Cinq secondes - doux songe.

hemalia

Une brève rencontre pleine de promesse qui ne peut se fondre qu'en un doux songe.

Quand on croise un regard, il nous suffit de trois secondes: une seconde pour se rendre compte de cette électricité dans l'air, une autre pour être proche et une dernière pour se conforter dans cette sensation de plénitude. Cela fait trois secondes. Trois secondes durant lesquelles le regard croise l'autre, ne le quitte plus avant la proximité et glisse lentement vers les lèvres. Cela fait trois secondes. Ce qui a précédé n'existe plus, juste le moment présent, les trois secondes puis cet instant en suspens, son souffle rauque qui caresse les joues, les lèvres humides et son regard qui passe de tes yeux à tes lèvres, s'attardent longuement sur elle. Puis la quatrième seconde arrive et...

- Là, soufflais-je. Tu l'as senti?

Il ne répond pas, toujours bloqué dans cet instant où sans doute ne m'a-t-il pas entendu. Ses lèvres s'étirent en un magnifique sourire et je sais qu'il a bien entendu. Il garde cette distance, lève la main, la remonte jusqu'à ma joue et pas une seconde il ne me touche. Pourtant ma peau me brûle, se languit encore de cette sensation.

- Tu l'as sens? Me renvoie-t-il ma question.

Sous le coup de la surprise, mon cœur rate un battement. Je suis encore accrochée à ses lèvres qui m'ont susurré cette question...

- Tu les a senti, ces trois courte secondes?

Mon corps s'embrase et je ne souhaite qu'une chose, qu'il scelle ce baiser qui, je le sais, ne sera qu'exquis. Mais il n'en fit rien, attrapant une de mes mèches, les enroulant entre deux doigts, ma peau jalouse de cette attention. Puis, il s'écarte, lentement, ne me quittant pas du regard et disparaît comme un songe.

La musique précédemment oubliée emplie de nouveau la chambre et mon geste en suspens ne l'est plus. Je finis de passer ma veste et m'empresse de quitter la chambre espérant le rejoindre. Mais il a déjà disparu.

Un songe - Cela ne pouvait être que cela.


Un... Deux...Trois...

Assis en face de moi, il me fixe du regard tout en sirotant ce que je devine être un café. Il est plus soigné que la veille et je sais maintenant que mon songe n'en était pas un. Tous ses gestes, je le sais me sont destinés. Je regrette cette table qui nous sépare. Je ferme les yeux, savourant cette électricité entre nous quand je les sens enfin. Le pianotement de ses longs doigts fins sur ma nuque qui remontent légèrement jusqu'à mon menton pour l'incliner. Une douce chaleur qui m'envole comme un voile et une brise qui vient caresser mon oreille gauche.

- As-tu rêvé de moi?

Oui, je l'ai fait. Mais je ne lui en dirais rien de peur de briser cette osmose. Je le sens sourire dans mes cheveux et la seconde suivante, je le sens mordiller mon lobe, mon corps se contractant. J'ouvre de nouveau les yeux. Il n'est plus derrière moi, mais à nouveau assis en face de moi. Son geste en suspens, sa bouche formant un "o", les yeux totalement dilatés. Il sait - Mon rougissement l'a peut être mis sur la voie - mais il sait. Ses lèvres s'étirent à nouveau en un sourire, il pose la tasse qu'il avait arrêté tout juste devant ses lèvres. Gribouille quelque chose sur une serviette qu'il pose par dessus son pourboire et s'en va.

La minute suivante, le serveur s'approche de moi après avoir récupéré le pourboire et me remet la serviette.

" - A bientôt dans un prochain songe..."

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