PLUS SIMPLE QUE DE VOLER

filo

SYNOPSIS

C’est le film qu’une jeune femme est en train de vivre, tandis qu’elle découvre que le bonheur n’est que la conquête de soi. C’est l’apprentissage de Anna à voler sur les ailes de son expérience et de comprendre que l’amour n’est que le courage d’accepter son histoire et de la partager avec les autres.

LE DEBUT…

Sc.1 Un jeune homme lit un livre sur son lit, devant lui une jeune femme se déshabille. Rien d'érotique, au contraire, la fille enfile un tee-shirt informe et s'apprête à rejoindre le lit. MARCO pose son livre sur ses genoux et lui dit : “Anna je ne suis plus amoureux”.

DEUX MOIS PLUS TARD.

Sc.2 ANNA a une discussion animée avec un vendeur de valises, elle cherche un trolley résistant qui ne l'abandonnera pas au premier trottoir. Un trolley bien fait, robuste, qui pourra au besoin transporter des charges importantes. Le vendeur lui répond que, grosso modo ce sont tous les mêmes, et que, même lorsqu'ils affichent “made in Italy” ils sont d'une manière ou d'une autre tous faits en Chine. Maintenant ils ne durent plus que le temps d'un voyage. C'est quasiment une mode que d'en changer à chaque fois. “Moi je ne suis pas de celles qui suivent la mode, et puis je cherche quelque chose qui dure dans le temps” lui rétorque Anne. Le vendeur de valises la laisse parler, ça ne l'intéresse pas vraiment ce qu'elle raconte cette nana maigrichonne... par contre il aimerai bien lui vendre quelque chose. Il s'éclipse dans l'arrière-boutique puis en émerge armé d'un vieux modèle pas vraiment à la mode mais a l'air plutôt costaud. Ni une ni deux, Anna règle et sort de la boutique tirant derrière elle le chariot verdâtre.

Sc.3 Anna est assise dans un café, à coté d’un couple de « tourtereaux ». Son carnet à la main, elle annote discrètement la conversation. Les deux amoureux s’en aperçoivent et irrités, s’éclipsent. Anna un peu honteuse bredouille quelques justifications au serveur qui a suivi la scène. Elle avale en vitesse son cappuccino, saisit sa valise et se fraye maladroitement un passage entre les tables de la terrasse.

Sc.4 Le jour baisse et Anne se dirige vers la maison. Elle s’arrête pourtant devant un grand portail et semble se perdre dans une mer de souvenirs. La concierge, depuis sa loge minuscule, s’en aperçoit et s’approche du portail. Anna se remet en marche et s’éloigne rapidement, comme en fuite. La femme n’a pas le temps de la reconnaître. Qui est Anna ?

Sc.5 Anna entre dans un appartement, tirant bruyamment sa charge. C’est la maison de LIDIA, sa meilleure amie de toujours, qui l’héberge depuis quelques mois, qu’avec Marco c’est fini. Anna trouve son amie dans la chambre, immobile, assise sur un tabouret et fixant le mur : Une centaine de photos et autant de post-it pour les commenter, à la manière d’une bande dessinée géante. « Qu’es-ce que c’est ? Une œuvre d’art ? » Anna pose son bagage et s’assied à côté de son amie. Elles restent assises un court moment en silence puis brusquement Lidia s’exclame d’un ton réprobateur. « Qu’es-ce que c’est que ça, Anna ? » « Ben, ce sont les notes pour le livre » Anna sort son petit carnet couvert de gribouillages et le montre à Lidia. « De qui tu te moques ? Ça c’est ton histoire avec Marco. Tu passes ton temps à fabuler sur comment le récupérer. Je comprends ta souffrance, mais là ça fait des mois que tu n’écris pas et dans deux semaines tu dois consigner ton bouquin. Il n’y a pas que l’amour Anna, tu dois aller de l’avant. Ce concours c’est une énorme occasion, à moins que tu ne préfères passer ta vie a corriger les coquilles, dans les livres des autres ! » Anna écoute, silencieuse. Ça a toujours été comme ça entre elles, Lidia bosseuse, patiente, ordonnée, Anna bordélique, dissipée, et rêveuse. Lidia forte, Anna faible. Lidia sure d’elle, Anna amoureuse. « Ce n’est pas seulement l’histoire de Marco, c’est aussi l’histoire de mon livre. Il est presque terminé, il ne me manque plus que la conclusion. » Puis Anna se tait, elle ne sait soudain plus quoi dire. « Les histoires ne sont pas identiques, mais elles sont liées. Sans l’une, l’autre n’existerait pas. » Puis Lidia se lève et s’en va. Anna, debout devant le mur de photos commence à les détacher une à une, en silence, puis à les mettre dans son cabas ainsi que tous les autres souvenirs éparpillés dans la pièce.

