Mon ascension du Mont Everest...en talons aiguilles!

lana-calzolari

Synopsis

Era Tome. Un nom peu engageant qui évoque les prémisses……….de drames ! Era est toujours sur le fil du rasoir, entre la vie et l’amour. Pourtant, ce n’est pas faute d’y croire dur comme fer. Era soudoierait même Cupidon pour y parvenir. Elle se contenterait de vivre d’amour et d’eau fraîche à défaut de champagne. Mais quand on est une jeune fille en fleurs de 30 ans (ayant la cuisse légère malgré tout), quand on a  un herpès labial à répétition et la crainte des espaces confinés, il n’est pas facile de trouver sa moitié d’orange sanguine. Et parfois, quand on pense l’avoir trouvée, on est surprise de la découvrir avec des pépins, qu’on soit jolie comme une pulpe d’orange ou pas.

Era flirte, non pas avec de riches éphèbes, mais avec des chiffres : elle travaille dans une banque. Cependant, la finance lui donne des crises d’angoisses et de larmes en plus de ses boutons. Elle rêve d’être une étoile (elle est plus filante qu’étoile) mais ce n’est pas gagné d’avance quand on est la fille spirituelle de Pierre Richard et que la déveine s’est improvisée votre meilleure amie. De plus, comme elle a succombé au plaisir de la chair avec une bonne partie de ses collègues, il lui faut trouver rapidement un autre domaine d’activité !! Toujours en quête d’amour notre Era !

Era va apprendre dans la douleur que malheureusement la vie ne peut pas se comparer à une série de télévision américaine. Que les hommes n’y sont pas tous beaux et gentils et que l’argent ne coule pas à flot au milieu des paquebots. Mais que finalement, la réalité n’est peut-être pas quelque chose d’aussi terrible que ça….. un rebelle à moto peut avoir autant de charme qu’un prince charmant sur son cheval blanc. Le chemin de la vie, aussi escarpé soit-il, vaut la peine d’être vécu.

 

 

Début

 

1er mars 2007 :

 

Amour : et si vous commenciez l’équitation ? Vous y rencontrerez peut-être

           un bel étalon.

 

 Travail : n’essayez pas de vous ouvrir les veines dans l’économat. Faites

            plutôt le café à votre chef pour l’impressionner.

 

Argent : le fric c’est chic

 

Santé : le salami vous donne des boutons.

Râteau no 22

18h31 : il n’a toujours pas appelé………

18h32 : et si je l’appelais ? Non je n’ose pas….

18h33 : je ne comprends pas, il finit le travail à 18h30 pourtant…

18h34 : quatre minutes de retard ça fait beaucoup pour un comptable. Il

            n’est pas vendeur dans une supérette, un client ne peut pas débarquer à

            l’improviste !

18h35 : il s’est peut-être fait renverser par une voiture ! Mon dieu il faut

            que je l’appelle !

18h36 : je déteste faire le premier pas mais je vais quand même l’appeler…         

            J’ose ou je n’ose pas ?

18h37 : je n’ose pas !!

18H38 : J’OSE !

18H39 : PAS !!!

19h30 : ce numéro n’est plus valable. Veuillez contacter votre opérateur

            téléphonique. Ce numéro n’est plus valable. BIPPPP

19h31 : oh rage, oh désespoir. Pourquoi les hommes ont été nourris mais pas

            élevés ?

Au grand diable pourquoi, est-ce que cela ne marche jamais comme dans les séries américaines ? Dans Beverly Hills, les héroïnes ne se font pas abandonner comme des lépreuses sur une aire d’autoroute après une partie de jambe en l’air. C’est dans la réalité que le salaud ne tombe pas amoureux de vous après une folle nuit d’ivresse mais disparaît sans laisser d’adresse ! Et c’est ce qui m’arrive régulièrement ! Même si je ne couche jamais le premier soir ! Uniquement le deuxième ! Tout en étant foncièrement romantique, je n’étais pas une oie blanche non plus. Plutôt une hyène assoiffée de sang, de sexe et d’un peu de fric !

