Chronique des années 90

_wendy_

Souvenir des 90's

J'ai aimé grandir dans les années 90. Aujourd'hui, je me demande comment je pourrais vivre sans une connexion Internet. Mais à l'époque, je m'en passais très bien. J'avais le nez plongé dans les bouquins, je lisais le Club des cinq, on achetait la collection livre par livre, à cinq francs pièce,  dans un magasin d'antiquités. Et aussi Fantômette, qui fût adaptée à la télé, je trouvais la série passablement mauvaise, les acteurs jouaient très mal.  J'ai dévoré les Chair de poule et je suis tombée amoureuse du roman d'A. Curtis Klause intitulé La solitude du buveur de sang, écrit en 1990 et paru en français en 1994.

J'ai connu les cassettes VHS, je visionnais tous les Walt Disney en boucle, le magnétoscope fonctionnait régulièrement , surtout le soir après l'école.

J'ai connu les cassettes audio, un jour j'ai demandé une chaîne faisant aussi karaoké et un micro pour m'enregistrer car j'ai toujours adoré chanter, il me reste encore des cassettes contenant mes reprises de Céline Dion. J'avais quasiment tous les CD de cette dernière. J'ai connu Mylène Farmer à l'époque où ses tubes étaient très bons, pas comme ceux de ces dernières années, assez déplorables. Même si Kate Bush correspond plus aux années 80, grâce à mon père j'ai pu découvrir sa voix sublime.

Je dessinais sans cesse. A l'école, à la maison…On est en 2013 et je ne me suis toujours pas mise à la tablette graphique, je suis restée assez traditionnelle : papier, crayons, aquarelle.

On a eu notre premier ordinateur en 95 ou 96, j'ai donc connu Windows 95. On n'a du avoir une connexion Internet qu'en 1999 ou en 2000, et encore, ce n'était pas le haut débit ! En plus, il y avait un temps d'accès limité ; mon frère, futur geek, le claquait à lui tout seul, et un jour, il l'a dépassé, bonjour la facture ! Je suis contente de ne pas avoir été pré-ado puis ado à l'époque des réseaux sociaux. Bouc émissaire de ma classe, j'eus eu droit en sus au harcèlement numérique.

Ma première console de jeux vidéos, ce fut la Game Boy, la grosse, lourde, grise, en noir et blanc ; mon premier jeu, Tétris. On nous offrit une Séga Méga Drive un Noël. J'ai passé des heures de ma vie à jouer à Sonic the Hedgehog.

On n'avait pas de portable, il fallait donc utiliser le téléphone familial, fixe, pour appeler les copines. Impossible de regarder des vidéos dans le bus, on se contentait de discuter, de déconner un peu. On s'achetait des magazines pour ado, et j'étais jalouse de la peau sans défaut des jeunes filles qui faisaient la couverture, moi qui subissais les inéluctables poussées d'acné juvénile. J'ignorais totalement que leur photo était retouchée. A l'époque, ça ne faisait pas débat.

Dans la cour, en primaire, on jouait avec les Babies, ces petits bébés aux langes fluo, on collectionnait les fausses tétines et les dauphins en plastique translucide, on a eu la folie des POGs, ces petits disques en carton imagés qu'il fallait retourner en frappant une pile avec un disque de même taille en plastique, plus épais.

Je ne m'intéressais pas tellement à ce qui se passait dans le monde à l'époque. Je n'ai pas suivi la politique, le contexte économique, les relations internationales. J'ai vaguement entendu parler d'une guerre à Sarajevo. En France, on a eu Mitterrand puis Chirac, j'entendais tout le monde parler de la gauche et de la droite mais pour moi ça ne voulait pas dire grand-chose. Les impôts et les taxes étaient trop élevés, les humoristes Les Inconnus en ont d'ailleurs fait un clip ultra drôle, grimés en vampires.

On parlait beaucoup du Sida. Y compris en cours de biologie. Le débat sur la théorie du genre n'était pas au programme, d'ailleurs on évoquait que le coït hétérosexuel. J'ai considéré l'homosexualité comme contre-nature à cette époque. Sur ce point j'ai bien changé.

Mis à part quelques gamines, on n'était pas habillées en lolitas. La tenue de base était jean - tee-shirt / sweat - doc martens / baskets, des vêtements de marque si possible. Je ne me rappelle pas avoir vu des camarades de 13-14 ans porter des chaussures à talon. Ni des strings. Peu d'entre nous se maquillaient avant l'âge de 16 ans.

L'anorexie  a toujours existé, mais il n'y avait pas le phénomène des pro-anas et la maladie n'était pas surmédiatisée. J'ai découvert l'existence des troubles du comportement alimentaire (la boulimie, plus spécifiquement) en visionnant par hasard un téléfilm sur l'histoire d'une jeune femme boulimique, j'étais à la fois fascinée et choquée. Plus tard, vers quinze ans, j'ai lu le Pavillon des Enfants Fous de Valérie Valère et j'ai découvert l'anorexie mentale.

Je piquais les vieux bouquins de psycho de ma mère dès l'âge de douze ans, et je découvrais enthousiaste les différentes névroses et psychoses et la complexité du mental humain.

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