Sc.6 Ce soir-là, les deux amies se préparent à passer la nuit ensemble dans le grand lit, comme elles ont fait tout au long de ces derniers mois. Demain Anna emménagera dans le vieil appartement de la grand-mère. Chez Lidia c’est trop difficile de vivre à deux. Anna arrive dans la chambre les bras chargés de tous les coussins qu’elle a réussi a trouver dans la maison. Ensuite elle les dispose sur le lit, comme lorsqu’elles étaient enfants. Lidia sort de la salle de bain et, voyant la pile de coussins, imagine que son amie est cachée dessous. « Qu’es-ce que tu fais bécasse ? où es-ce que tu te caches ? » crie-t-elle avant de se jeter sur le lit en riant. Mais personne ne se trouve sous les coussins et Lidia est visiblement déçue. Anna adossée contre l’armoire la regarde, sérieuse.  « Tu vois que les choses ne sont pas toujours ce qu’elles semblent êtres ? » Lidia secoue la tête, mais Anna se remet à parler « Merci, sans toi ma vie aujourd’hui ne serait pas ce qu’elle est ». Lidia, surprise, lui répond « Je ne comprend pas, qu’es-ce que ça veut dire ? », Anna « Tu le sais bien… » Lidia fait un joli sourire puis se tourne et éteint la lumière. Dans la pénombre Anna lui pose une dernière question. « Qu’es-ce que tu en penses Lidia ? Tu crois vraiment que je suis en train de tout inventer ? » Lidia ne répond pas.

Sc.7 En voiture avec Lidia. Elles s’apprêtent a se garer devant le grand portail de Piazza Vittorio. « C’est celui-ci l’appartement? » S’enquiert Lidia, curieuse, la tête sortie par la fenêtre. Anna répond à mi-voix, visiblement troublée. Dans le coffre il y a deux valises, Lidia aussi doit s’absenter pour quelques jours. « Tu est sure d’y arriver toute seule ? » « Oui, ne t’inquiète pas, cette maison je la connais comme ma poche » « D’accord… Sache quand même que si tu ne te la sens pas de dormir toute seule dans cette vieille maison, tu est toujours la bienvenue chez moi. » Anna serre fort Lidia dans ses bras et s’éloigne.

Sc.8 La lourde porte de bois se ferme créant une barrière entre Anna et le monde là-dehors. Le silence se fait épais, et pendant un instant tout semble comme suspendu. Jusqu'à ce qu’Anna s’exclame « Merde ! et maintenant je fais comment ? » Là dedans il fait nuit noire et Anna ne sait vraiment pas comment s’y prendre pour s’orienter. Quelques secondes s’écoulent puis, comme par la grâce de dieu, la lumière arrive du ciel. Ce n’est que l’ascenseur, mais c’est suffisant pour se repérer, et faire les quelques pas qui la séparent de la boîte lumineuse, puis attendre que quelqu’un en sorte. Mais il ne se passe rien et Anna décide de jeter un coup d’œil à l’intérieur.

Sc.9 L’ascenseur est tout habillé de bois avec une banquette en cuir. On dirait l’intérieur d’un vieux train, style Orient Express. Il y a, assise sur la banquette de bois, une petite fille, qui ne semble avoir aucune intention de descendre. Ni de bavarder. Anna entre et s’assied elle aussi « Salut, je suis Anna. » « Salut » répond la petite fille sans se présenter. Grincements métalliques, respiration asthmatique de la petite. Lorsqu’elles arrivent au sixième et dernier étage, Anna descend et s’attend à ce que sa voisine en fasse autant. Mais encore une fois, la petite ne semble pas décidée à sortir de sa cage de bois, et une fois les portes closes, l’ascenseur la remporte vers le bas.

