Chenil - concours comédie romantique comique
Véronique Locart
Synopsis :
Nicolas, avocat, propriétaire d’un labrador, est envoyé par sa collaboratrice, Sophie Lanceil, au chenil de Lina qui le reçoit en l’arrosant par inadvertance avec le jet d’eau de son tuyau. Nicolas prend une douche chez elle. Agacé, il part au tribunal, laissant son labrador, Lover, au chenil.
L’affaire de Nicolas se termine quelques jours plus tard, il vient récupérer Lover. Lina se tourne brusquement vers lui et le bouscule dans la terre humidifiée par l’arrosage. Le costume de Nicolas est couvert de boue. Nicolas prend une douche chez elle. Il décide de ne plus lui amener son chien.
Quelques semaines plus tard, Nicolas est obligé de donner son chien en pension au chenil de Lina. Lorsque Nicolas apporte Lover, Lina l’invective, en mettant en avant qu’il fait partie des gens indécis. Très agacé, il veut repartir avec son chien. Mais Lover, le labrador ne veut pas repartir avec son maitre. Nicolas est contraint de le laisser à la garde de Lina.
Nicolas revient un mois plus tard afin de récupérer Lover, il a emporté un franc succès dans son affaire qui est close. Toutefois, il est à bout de force. Lina entre en voiture dans la cour de sa propriété. Nicolas l’a attendu. En entrant dans sa cour, Lina égratigne la voiture de Nicolas. Il veut éviter les tracas administratifs que lui produirait une démarche administrative auprès des assurances. Il est tellement agacé qu’il lui règle, en plus de la pension de Lover, de quoi réparer sa voiture à elle.
Un peu plus tard, Nicolas arrive au chenil pour faire signer à Lina un contrat. Lover s’échappe de la voiture pour rejoindre Lina qui discute avec Hector, son ami d’enfance. Lover saute sur Lina qui tombe au sol en riant. Nicolas reconnaît à voix haute que les bêtes l’aiment et vice versa. Sauf qu’en se relevant, Lina se prend les pieds dans une corde qui retenait la base de la cuve de distribution de croquettes. Lina n’a pas le temps de prévenir Nicolas, la cuve se renverse. Le contenu de la cuve, le stock de croquettes, tombe sur la tête de Nicolas. Il refuse la douche que lui propose Lina, sous le regard amusé d’Hector. Lina propose à Nicolas de lui offrir la prochaine pension du Labrador en guise de dédommagement. Il refuse croyant que s’il accepte quoi que ce soit d’elle, il sera damné.
Nicolas, Hector et Lina boivent un verre sur la terrasse afin de signer le contrat. Lina sert du vin blanc bien frais. Elle renverse le verre de vin blanc destiné à Nicolas sur son costume. Nicolas se fâche sérieusement. Deux maladresses dans la même heure, c’est beaucoup trop pour lui. Toutefois, secrètement, il commence à la trouver intéressante. Après un nettoyage rapide de la veste de Nicolas, la discussion et la signature du contrat, Nicolas parle brièvement de sa profession. Lina parle de sa passion des chiens. Elle avoue avoir été atteinte de dyspraxie étant enfant. Malgré des visites chez des médecins spécialisés, elle est restée toujours aussi maladroite. Hector raconte comment leurs camarades se moquaient de Lina à cause de ses gaffes et maladresses. Nicolas comprend mieux la personnalité maladroite de Lina. Finalement, il la trouve touchante, néanmoins, il n’en souffle pas un mot.
Nicolas part, déçu. Il est persuadé que Lina a déjà quelqu’un dans sa vie en la personne d’Hector. Il se confie à Sophie, un soir qu’il boit trop. Elle le rassure en indiquant qu’elle n’a jamais remarqué de gestes intimes entre Hector et Lina, donc, il n’est pas son petit ami.
Lina, de son côté, pense à Nicolas de plus en plus souvent. Hector profite qu’il est présent au chenil pour mettre en avant que Lina parle tout le temps de Lover et de son maître. Il lui fait part de son idée profonde que Lina serait amoureuse du maître de Lover.
Lina décide de se soigner de cette dépendance affligeante vis-à-vis de Lover et de Nicolas. Elle refuse de prendre Lover en pension, lorsque Nicolas l’appelle pour le lui demander. Elle donne l’excuse de ne pas avoir de place libre. Lina demande à Hector de veiller sur le chenil pendant quelques jours. Elle descend dans le midi pour rendre visite à ses parents qui se sont mis au vert pour leur retraite.
Lorsque Lina revient de son voyage de six jours, Lover l’accueille de sa façon habituelle. Il se jette sur elle pour la débarbouiller. Elle se laisse faire en riant. Puis, elle comprend qu’Hector a accepté ce qu’elle-même avait refusé à Nicolas. Hector a nettoyé le sol récemment. Les deux hommes s’approchent d’elle, Lina glisse sur le sol humide et atterrie sur Nicolas qui roule au sol avec elle, sous le rire amusé de Pievel, et les jappements joyeux de Lover.
