'Cherche coquillage pour relation durable'* à Isla Mujeres

Inespéré.

C'était absolument inespéré, mais il avait enfin trouvé la perle rare. Après tout ce temps passé à parcourir les offres en vain, la maison coquillage était apparue. Sur les photos, la conque blanche se découpait sur un ciel bleu électrique, flottant dans une masse d'air pur. La rondeur des formes et des ouvertures, des fenêtres aux portes, laissait présager les moments de douceur qu'il passerait en sa compagnie, dans cette demeure faite pour elle. La piscine était certes un peu petite à son goût: il ne pouvait ignorer que les exigences de la femme qu'il aimait étaient à la hauteur de sa beauté, mais il n'avait pas le choix, jamais il ne trouverait plus proche de ses attentes. 

Il l'avait rencontrée un soir de tempête, et devant la fureur des éléments, avait promis de tout mettre en œuvre pour qu'ils puissent se retrouver. Le moment était venu, l'endroit choisi. Il se réjouissait d'avance, bien que ses amis aient ri en voyant ce palace au goût douteux. Rien n'ébranlait sa foi, tout était parfait selon lui: tout, de la blancheur virginale des murs aux tourbillons dessinés au sol, en passant par les coquillages et poissons essaimés dans chaque pièce, tout lui plairait, il en était certain. Comment pourrait-il en être autrement? 

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L'heure approchait et elle bouillait d'impatience. Il lui avait promis la lune, elle n'en demandait pas tant : elle voulait juste changer d'air, fuir ce monde qui l'étouffait. Il avait été séduit par son charme, lui qui n'en avait aucun, mais lui ou un autre, quelle importance. Elle ignorait tout du lieu de leurs retrouvailles, il lui avait simplement dit vouloir la surprendre et elle ne s'était guère posé de question, étant prête à tout pour partir loin.

Elle avait conscience des difficultés de ce projet, mais elle s'imaginait déjà, courant au-delà de vertes vallées, grimpant aux sommets de montagnes enneigées, ou encore pourquoi pas, vivant au cœur de tours immenses, environnée de milliers d'êtres humains. Peu lui importait, tant que jamais elle ne revoie ce monde qu'elle abhorrait.

Sortie de sa rêverie, elle regarda avec mépris une étoile posée sur le sable auprès d'elle. Puis, d'un coup de queue rageur, remonta vers la surface pour observer la terre ferme au loin, promesse de sa nouvelle vie.

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 *Titre tiré de 'Aphorismes sous la Lune et autres pensées sauvages' de Sylvain Tesson