Cinéma américain versus britannique
Hervé Lénervé
L'enquêteur américain est pugnace, obstiné et intrépide. Il mène un combat acharné contre le grand banditisme, il ne compte pas ses heures, il est totalement investi dans son obsession à combattre le mal, il est manichéen. Il essuie des coups de feu, des coups de poings et des points de côté à courir comme un dératé après des malfrats. Mais cela n'est rien, car après avoir affronté, au péril de sa vie, des truands retords, sans morale, ni vigogne, non, vergogne, il doit se taper les critiques de sa hiérarchie qui ne voit, dans la direction de l'enquête, qu'une perte de temps. Les chefs n'ont jamais la même opinion que leurs subordonnés et cela se passe en engueulades incessantes, en rapport de force entre celui qui voudrait seulement faire son boulot de justicier et le chef qui répond à des directives politiques. Bref on retrouve toujours ce conflit récurant aux States.
L'enquêteur britannique, culture flegmatique oblige, ne connaît pas de tels déboires. Généralement, il est appuyé par une hiérarchie compréhensive et à l'écoute des difficultés de ses personnels. Le détective mène son enquête à coup de réparties subtiles et de bonnes manières, So british ! Il est perspicace, instruit et réfléchi.
Sur le terrain, hors enceinte administrative, de grandes divergences existent aussi. L'Américain doit faire crisser les pneus de son crossover dans des poursuites interminables, invraisemblables et rocambolesques. Sauter de gratte-ciels sans parachute et retomber sur ses pattes comme une blatte, à cause d'une grève des chats, le tout en tirant avec une arme de poing sur une cible en mouvement, qu'il blesse quand même, mais ne tue pas complètement ou par inadvertance seulement. Mais, le plus déterminant ce sont ses biceps qui font la différence dans des combats à mains nues contre une meute de salauds armés jusqu'aux dents du fond ; fusils-mitrailleurs, lances flammes, tires rockets et chars d'assauts dernières générations.
Tandis que notre dandy anglais, a oublié son arme de service à bouchon dans son tiroir, peu importe, il n'aura jamais à s'en service, tout se passe dans l'intrigue et le dialogue.
Et puisque, l'on parle d'intrigue, là aussi la différence est notable. Le scénario britannique est crédible, bien ficelé et cohérent. Les Américains doivent se débrouiller avec un grand n'importe quoi comme scénario, pourvu que cela bouge dans tous les sens, l'honneur est sauf et on peut entamer l'hymne américain à chaque plan, un drapeau étoilé en tapisserie.
L'écriture chez les roastbeefs est plus léchée, elle tient compte d'une dimension absente chez ses concurrents ; l'homme et sa vie de chien. Bref une psychologie que l'on peut subodorer à l'aune de sa propre connaissance intuitive de l'être humain dans son quotidien, si on oublie l'agent 007, qui est un style à lui tout seul, entre fantasmes et fantasmes.
Maintenant comme il en faut pour tous les goûts et les couleurs dans une gastro-peinture, il n'y aura pas de vainqueur, chez moi et sans vainqueur, le vaincu a mauvaise mine. Mais dans le cinéma ce sont toujours les Américains qui marchent sur la Lune, c'est ainsi, le marché du fric est toujours du côté du plus costaud.
La prochaine fois, on abordera la rivalité ; panse de brebis farcie au gin tonic contre hamburger au coca koala sucré.
C'est pour ça que j'aime bien le capitaine Marleau arfff Sinon, il y a Rowan Hadkinson dans Johnny English ou ceci que je trouve excellent : http://www.allocine.fr/video/player_gen_cmedia=19552457&cfilm=222369.html
· Il y a environ 7 ans ·daniel-m
Je trouve que Marleau en fait trop, mais je ne regarde pas souvent la série, il faudrait que je sois plus assidu pour avoir une idée plus approfondie. J’ai visionné ton lien, hilarant !
· Il y a environ 7 ans ·Hervé Lénervé
Bien vu, mais l'inspecteur Columbo alors? Bon ok, il est d'origine italienne et roule dans une vieille bagnole française, il est hors-cadre... ne correspond à aucun des archétypes de l'inspecteur américain en fait...
· Il y a environ 7 ans ·arthur-roubignolle
Une différence majeure pour rester dans la comparaison, USA- Grande Bretagne. Chez Colombo le spectateur connait d’emblée le coupable et se délecte du machiavélisme de l’inspecteur pour le confondre. Chez Agatha Christie, le lecteur doit le découvrir en même temps que les détectives.
· Il y a environ 7 ans ·Hervé Lénervé
« Une vieille bagnole française », d’où cette réplique récurrente de Colombo quand il s’adresse à des coupables fortunés américains, qui roulent en haut de gamme allemand. « Moi, aussi, j’ai une voiture européenne. » Grandiose ! Quand on voit toute la condescendance dans l’expression des nantis à toiser la vieille Peugeot 403 cabriolet et toute déglinguée.
· Il y a environ 7 ans ·Hervé Lénervé
Oui, l'originalité de cette série Columbo, hormis la personnalité de Peter Falk, c'est que tu connais l'assassin, tu le vois même tout préparer de façon machiavélique, et tu te dis que c'est le crime parfait. Mais Columbo arrive, avec sa dégaine de clochard et son air idiot...
· Il y a environ 7 ans ·arthur-roubignolle
Un régal ! Chez lui, ce n’est pas l’intrigue qui compte, c’est la psychologie des personnages, la nature humaine en somme.
· Il y a environ 7 ans ·Hervé Lénervé
Lu et approuvé :)
· Il y a environ 7 ans ·Mario Pippo