Après combien d’autres maladresses que Lina fera subir à Nicolas, comprendront-ils qu’ils sont faits l’un pour l’autre, malgré les apparences ?
Début :
1- Rencontre et première catastrophe
Une grosse affaire dont s’occupe Nicolas se termine au tribunal. Ce lundi-là, le juge va prononcer le verdict. Nicolas est tellement épuisé qu’il s’adosse au mur dans le couloir du tribunal. Il parle de son immense fatigue à sa collaboratrice, Sophie, qui est aussi une amie précieuse depuis qu’ils se sont rencontrés pendant leurs études à la faculté de droit.
-Qu’est-ce que tu fais de Lover pendant tes affaires si prenantes ? Demande Sophie.
-Je le laisse à la maison. C’est un chien très patient. Il est calme. Il paraît compréhensif.
-Tu devrais le mettre en pension pendant que tu es sur une grosse affaire, lui conseille Sophie.
Nicolas regarde son amie avec laquelle il a partagé tant de choses. Elle est une belle petite brune qui sait ce qu’elle veut, qui a du caractère. Il en faut pour être une avocate crédible comme elle.
-Où est-ce que je trouve cette pension qui fera de Lover un labrador heureux, loin de moi ?
-A la pension CDP, soit le Chenil De Penot, dit fièrement Sophie. J’y ai déposé ma Lissie à de nombreuses reprises. Elle est toujours revenue avec difficultés, tellement elle s’y plait.
-Donne-moi l’adresse, que je puisse y déposer Lover pour faire un premier essai, dès demain.
Sophie transmet la carte de visite du chenil à Nicolas. Elle l’observe un instant. Il ne serait pas aussi pâle, les yeux cernés, il serait le bel homme trentenaire, brun, yeux bleus, visage gracieux, sûr de lui, sur lequel toutes les femmes se retournent dans la rue. Etonnant qu’elle ne soit jamais tombée amoureuse de lui. Nicolas est appelé dans la salle de tribunal, le juge va rendre son verdict. Sophie s’éloigne, n’ayant plus rien à faire dans les parages.
Lina est en pleine activité sur sa propriété qui comprend non seulement sa maison, héritée de ses parents, mais aussi le chenil, dont elle a fait sa profession. Il s’agit d’une pension de luxe pour les compagnons de gens fortunés. A la fin de ses études vétérinaires, cette blonde aux yeux verts clairs, a commencé son activité à l’âge de vingt-cinq ans, en prenant en charge les chiens des voisins. Son activité à pris de l’essor grâce au bouche à oreille. Son chenil est devenu un lieu de gardiennage à ne pas manquer si on possède un animal de compagnie à quatre pattes. Lina porte une affection particulière à ces animaux à poils. Ils lui permettent, depuis deux ans, de modérer sa maladroitesse. Le corps de Lina ne réagit pas de la même façon si elle est en compagnie des chiens que si elle est en compagnie de ses comparses. Malgré son travail acharné, tant physique que psychologique, pour faire fonctionner son chenil et vivre de son activité, elle accuse toujours un léger surpoids. Elle n’en est pas gênée. Elle n’a jamais cherché à faire un régime. Elle se dit être bien dans sa peau, telle qu’elle est. Les chiens ne la jugent pas, contrairement à certains de leurs maîtres.
Lina vient de faire prendre leur douche à certains de ses pensionnaires, à l’aide du jet, moment qui se transforme immanquablement en partie de jeux et de fous rires. Elle nettoie la dalle sur laquelle les chiens prennent leur douche. Elle ne fait pas attention à l’homme qui s’approche d’elle. Il l’interpelle. Elle se retourne brusquement vers lui, ne l’ayant pas entendu, mais, ayant senti sa présence. Sauf qu’elle n’a pas arrêté le jet qu’elle envoie devant elle et le jet d’eau froide s’abat, par inadvertance, sur l’homme. Lina tourne le robinet à la base du jet pour stopper l’arrivée d’eau froide. Elle dépose le tuyau et s’approche de son visiteur qui esquisse un geste de recul. Il craint l’approche de la jeune femme, telle une dangereuse personne. Le costume de marque ne ressemble plus en rien à ce qu’il était au départ. C’est devenu une loque, un lambeau d’eau.
-Je suis désolée … je ne l’ai pas fait exprès … j’ai été surprise … je ne vous ai pas entendu …
Lina est honteuse d’avoir peut-être gaspillé une chance d’avoir un nouveau client étant donné qu’il est accompagné d’un labrador. Elle est penaude d’avoir été, une fois de plus, maladroite avec un de ses semblables. Les mains de Lina papillonnent autour de l’homme qui semble agacé.
-Je suis un ami de Sophie Lanceil, elle amène parfois Lissie, son labrador femelle, grogne l’homme. C’est elle qui m’a conseillé de vous amener mon chien.
-Oh ! Enchantée, Monsieur. Je suis Lina De Penot, dit Lina en tendant sa main.
L’homme ignore la main de Lina.