« Era, les hommes sont comme les théières, ils servent plusieurs tasses » ne cessait de me répéter Fab, mon meilleur ami qui aurait pu être le père de mes enfants s’il n’avait pas été si gai enfin gay.

J’adorais l’humour caustique de Fab. Il avait un sens inné de la répartie. Il avait réussi à me reprocher d’avoir secouru une vieille dame qui était tombée à vélo, en me disant qu’on aurait pu économiser 30'000 Frs de sécurité sociale par année si je l’avais laissée croupir. Mais vu la passion dévorante qu’il entretenait avec un égyptien résidant au Caire, rencontré sur internet, je n’étais pas totalement convaincue de devoir prêter attention à ses conseils sentimentaux.

Fab fait parti du five club qui se compose de Savon de Marseille, l’exagératrice avérée en couple, de Mal, la frigide frustrée en couple également, ainsi que de Kiki, une calamité tout comme moi, célibataire. Nous refaisions le monde lors de nos usuels apéros du jeudi soir qui se déroulaient généralement dans un bar pas très à la mode.

Attention, la comparaison avec la série fétiche « Sex and the city » serait enviable ! Mais il n’en n’est rien ! Même si effectivement nous étions des adulescents désemparés à la recherche de l’amour éternel, a contrario de Carrie and Co, à Manhattan, nous ne faisions pas du shopping entre deux layettes, sabrant nos cartes American express black rutilantes et n’étions pas las d’exercer un job de relations publiques, d’avocates ou de chroniqueuses. Non, nous vivions dans une ville peu festive (même si Genève est une métropole économique non négligeable, économie rime pour moi avec narcolepsie), nos bourses étaient aussi pauvres que l’Angola, nous (moi !) avions un job abominable et la seule chose que je sabrais c’était mon ennui! De plus, nos soirées ne se déroulaient pas autour de cosmopolitans dans un bar branché mais plutôt dans un boui-boui autour d’un coca zéro car nos finances ne nous permettaient pas de nous égarer !

Au vu de ces tristes constations, j’avais dû abandonner mes idéaux avec une profonde tristesse ayant toujours été terriblement romanesque et idéaliste. Surtout étant une fervente admiratrice de cinéma et de happy ends, de comédies romantiques à l’eau de rose qui avaient gonflé mon cœur d’espoir mais qui avaient dévoré une bonne partie de mon petit cerveau de mouette. Dès nos premiers poils pubiens, on nous met martel en tête à propos du prince charmant, de l’âme sœur, alors que l’homme est foncièrement polygame ! On a plus de chance de gagner au loto que de passer toute sa vie avec le même homme. Alors à défaut de monogamie, pensons à nos économies !  J’avais lu une citation d’Aristote Onassis qui avait retenu toute mon attention. Elle disait "Pour avoir du succès, soyez bronzé, vivez dans un immeuble chic (même si vous êtes dans la cave), faites vous voir dans les restaurants élégants (même si vous ne prenez qu'une boisson) et si vous empruntez,empruntez beaucoup." J’imagine qu'il devait savoir de quoi il parlait….

Je tentais d’appliquer ses conseils à la lettre mais malgré toute ma bonne volonté (j’avais fait le poireau pendant 2 heures dans le hall d’un hôtel de luxe faisant croire que j’attendais un ami) cela ne marchait pas ! Quelques libidineux avaient certes reluqué ma minijupe mais aucun ne s’était arrêté pour me proposer un verre. J’avoue que la perspective de rencontrer un homme vivant dans une totale aisance matérielle ne me gênerait pas outre mesure, même si je privilégie les sentiments. Si, si c’est promis ! Car comme disait Oscar Wilde, « j’ai les goûts les plus simples du monde, je ne me contente que du meilleur ». Ironie du sort, je suis toujours sortie avec des fauchés. Et encore, le mot « fauchés » est un euphémisme. Sans le sou, endettés, avec de furieuses tendances aux poursuites judiciaires seraient des termes plus appropriés.