Sc.10 Ce n’est qu’une fois entrée dans son appartement qu’Anna prend conscience de l’étendue de sa solitude. Immergée dans le silence, dans la pénombre, dans le vide, Anna reste immobile adossée à la porte qu’elle a à peine refermée derrière elle. Elle cherche l’interrupteur pour la lumière, l’actionne, regarde autour d’elle, puis l’éteint de nouveau. Elle reste comme ça un petit peu, dans le noir, et puis elle allume, et éteint encore. Jusqu’à ce qu’elle se décide à laisser la lumière allumée et à ouvrir les yeux pour regarder autour d’elle.

Sc.11 La maison semble être la demeure de fantômes, entièrement recouverte de draps blancs. Anna se dirige machinalement vers le fond du couloir et s’arrête devant une porte close. Elle semble y réfléchir un peu, puis saisit une boîte en carton qui se trouve à ses pieds. Elle en extrait une petite pancarte de carton ou figure, tracée d’une main d’enfant, l’inscription INTERDIT D’ENTRER. Anna l’accroche à la poignée puis s’éloigne sans même ouvrir la porte.

Sc.12 Dans le salon sombre, assise sur le drap blanc qui recouvre encore le divan, Anna regarde autour d’elle. Cela fait des années qu’elle n’a pas mis les pieds dans cette maison. Au même instant Lidia laisse un message sur le répondeur : « Prends bien soin de toi, je t’appelle dès que je rentre. Il faut qu’on parle de quelque chose d’important».

Sc.13 Anna fait le tour de la maison. Dans la chambre de grand-mère, elle retire les draps du lit, du miroir et de l’armoire. Après avoir vidé sa valise, une boîte à la main, elle se dirige vers le salon encore tout couvert de draps blancs. Dans cette boîte il y a les post-it qui étaient collés dans la maison de Lidia. C’est son livre, c’est son histoire d’amour avec Marco. Elle les recueille et commence à recomposer sur le mur blanc de la pièce toutes les étapes de son histoire d’amour. Chaque phrase fait remonter à la surface le souvenir d’une scène d’amour. Anna entend les chansons et sent les parfums. Des photos comme des portes dans le temps

Sc.14 Anna craque, elle pleure à gros sanglots, elle se défoule de toutes les tensions de ces derniers jours. Elle ne voudrait pas pleurer, mais ça fait des années qu’elle ne s’était pas sentie aussi seule… Elle respire profondément pour essayer de se calmer, sans grands résultats, quand tout d’un coup une voix qui provient du dehors se fait entendre : « Pourquoi est tu si triste Anna ? » Anna écarquille les yeux et attend, pétrifiée. Elle ne pleure plus. Après quelques secondes elle décide de s’approcher lentement de la fenêtre et craintivement sort la tête au-dehors. Il y a quelqu’un caché sur le balcon?

Sc.15 Une fois sur le balcon, elle ne distingue rien d’autre qu’un GOELAND, perché sur la balustrade. Anna le regarde puis se penche en avant pour voir s’il y a quelqu’un à l’étage du dessous, ou bien quelqu’un sur la terrasse. Mais elle ne voit personne, aucun signe de vie, hormis le goéland, qui n’a d’ailleurs pas l’air farouche du tout. Il reste là, impassible, sur le rebord du balcon. Anna, un petit sourire au coin des lèvres, s’approche du volatile, le regarde dans les yeux et lui dit : « C’est toi ? » L’oiseau siffle, ouvre les ailes et s’envole au loin. Anna se retrouve toute seule sur le balcon. Elle s’allume une cigarette et la fume, perdue dans ses pensées.

Sc.16 Le matin suivant Anna se réveille dans la vieille chambre de mamie. Les quelques rayons de soleil qui parviennent à traverser les volets donnent un aperçu de la pièce, on dirait un bazar. Poupées assises sur les armoires, tentures colorées sur les parois, livres, un nombre incroyable de livres de partout. Anna qui somnole encore entends la musique du vieux carillon. Somnolente, elle se tourne et se retourne dans son lit jusqu’à tomber nez à nez avec sa propre image, reflétée dans le miroir de l’armoire. Du coup elle se souviens d’elle, de tout. Elle se lève rapidement, se saisit d’un drap blanc et recouvre le miroir.