-Je suis Nicolas Van Ronkel. Et voici Lover, mon labrador mâle, se présente-t-il d’un air arrogant.
Lina s’accroupie pour être à la hauteur du chien qui vient à elle et qui lui renifle le visage. Nicolas ne rate pas une miette de la prise de contact du chien et de la jeune femme. Lina se redresse.
-Je peux vous proposer de prendre une douche, si vous le souhaitez … une douche chaude, cette fois-ci … dans ma salle de bain, propose Lina d’un air d’excuse.
-Je prends mes affaires de rechange dans la voiture. Puis-je vous laisser Lover, le temps d’aller à ma voiture ? Il ne lui arrivera rien ? Demande-t-il sceptique.
-Je vous assure que je suis très doué avec les animaux, particulièrement avec les chiens.
Nicolas parait sceptique. Toutefois, il parcourt le trajet jusqu'à sa voiture en gardant un œil sur Lina. Il remarque qu’elle est vêtue d’un jean et d’un tee-shirt gris. Il revient vers elle. Elle lui passe devant pour lui montrer le chemin, Lover sur ses talons. Le labrador parait avoir adopté Lina et vice-versa. Ils entrent dans la maison, sombre et fraîche. Un immense hall en guise d’entrée, sur lequel ouvrent plusieurs portes. Nicolas n’a pas le temps de s’interroger sur quelles pièces ouvrent ces portes, que Lina le dirige dans un grand escalier en colimaçon. Il la suit toujours à travers un long couloir, en haut de l’escalier. Des portes sont à espaces égaux sur leur gauche. Lina ouvre une porte tout au bout du couloir. Il s’agit d’une vaste salle de bain blanche, moderne, avec une baignoire à remous, une douche à jets incorporés dans le mur. Lina ouvre un placard, blanc lui aussi, pour en sortir un drap de bain, de couleur blanche.
-Si vous avez besoin de quoi que ce soit, servez-vous, fouillez, murmure Lina.
Elle le laisse seul dans la salle de bain, Lover suit Lina.
Nicolas profite des bienfaits de la douche chaude tout en repensant à ce qui l’a amené à se réfugier dans cette salle de bain. Il se note mentalement de parler de la jeune femme à Sophie. A la sortie de la douche, il inspecte la salle de bain d’un œil général. Tout est rangé, tout semble à sa place, tout est propre. Pas de trace de calcaire, pas de cheveux blonds qui trainent. Seul un distributeur à savon liquide est bien en place sur un support prévu à cet effet. Il avait déjà remarqué la propreté de l’intérieur de la maison. Peut-être qu’une des portes de l’étage ou du rez-de-chaussée renferme un capharnaüm monstre. C’est presque malsain d’être aussi propre alors que Lina s’occupe de chiens pratiquement toute la journée et une partie de la nuit. Il se secoue et s’habille de son costume de rechange. Heureusement qu’il a toujours un bagage de secours dans sa voiture.
Nicolas rejoint Lina dans la cour, à l’extérieur. Elle joue avec Lover qui a l’air enchanté que quelqu’un s’occupe de lui. Lover s’arrête un instant pour regarder son maître ne sachant plus vers lequel des deux se tourner. Il vient s’asseoir aux pieds de Lina, la langue pendante.
-Je vois qu’il vous aime déjà, remarque Nicolas.
-Je suis encore désolé pour votre costume.
-Ce n’est rien Mademoiselle …
-Appelez-moi Lina. C’est mon prénom. Je trouve que mon nom est trop pompeux.
-Bien ! Lina, puis-je vous laisser Lover pour quelques jours ? Il s’agirait d’un premier essai.
Lina réfléchit un instant, regarde au sol, regarde Lover, puis son regard s’ajuste à celui de Nicolas. Un frisson la parcourt, malgré la chaleur ambiante de cette fin de printemps. Elle s’aperçoit qu’elle ne frissonne pas de froid. Elle n’identifie pas l’origine de son frisson. C’est quelque chose d’inconnu. Ses sentiments sont confus. Est-ce un problème de confiance ? Non, elle est fixée sur le regard bleu, qui devient interrogatif presque inquiet.
-Et bien … combien de temps avez-vous besoin que je le garde ?
-Je souhaiterais venir chercher Lover dans trois jours. Nous sommes mardi. Je suppose que mon affaire sera conclue vendredi. Je serais là vendredi en fin de journée. Vers quelle heure dois-je venir ? Je me renseigne surtout pour ne pas perturber la bonne marche de votre chenil.
-Le chenil est ouvert vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Venez à l’heure que vous désirez. Voulez-vous visiter le chenil dans son ensemble ? C’est ce que je fais avec les nouveaux clients.
-Non merci. Je ne tiens pas à abuser de votre salle de bain, ironise Nicolas.
Lina se sent légèrement vexée. D’habitude les maîtres ou maîtresses aiment connaître l’endroit dans lequel va coucher, jouer, évoluer son chien. Ce n’est pas le cas de Nicolas, comme s’il s’en fichait totalement, comme s’il avait l’intention de se débarrasser de son compagnon.