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Je m’appelle Era, j’ai 27 ans et je travaille dans une banque. Pas Eva, ce qui aurait déjà été l’esquisse d’un avenir prometteur, non Era. De prime abord, j’ai tout pour plaire. Je ne suis ni moche, ni grosse, c’est plutôt le contraire. Je suis assez grande, mince, j’ai de jolis yeux clairs qui m’ont toujours valu bon nombre de compliments et des cheveux bouclés un peu ébouriffés jamais coiffés. Je suis plutôt intelligente, très vive d’esprit, dynamique, pétillante, drôle et d’un idéalisme touchant. Je ne suis pas issue d’une famille d’alcooliques avec une mère droguée et prostituée. J’ai toujours été choyée par mes parents et nous n’avons manqué de rien. Même si mon père a quitté le cocon familial à l’âge de mes 18 ans, cela ne m’a pas plongée dans une dépression totale. J’ai sangloté certes, mais dès la deuxième semaine je m’en suis remise. D’ailleurs, j’étais même finalement ravie de régner en princesse sur la maison. Oui je suis fille unique. Ce qui pourrait justifier certains comportements dignes de l’enfant roi je l’avoue, mais on peut difficilement mettre mon manque de chance sur le dos du schéma familial.

Malgré mes incommensurables qualités, je suis toujours CELIBATAIRE ! Le pire dans tout ça, c’est que je ne suis pas uniquement une célibataire lambda. Non, j’essuie râteau sur râteau. L’idée est de marcher malencontreusement sur un râteau et de se le prendre en pleine poire. C’est ce que je vis quotidiennement avec les hommes et dans la vie en général. Pour une raison qui échappe à toute logique rationnelle, je n’ai pas de bol ! Même mon horoscope dont je me languis des prédictions est contrecarré par le mauvais sort alors qu’il me prédit régulièrement une rencontre déterminante ou une promotion fulgurante ! Apparemment je suis atteinte du syndrome de la L.E.M.

Non cela ne signifie pas  « l’épée magique », ni « l’envoûtement maléfique ».

C’est la loi de l’emmerdement maximum ! La jumelle de la loi de Murphy !

La loi de Murphy, c’est cette loi dévastatrice, ce principe immuable de l’univers qui génère :

La loi des ustensiles cachés : un objet sera trouvé en dernier dans le seul endroit où il n’aura été cherché.

La constante de la tartine en déconfiture : toute tartine qui tombe, tombera toujours du côté du beurre.

Le principe de la culpabilité mesurée : la probabilité de croiser quelqu’un de ta connaissance augmente lorsque tu es avec une personne avec qui tu ne souhaites pas être vu.

L’observation de la malédiction du parking : c’est lorsque que tu t’es garé à deux km de distance que plusieurs places se libèrent juste en bas de chez toi. 

La loi du jet : c’est seulement après que l’hôtesse a servi le café que l’avion traverse une zone de turbulence.

Pour finir en beauté avec la loi de la mite d’or : plus manteau cher en fourrure tu auras, plus la mite te le taillera (négligeant bien entendu le vieux pull en laine d’à côté).

Toutes ces lois résumaient terriblement bien l’histoire de ma vie. J’avais la poisse, la guigne. Il ne m’arrivait que des tuiles. Apparemment c’était génétique. Ma mère avait toujours été torpillée par la fatalité enchaînant les désillusions et on avait dit à ma grand-mère: vous n’avez tellement pas de chance que si vous décidiez de vendre des chapeaux, les gens naîtraient sans tête. Pourtant, étant d’une nature optimiste je ne m’étais jamais laissé abattre par les mauvais tours que me jouait le sort. Je restaisconvaincue que je faisais partie des élues et que la roue se devait de tourner ! Mais apparemment pas…

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