COLOGNE DU GERS
mylou32
COLOGNE DU GERS: Non non ce n'est pas une ville d'Allemagne l'eau lourde n'est pas ici non plus,celle du parfum non plus. Et pourtant un panneau indique Cologne 15 kms et j'attaque la montée avec entrain; de part et d'autre de la route des champs se succèdent, jaune pour le tournesol en alternance avec le vert du blé; et, oh! scandale, juste après la voie ferrée, du maïs et son eau gaspillée pour le faire pousser. Un carré rouge de sorgho se déploie en redescendant pour ensuite rencontrer un hameau, oh pas y passer! rien que le panneau sur la droite: «Le hameau St Martin» c'est le même nom que mon grand-pére maternel et je me sens un peu plus chez moi. Par un après-midi ,l'atmosphère est lourde de soleil, je l'avais visité ce hameau, avec sa rue principale et de chaque côté des maisons cachées par la verdure et closes par des blanches clôtures. Une maison en bois se construisait sur la gauche surplombant les collines colorées, avant de reprendre la grand route. Je n'étais pas encore arrivée! la grande descente se fait entre des bosquets d'arbres où bien souvent se cache une voiture banalisée qui photographie le chauffard impudent. Injuste descente qui incite à la roue libre et entendre les joyeux trilles des merles, et surtout cela donne l'élan pour entamer le long ruban d'asphalte qui monte pour arriver à Monbrun. On y entre par un ralentisseur dominé par deux maisons une hollandaise et l'autre anglaise, «eh oui! dis le Papy du village il n'y a qu'eux pour les acheter aussi chers les terrains! la crise ne les a pas encore touché! et puis que ne ferait un étranger pour vivre leur retraite dans notre belle contrée!» Juste après le ralentisseur, des cris d'enfants vous happent par la vitre baissée, c'est l'école et ses gamins aux joues rouges de trop courir. Ils sont solides sur leurs jambes, l'air de la campagne leur sied bien. En face quand la haie s'est dépouillée, l'hiver, il n'y a qu'une maison en contrebas de la route et oh! bonheur le passant curieux peut y distinguer sagement alignés sur une table des bonzaïs! rien que de les regarder on voyage au pays du soleil levant! je passe devant mon ancienne maison au volets bleus, elle est juste en face de la vierge que plus personne ne regarde mais d'un pratique pour les visiteurs désorientés. Devant le château classé on trouve sa clôture couverte de vignes rouges, avant l'église et ses rosiers rouges. Mais il faut encore continuer, passer devant le lac où se mirent les mouettes locales, des fois des petits bateaux à voile de son école animent la surface où quelques poissons chats frayant s'agitent en cercles concentriques. Enfin! en sortant de Saint-Criq je l'aperçois avec sa majestueuse église de pierre, je la vois de loin , entourée de verdures, des carrés et rectangles de champs bien délimités. Une ligne droite là aussi, mais le paysage vallonné est à perte de vue, le regard ne s'arrête pas, pas de mur en béton, pas d'immeubles...Que cette église, imposante: «Notre Dame de L'Assomption», mon regard s'accroche à elle et ne la lâche plus au fil des mètres parcourues elle devient immense et juste avant...je tourne sur la droite pour longer l'ancien lavoir sur le bord une bande enherbée, clôturée où paissent des oies grasses, leur foie trainant presque par terre. C'est la région! mais celles ci sont pour la décoration du site. Des canes et des canards les accompagnent, un coq laissé là aussi, je ne l'ai jamais entendu chanter, le sifflet à jamais coupé par son abandon, quelque âme bienveillante a mis à ses côtés une poule au cou pelé pour le consoler, à mon avis il ne chantera plus jamais! Le lavoir est aussi en pierre et on dit que quand le vent d'autan souffle, on peut entendre les lavandières battre leur linge en chantant dans une langue connue d'elles seules, et l'eau à ce moment là prend des teintes étranges, d'une couleur laiteuse...puis verte...puis rouille... Derrière se distinguent des maisons de village formant un grand arc de cercle en pierres elles aussi, comme posées là depuis des siècles. Une petite ruelle bordée de rosiers grimpants mène à sa place et ses arcades; au milieu trône une bastide du 14ème siècle, une halle ancienne surmontée d'un clocheton, des piliers en pierre puis en bois soutiennent le tout. Sous la halle des mesures à grains comme des auges en pierres elles aussi sortent des murs; Les cris des hirondelles, en fermant les yeux, nous amènent encore bien loin; des géraniums la magnifient, ses poutres patinées par le temps s'entrecroisent dans un ordre savant. La construction est belle, en la regardant je peux presque entendre les chevaux de l'époque, en la humant, deviner leurs chariots pleins de légumes pour la foire, les pavés savamment rangés résonnent de leurs sabots au rythme des harangueurs de foule, derrière un pilier ,fugace l'ombre d'une dame toute blanche vêtue, son ombrelle abritant une pâle figure. Les arcades qui entourent la place distillent une fraicheur bienfaisante sous le soleil écrasant de cet été , au fil de mes pas, la configuration des lieux se prêtent à la rêverie, je pressens ici et là les échoppes fermées des artisans, il ne restent que deux épiceries et leur dépôt de pain. Deux dames d'un certain âge assurent un bureau de tabac avec un chat obèse sur le comptoir, il quémande sa caresse si vous lui plaisez, sinon c'est un coup de patte sur la main aventureuse. En sortant c'est la clochette de la porte qui est aussi d'un autre temps désuète, surannée, on s'attend presque à voyager là aussi dans le temps, à repartir; Une banque, une pharmacie et la poste complètent le tableau et apportent une dichotomie à l'ensemble. Au bout d'une arcade, une enseigne de restaurant a mangé son pas de porte, il se veut chic mais à côté de la pharmacie il n'inspire que le touriste de passage!
Cologne et ses maisons à colombages
Village d'un autre âge,
Passants,arrêtez-vous
Amoureux des vieilles pierres
Touristes regardez nous
Avant que je ne sois poussière.
Moi je suis arrivée,
Bien avant vous je m'y suis reposée.
Et je vous dis «à bientôt»...