais pas de pont datant de 1908 à l’horizon !

- Où se trouve ce fameux ouvrage d’art ?

- Il faut descendre sur la berge pour pouvoir le découvrir. Attention, ça peut glisser.

Mais il n’avait pas plu les jours précédents, et le sentier était bien sec. Alpha n’eut pas à accepter la main que John lui proposa.

La fraîcheur de l’eau montait vers eux. Alpha avait déjà les pieds dans l’eau.

- Quel bonheur ! Vous croyez que je peux me baigner ?

- Bien sûr. Mais ne vous éloignez pas, il y a un peu de courant au milieu du fleuve.

- Je ne choquerai personne si je me baigne en soutien-gorge ? Je n’ai pas de maillot.

- Ceux qui en ont besoin sont déjà venus prendre de l’eau ce matin, et les écoliers, eux, ne sortiront pas avant 13 heures. Vous avez trois bonnes heures.

John eut juste le temps de tourner la tête, le short et la chemise de la jeune femme étaient à ses pieds.

- Où se trouve le pont ?

- Le… le pont ? dit-il en se retournant de façon hésitante vers le fleuve.

- Oui, le pont du chemin de fer, lança Alpha dont seule la tête dépassait de l’eau.

John reprit ses esprits.

- Juste derrière ce petit promontoire, sur votre gauche.

- Venez me le montrer, monsieur Malko.

La voix d’Alpha contenait cette pointe d’autorité impérieuse à laquelle un homme ne peut résister. Si l’eau avait rafraîchi Alpha, elle n’avait visiblement pas éteint un feu plus intérieur. John enleva ses habits et se glissa dans l’eau. Quand il ne fut plus qu’à quelques pas, Alpha se redressa de toute sa hauteur. Saisi par la beauté athlétique de ce corps qui s’offrait à lui, John sentit son sexe se durcir instantanément. La fraîcheur de l’eau n’y changea rien.

- Alors, monsieur Malko, quel promontoire allez-vous me faire découvrir ?

Quand les mains de John se posèrent sur les reins d’Alpha, celle-ci se cabra comme sous l’effet d’une décharge électrique. A pleine bouche, il saisit les seins pointés vers le ciel et sentit simultanément son javelot quitter les eaux fraîches du Nzi pour pénétrer une grotte brûlante. Après quelques instants, ils n’étaient plus que deux corps implorant les divinités de l’eau d’apaiser leur soif.

Scène d’action

En entrant dans Yamoussoukro, Alpha et John remarquent la voiture des voleurs garée à l’entrée du marché Habitat. L’autre indice dont ils disposent est que les voleurs sont au nombre de trois, dont l’un est clair, probablement libanais né en Côte d’Ivoire. En déambulant entre les étals, les deux partenaires restent attentifs. Ils repèrent les trois hommes attablés à la terrasse du maquis Le Jardin.

John convainc Alpha de jouer l’intimidation en se présentant aux trois hommes pendant que lui leur coupe toute possibilité de retraite. A peine Alpha a-t-elle prononcé les mots « unité centrale » et « chantier de l’ambassade américaine » que les trois hommes bondissent, bousculant Alpha de leur masse imposante. Deux partent tout droit pendant que le troisième, en sens inverse, se trouve nez à nez avec Malko. Blanc comme un linge, le Libanais fait demi-tour et rejoint ses comparses. Voici déjà l’Eglise Saint-Augustin. Malko est passé à gauche de l’église et leur barre la route. Alpha est derrière eux, qui vient de sortir son arme préférée, un petit 38sp. Les trois hommes hésitent. Finalement, ils sautent dans le lac en contrebas de la rue.

- Alpha, vous savez nager ? demande Malko .

- Je me débrouille, répond la jeune femme, que le ton condescendant de Malko commence à échauffer sérieusement. 

- Ce n’est pas un lac. C’est la mare aux crocodiles présidentiels. On les nourrit tous les soirs à 17 heures. Et là, il n’est que 15 heures…

- Faut que je vous sorte mes médailles ? Mon dernier 200 m nage libre, je l’ai fini à très exactement 6 secondes du record du monde !

- OK OK OK ! Vous énervez pas. On y va, alors !

Pendant qu’Alpha range son 38 sp dans la poche étanche de son pantalon, les trois voleurs atteignent presque la rive opposée. Le premier est en train de se hisser sur la roche d’un blanc aveuglant quand les premiers sauriens, réveillés par l’agitation, se jettent à l’eau. En quelques secondes, tous ont plongé. Ils arrivent à gauche. Alpha et John doivent pointer à droite. Ils touchent terre peu après le second, qui déjà s’enfuit sur les traces du premier. Le dernier a moins de chance. Une terrible mâchoire a saisi sa jambe gauche mais par miracle ne l’a pas emporté au fond. Il se hisse en laissant derrière lui un large filet de sang qui sèche instantanément sur la pierre surchauffée. 

