Chez Nini
Yves Montmartin
Les jours de tempête, Jo et la bande se replient dans la salle du bar situé à l'entrée du village. Il y a un baby-foot et un flipper. Parfois, Nini, la patronne intervient pour calmer leur enthousiasme qui gêne un peu les joueurs de cartes.
Le bar d'Eugénie «Chez Nini» éclaire la nuit, comme le phare qui indique l'entrée du port, il signale au voyageur qu'il arrive au village. Le promeneur surpris par la pluie, le chasseur qui prend un café avant de se rendre à la battue au sanglier, le pêcheur qui embarque tôt le matin pour surprendre le poisson et qui rentre bredouille et raconte le bar énorme qu'il a raté de peu, tout ce monde se croise, s'interpelle, se bouscule, se dispute parfois, mais sans conséquence. De toute façon, Nini sait faire taire celui qui élève un peu trop la voix.
Nini a toujours vécu dans ce bar, d'ailleurs ses parents l'ont baptisé « chez Nini» peu après sa naissance. C'est sa maison, elle apprend à lire et à compter sur une table près du comptoir où son père raconte ses histoires tandis que sa mère s'active dans la salle pour servir les clients. L'école ? Pour elle ce n'est pas une priorité, sa vie c'est le bar. Dès qu'elle sort du collège, elle rejoint la salle, plaisante avec les habitués, sert les bières et les chopines. Quand il manque un joueur pour la belote, elle s'installe à la table avec les trois autres. Tout le monde l'adore, tout le monde la respecte, c'est la fille des patrons, Nini, elle, elle sait qu'un jour elle sera la patronne.
Elle habite un modeste trois-pièces au-dessus du bar. Il y a deux chambres, la sienne, l'autre c'était celle de ses parents. On y accède par un petit escalier situé au fond de la salle, près des toilettes.
Chaque jour Nini ouvre à 6h30, quelle que soit la saison. À peine a-t-elle ouvert la porte, deux ou trois clients arrivent pour prendre le journal et boire le premier verre de la journée. Il est bien rare de la voir fermer avant minuit. Parfois, elle est quand même obligée de mettre à la porte un ou deux vieux célibataires qui sont venus noyer leur solitude. Dans la salle il y a un poste de télé, pas un écran plat, comme on voit aujourd'hui dans les salons, non un bon vieux poste qui pèse son poids. Il n'est pas rare que certains viennent regarder les grands événements. Jo Le Gourrierec se rappelle que c'est ici qu'il a bu sa première bière en regardant la victoire de Guy Drut le 28 juillet 1976, aux Jeux olympiques de Montréal.
Attachante Nini, comme son bar. Une nouvelle qui plairait, sans nul doute, à Jean-Pierre Pernaut.
· Il y a plus de 6 ans ·Louve
ça a l'air sympa comme bistrot, c'est où?
· Il y a plus de 6 ans ·arthur-roubignolle
ça a l'air sympa comme bistrot, c'est où?
· Il y a plus de 6 ans ·arthur-roubignolle