Sc.17 Alors qu’elle sirote son café allongé dans la cuisine, le premier de la journée, elle semble gonflée d’une énergie toute nouvelle. Quand tout à coup on entend un hurlement en provenance des escaliers. A peine Anna ouvre t’elle la porte qu’elle est frappée au visage par un relent d’oignon frit. Son visage dessine une grimace et instinctivement Anna se met a couvert derrière la porte. Mais L’HOMME QUI HURLE ne tarit pas et Anna, pieds nus, le nez dans la tasse de café, décide de descendre les escaliers pour comprendre ce qu’il se passe. Arrivée au cinquième étage, elle s’arrête, perplexe. Une porte close, scellée par une grosse chaîne, attire son attention. Anna regarde autour d’elle, se sent observée, regarde derrière, puis hésitante, lance un : « Il y a quelqu’un ? ». Mais aucune réponse ne se fait entendre. Alors elle continue à descendre vers l’homme qui hurle. L’ascenseur est bloqué de telle manière qu’il est impossible de voir le visage de l’homme, qui, aux prises avec une panique terrible, lui avoue souffrir de claustrophobie. Anna prend la situation en main et lui propose d’aller appeler à l’aide depuis son téléphone fixe. Mais lui, rejette la proposition d’un long hurlement. Si elle s’en va, c’est la fin. Seule la voix rassurante de quelqu’un, ici, toute proche, peut l’empêcher de craquer. L’homme au contraire demande à Anna de se servir de son propre téléphone portable pour envoyer un sms d’appel au secours. Il a déjà préparé le texte, il suffit de l’envoyer, mais ici, dedans, malédiction, il n’y a pas de réseau. « Il suffit que vous vous approchiez d’une fenêtre et que vous l’envoyiez ! » « D’accord, pas de problème ». Il ne reste plus qu’à échanger le téléphone. A peine ont ils réussi à se mettre d’accord qu’on entend un bruit de pas qui se rapproche. Un HOMME AUX YEUX DE GLACE émerge lentement de la cage d’escalier. Les cheveux un peu gluants et vraiment aucune trace de sympathie sur le visage, il s’approche et se plante devant Anna. Elle, passablement mal à l’aise, retire la main qu’elle avait tendue vers l’inconnu de l’ascenseur et croise les bras sur sa poitrine comme en signe de protection. Anna, pieds nus, se sent complètement vulnérable. L’homme ne dit pas un mot. Anna aussi reste muette pendant que l’homme aux yeux de glace la scrute de haut en bas, lui tourne autour, l’observe comme s’il s’agissait d’une bête étrange. Puis, sans dire un mot, l’intrus s’en va. Anna n’a pas encore bougé que le prisonnier claustrophobe recommence à s’agiter. Alors elle tend de nouveau le bras vers l’ascenseur immobile et voit venir à sa rencontre une grande main noire crispée sur un petit téléphone. C’est une main forte, celle d’un jeune homme, elle est ornée d’un magnifique bracelet d’argent. Anna s’apprête à saisir le téléphone quand tout d’un coup, d’un mouvement vif et sec, la grande main noire lui saisit le poignet. Anna hurle. L’homme s’excuse immédiatement et lui demande sur un ton implorant de ne pas cesser de parler : « Dites quelque chose, même les tables de multiplications si vous voulez, mais j’ai besoin de vous entendre parler ». Anna a du mal à rester calme, elle sent, fragile, mille émotions l’envahir. Pour tenir compagnie à cet homme, et presque sans s’en apercevoir, elle commence à raconter son histoire.

Sc.18 Qu’es-ce qu’elle fait là, assise sur les escaliers, à bavarder toute seule ? Quelques mois plus tôt, c’était une femme heureuse, amoureuse et ambitieuse. Anna, assise sur une marche, raconte tout ce qui lui passe par la tête, à cet inconnu sans visage : « J’ai habité ici pendant 17 ans.

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