- Mettez-le hors d’atteinte des crocos, hurle Alpha à Malko, je m’occupe des deux autres !

Ceux-ci atteignent leur voiture. Alpha emprunte un vélo. Le sprint leur fait traverser l’avenue de Bouaké, puis la route de Daloa pour déboucher sur l’esplanade de la Basilique Notre-Dame de la Paix. Alpha reste bouche bée. Saint-Pierre de Rome en pleine brousse ! Tout le parvis est en marbre importé d’Italie, l’avait prévenue Malko. Mais l’heure n’est pas à la crise d’adoration. A 200 mètres, les deux hommes pénètrent déjà dans la basilique.

Alpha entend au loin le ronronnement d’un hélicoptère. Elle se rue à son tour dans la basilique, dont la fraîcheur lui fait tourner la tête après l’écrasante chaleur extérieure. Sur la terrasse, elle rattrape celui qui porte l’unité centrale et grâce à une clé de judo, lui subtilise l’objet. Son chef s’agrippe déjà aux patins de l’hélico ; le second le rejoint de l’autre côté. Mais Alpha a sorti son arme, et son tir déséquilibre l’hélico qui fait une embardée. Les deux malfrats heurtent la balustrade ; emportés par le mouvement, ils passent par-dessus et s’écrasent 120 mètres plus bas, au pied de la basilique immaculée.

Portrait de l'héroïne

De son père, Alpha sait simplement qu’il est noir. D’Afrique ? Des Etats-Unis ? Des Caraïbes ? Sa mère, blanche et de bonne famille, a toujours refusé de préciser la véritable identité du reproducteur. Elle dit que c’est déjà beaucoup d’avoir gardé ce prénom, Alpha, qui se donne plutôt au masculin, mais qu’il voulait absolument qu’elle porte, malgré son sexe…

La jeune femme a passé son adolescence à effectuer des recherches sur Internet et, ce faisant, s’est prise de passion pour les nouvelles technologies et le réseau. Le world wide web l’a beaucoup fait rêver. Alors qu’elle était une élève assez médiocre jusqu’en première, cette passion l’a amenée à exceller en terminale, puis arriver première au concours d’entrée à la prestigieuse école d’ingénieurs Polytechnique. C’est à Oxford, où elle est partie se spécialiser en architecture des réseaux, qu’elle a été contactée pour la première fois par la CIA… C’est aussi à Oxford qu’Alpha est devenue vraiment sportive : tennis, taekwondo et tir à l’arc… Ses trois T, comme elle dit, pour compléter le T – le tea – anglais qu’elle y a adopté.

Mais bien avant Oxford, Alpha avait déjà des jambes longues et fuselées – un héritage paternel, semble-t-il, magnifié par des années de natation à laquelle sa mère l’a initiée alors qu’elle n’avait pas encore quatre ans –, des fesses haut perchées et rebondies et une taille si fine que, n’eurent été justement ces foutues callipyges, elle aurait pu porter du 36 malgré son mètre 82 ! Au final, elle doit prendre du 42 pour passer l’obstacle : résultat, jupes comme pantalons tiennent sans ceinture au niveau de ses hanches…

Ses seins sont parfaits, demi pamplemousses dressés vers le ciel, ronds et fermes à souhait. Surtout, ils se prolongent vers les épaules par une courbe au creux si tendre qu’elle n’a même pas besoin de décolleté plongeant pour affoler les boussoles masculines, dont l’aiguille virevolte rapidement en tous sens. Son cou est mince, comme sa taille, ses poignets et ses chevilles. Des attaches dont la finesse ne l’a jamais empêchée d’être une fille à poigne, comme dit Armand, son meilleur ami. A la grande surprise, parfois, de l’un ou l’autre de ses petits copains d’un jour – ou plutôt d’une nuit – croyant pouvoir la dominer !

Le visage d’Alpha est régulier, presque classique ; un ovale zébré d’une bouche rouge carmin entrouverte sur des dents d’un blanc éclatant. Ses lèvres bien dessinées viennent souligner un nez en trompette, à peine épaté. Rien à voir avec les narines de son père – de véritables lunettes de soleil, à en croire sa mère ! De profil, l’arête du nez est impériale, à la Néfertiti. De face, l’appendice marque cependant une frontière : à droite, l’œil est vert profond, tendance lac de glacier ; à gauche, il est brun brûlant, tendance braise. Des yeux vairons. Seule la colère peut estomper la frontière : les deux prunelles virent alors au noir intense.

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